LE PROSPER SCHIAFFINO ou DONATOR
Mise à jour le
09-Jul-2017 20:40
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(D.R.)
LA PETITE TERRE ou DONATOR ou PROSPER SCHIAFFINO EN ESCALE AU PAYS DU GRIEME
La Petite Terre à gauche ou Donator, une épave mythique de Méditerranée lors d'une escale au port de Rouen
(Observez le mât caractéristique, aujoud'hui tombé côté bâbord de l'épave)
Source : Musée Maritime de Rouen -
HAROPA - Port de Rouen
(Avec l'aimable autorisation de la Direction de la Communication d'HAROPA en date du 7 juillet 2017)
EMPLACEMENT
A 1200 m du Petit Sarranier, îlot le plus au large de la pointe sud-est de l’île de Porquerolles, juste à côté de l’épave du SAGONA dit « LE GREC »
COORDONNÉES
42° 59’ 61 N
06° 16’ 54 E
PROFONDEUR
Le sable sur lequel repose l’épave est à 48 m à l’avant. Le pont du navire remonte jusqu'à 40 m et le point le plus haut (maintenant que le mât est tombée) est à 35 m
ENSEIGNURES OU AMERS
Vers l’ouest, en direction des Sarraniers, l’alignement est aisé :
- la dent de droite du petit Sarranier presque au niveau de l’eau, est alignée sur une curieuse tâche de végétation du grand Sarranier et le sommet de ce dernier. (A)Le Prosper Schiaffino repose au sud-ouest du Sagona
- vers le nord, les repères sont moins évidents : la Pointe de la Galère s’aligne sur le V immédiatement à gauche de la dent la plus à l’est du cap des Mèdes. (B)
ACCÈS PLONGÉE
Les ports d’embarquement ne manquent pas, Hyères (10,5 milles), Porquerolles (7 milles), La Tour Fondue (9 milles), Bormes Les Mimosas, Le Lavandou, mais tous sont éloignés du site. Alors on choisira une météo clémente.
CONDITIONS DE PLONGÉE
Une des plus belle plongée de
Méditerranée, mais aussi une des plus délicates : l’épave est profonde,
parcourue par un courant souvent insurmontable, éloignée des centres de secours.
L’ancre à tendance à riper sur ce fond de sable meuble, ou alors, si l’épave est
elle même crochée, à s’y coincer irrémédiablement.
C’est à ce moment que
l’on se rend compte qu’il faut se déhaler main sur main pour descendre, face au
courant, le long d’un filin qui vibre dans l’eau vive.
Si, par malchance, le
plongeur ne retrouve pas son mouillage pour la remontée, il sera contraint de
pratiquer ses paliers à la dérive, en pleine eau, et émergera parfois à
plusieurs centaines de mètres de son bateau.
Les malheureux plongeurs perdus sur
le Donator ne se comptent plus !
De plus, le site est très peu abrité
: par vent d’est ou de ponant la situation devient vite intenable.
Par
mistral, l’île de Porquerolles protège un peu l’endroit (c’est pour cette
raison, d’ailleurs, que les 2 cargos serrant à la côte pour se protéger, sont
entrés dans des champs de mines).
LA
PLONGEE
...
"Le Donator se dégrade
progressivement"
En effet, le GRIEME ayant plongé l'épave en Août 2002, nous vous signalons que l'hélice de secours située à l'arrière (sur le pont) de l'épave est en train de s'affaisser....
Le Prosper Schiaffino repose
droit sur sa quille, à part sa partie extrême avant, séparée du navire, penchée
fortement sur bâbord.
L’explosion a endommagée l’étrave, le mât avant s’est
effondré, mais le reste du navire est bien conservé, avec, en particulier un mât
arrière qui était caractéristique, flanqué d’une échelle, piège à palangres à
l’époque ou ce dernier remontait à – 25 m.
Aujourd’hui, il n’est plus comme
l’illustre le dessin.
C’est au tout début de l’année 2000, comme pour marquer à sa manière le changement de siècle que le DONATOR perdit son mât.
Toutes les œuvres vives sont
facilement identifiables, aisément explorées, y compris les cales encore
chargées de tonneaux. Le château arrière porte encore une grosse barre à roue en
fer, et, juste en avant, une grande hélice de rechange en fer est solidement
amarrée sur le pont.
Si l’on va vers l’arrière du navire, il est possible
d’aller voir l’hélice encore en place et l’immense gouvernail, les deux étant
recouvert de gorgones superbes comme l’illustre la photo de J.P. JONCHERAY.
