Si le GRIEME vous invite bien souvent à découvrir des épaves "significatives" de la Côte d'Albâtre, de Méditerranée ou bien d'ailleurs, il n'en demeure pas moins que notre attention se porte également vers de bien plus frêles esquifs tels que les canots de sauvetage.
Il est évident que compte tenu de la taille de ces embarcations, de leur matériau de fabrication et de leur fin tragique, il est assez difficile d'en retrouver des vestiges susceptibles de faire l'objet de plongées sous-marines. Faut-il pour autant les oublier ?
Nous avons choisi dans cette page, de vous présenter brièvement l'histoire du "Canot N° 4".... L'histoire d'hommes courageux, téméraires qui n'hésitèrent pas à mettre leur vie en péril afin de sauver d'autres vies !
"AUX BRAVES
SAUVETEURS
LA VILLE RECONNAISSANTE"
LE 26 MARS
1882
C’est l’inscription que l’on peut
lire sur la colonne de cet étrange monument entouré de 10 gisants aux écritures
effacées par le temps. Quel événement tragique c’est déroulé ce jour là ? C’est
la question que l’on se pose devant celui-ci, au milieu du cimetière de
Sainte Marie sur les hauteurs de la ville du Havre. La réponse se
trouve aux archives du fort de Tourneville, non loin de là, en partie
dans le journal de l’époque : « Le journal illustré du Dimanche du 9 avril
1882 ».
Une forte tempête sévit en Manche ce 26 mars 1882. Au Havre, le sémaphore vient de signaler un navire en détresse. En effet, fuyant la tempête, un sloop de pêche de Saint Vaast la Hougue, le « Vivid » s’est engagé dans l’estuaire de la Seine et devient vite inmaîtrisable aux abords des bancs de sable et de galets que forme le banc d’Amfard et sa Gambe.(Mentionné en rouge sur la carte ci-dessous)
En quelques minutes, Henri LECROISEY, le patron du bateau de sauvetage N°4 de la Chambre de commerce du Havre réunit dix lamaneurs.
Henri est né à Trouville le 9 mars 1839, il vient d’avoir ses 43 ans. Il y a là, avec lui, Edouard LEBLANC né au Havre le 11 février 1830, Paul DESSOYER né à Harfleur le 11 juin 1832, Ernest MONCUS né à Honfleur le 24 octobre 1828, Pierre OLIVIER âgé de 40 ans, Alphonse MENELEON 39 ans, René LEPREVOST 51 ans, Victor JACQUOT 36 ans, Edouard CARDINE 32 ans, Eugène VARESCOT 27 ans et Henri FOSSE, 23 ans.
Il est 10 heures du matin lorsqu’ils s’élancent courageusement dans les flots tourmentés au devant du sloop de pêche qui talonne sur le banc.
Tout à coup, un violent coup de vent surprend l’équipage du canot et renverse celui-ci, anéantissant brutalement les 30 minutes d’efforts héroïques qui viennent de s’écouler. Les 11 hommes vont mourir, la tête brisée par les flots furieux et étouffé par la vase. Quand au « Vivid », il périt défoncé sur le banc d’Amfard, emportant avec lui ses 6 hommes d’équipage, Georges Germain, Nicolas MAUROUARD, Adolphe LAVERGE, Louis LEPRESLE, Victor CERTAIN et Emile COLIN.
Plus de 100 000 personnes venant du Havre et des environs, mais aussi de Rouen et de Pont Audemer, assisteront aux obsèques à Notre Dame. Un monument sera érigé en l’honneur de ces courageux marins, monument transféré plus tard au cimetière Sainte Marie du Havre.