Le pont supérieur a disparu presque
partout et les niveaux inférieurs sont accessibles couverts d’un bric à brac de
vestiges divers où les bouteilles sont nombreuses.
L’épave repose sur un fond de
sable grossier, plat, parfois creusé par les courants.
La faune y est des
plus dense et variée, allant des rougets aux sars en passant par les dorades et
une multitudes de poissons plus petits qui vous accompagnent tout au long de la
plongée.
Une
plongée ne suffira pas pour tout voir, il faudra revenir…
Le Donator croqué par Urs
Brumers
Le Donator vu par le
dessinateur du GRIEME - Michel TORCHE
TYPE DE NAVIRE
Cargo de 1698 tx, long de 78,30 m,
large de 12 m, le Prosper Schiaffino filait à 15 nœuds avec ses
machines de 1800 ch. Ce fruitier avait été transformé en pinardier.
HISTOIRE DU DONATOR
En 1930 fût construit pour le compte d'une compagnie maritime italienne, aux chantiers de Beergen Mak. VERKSTED A/S en Norvège, le Donator, cargo d'origine norvégiennne.
Le propriétaire était la Messagerie Holdt & Isachsen (D/SA/SSENATOR).
Son port d'attache était Stavanger (Norvège).
En octobre 1933, celui ci fut vendu à la Compagnie Générale d’Armements Maritime, filiale de la Compagnie Générale Transatlantique, et devint le bananier Petite terre. Dés 1939, il passa à la Compagnie Algérienne de Navigation pour l’Afrique du nord, ou Compagnie Schiaffino, dont les navires étaient souvent baptisés du nom d’un membre de la famille. Le Petite Terre devint le Prosper Schiaffino.
Sur les 20 navires qu’elle disposait en 1939, la compagnie en perdit treize sur faits de guerre : torpillages, sabotages, bombardements, mines. Le Prosper Schiaffino fut l’un des rescapés au moment de la victoire…
Hélas pour lui, la guerre n’était pas finie !
LE
NAUFRAGE
Le 11 octobre 1945,
le cargo quitte Marseille avec six cent cinquante tonnes de légumes secs
et de pommes de terre. Arrivé à alger, il décharge et part pour Mostaganem
qu’il quitte rempli de barriques et, en pontée, de citernes de
vin.
Pour se protéger au maximum du mistral, il fait route sur l’Espagne et longe les côtes. En vue des îles d’Hyères, il passe au sud de Porquerolles et, ayant serré un peu trop les Sarraniers, rencontre un champ de mines résiduelles encore mal neutralisées.
Une explosion se produit à l’avant, le 10 novembre 1945, à 13h15.
La proue se détache presque du navire. Ce dernier s’enfonce presque aussitôt…
L’équipage n’a pas le temps de mettre les canots de sauvetage à l’eau mais, par
chance, un stock de radeaux en liège est arrimé sur le pont. Une dizaine d’entre
eux est jetée à la mer et les matelots s’entassent sur trois d’entre eux.
Quatre
minutes plus tard, le Prosper Schiaffino sombre : l’avant d’abord,
l’arrière presque à la verticale faisant prise au vent, ce qui explique
l’orientation sud-est de la poupe.
L’explosion a été repérée par un
avion anglais. Les naufragés sont recueillis par le chasseur 111. Un matelot a
péri dans l’explosion, deux autres sont morts avant le sauvetage. Sur les 27
survivants, deux mourront à bord du chasseur.
Mais l’histoire du Prosper Schiaffino
ne s’arrête pas là. Le GERS y a longtemps plongé et possède
encore le livre de bord et la cloche, marquée au nom du DONATOR, ce qui a
fait baptiser l’épave de ce nom.
Jacques CHRISTOL, radio du navire le jour ou il sombra reçut un jour en cadeau le chadburn du navire, récupéré par le club de plongée du LAVANDOU, mais personne ne lui ramena son poste de radio…
SEQUENCE PHOTOS AVEC LE GRIEME
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
250 belles plongées en
Méditerranée : n°111
Sub Océan, portrait d’épaves de Jean Pierre Joncheray et
Urs Brummer
Naufrages en Provence : fascicule n°6 de Jean Pierre
Joncheray
CARTES
5329 : Presqu’île de Giens au Cap
Camarat
5151
: Rade d’Hyères
Avec l'autorisation
de
Jean-Pierre
JONCHERAY et Urs BRUMMER
que le GRIEME remercie
BIBLIOGRAPHIE - A LIRE A VOIR
Portrait d'Epaves (Jean-Pierre
Joncheray)
Sommeil
des Epaves de Patrice STRAZZERA
Les ouvrages de Gérard Loridon