L'EXPRESS
Mise à jour 18-Mar-2009 13:17

3 avril 1917 : un sillage inquiétant à l'origine de la perte d'un navire.
2003, les premières investigations du GRIEME pour le compte du DRASSM
Une forme, une dimension, un type de navire et deux noms à ce jour :
Persévérance ou Express



(Une peinture réalisée par Lucienne BILLA, mise à disposition pour le GRIEME)


AVANT TOUT UN TRAVAIL DE PREPARATION ET DE TERRAIN

Lorsqu’en 2003 nous préparons notre dossier « Carte Archéo » pour le DRASSM, nos recherches ciblées nous amènent sur plusieurs points, dont certains référencés par le SHOM, avec une précision allant de 10 mètres à 1 mille nautique. Celui dont il est question ici fera partie de ceux dont la précision était à 10 mètres, mais la distance de la côte de 10 milles.

Le but de ce travail est d’inventorier, avec le plus de précision possible, ce que représentent les points SHOM et croches au fond de la Manche-Est. Une trentaine de points constituent notre dossier 2003/2004 et, au final, une restitution au DRASSM d’après une fiche signalétique type permettra de constituer une «carte» des fonds marins plus précise que celle actuelle.

Mais que nous réservera cette première plongée ?


DECOUVERTE


La première immersion sur ce point fût effectuée le 28 mars de la même année. Température de l’eau : huit degrés ! Météo calme et brouillard sont au rendez vous à quelques 10 milles du port de Fécamp dans le cap 003 degrés.

La première palanquée, malgré une bonne visibilité, passera à côté de l’épave. La seconde aura plus de chance !

A son retour sur le bateau, la première impression de François, au vu de cette découverte, lui faisait penser qu’il avait plongé sur «sous marin». Une coque retournée au trois quart ne laissait pas apparaître les formes réelles de cette épave. Puis au fil de la progression sur le gisement, après avoir laissé un avant très profilé, nous arrivons sur une partie vide de l’épave correspondant à ce qui devait être une cale. S’en suit une petite chaudière au sable, la tête en bas comme le reste du navire et un moteur bi-cylindre qui est plutôt rare sur les épaves que nous connaissons. Puis, nous arrivons sur l’arrière où une petite hélice de propulsion et un gouvernail terminent cette épave plutôt bien conservée.

Ce navire, aux dimensions modestes, devait être une goélette naviguant à la voile et ayant un moteur d’appoint pour compenser les coups de mauvais temps. Une plongée ne suffit pas à notre travail. Décision fût prise de revenir le lendemain pour compléter notre fiche signalétique DRASSM.


SUPPOSITION


Lorsque le lendemain le cordeau se déroule, pour les uns dans le sens de la longueur, pour les autres dans le sens de largeur, les suppositions sont déjà nombreuses. La veille au soir, un premier debriefing devant l'ordinateur et notre banque de données «épaves» laissait apparaître peu de navires ressemblant à ce qui avait été vu durant la plongée. Deux noms sortaient du lot, l’Express, petit navire aux caractéristiques suivantes :

- Goélette Vapeur
- Date du Naufrage : 04/04/1917
- Jauge Nette : 98 tx
- Jauge Brute : 217 tx
- Propriétaire : A.F. Henry & Mc Gregor, Dock Place, Leith

Et le Persévérance, un peu du même type. Mais la part d’archives que nous possédons nous laisse penser qu’il ne s’agit pas de ce dernier.

Peu de choses complémentaires à cette première investigation : présence de bois sur les restes de pont, coque en acier rivetée, hélice quadripale de 1 m de diamètre et pas grand chose de plus !


LE RAPPORT DU NAUFRAGE DE L'EXPRESS

Seul à ce jour le rapport de naufrage, décrit comme suit, fait pencher pour l’Express :

Juste après midi, le 03/04/1917, le capitaine William Anderson aperçoit un objet noir dans l’eau, juste à tribord de l’étrave. Il paraissait avoir un sillage derrière lui et laissait croire que c’était un sous-marin. Il n’avait pas le temps d’hésiter et cria au timonier, George Foulis, de mettre le cap loin de lui. Ce fût une manœuvre difficile que réalisa le timonier. Le navire vibra quand la quille du vapeur fit contact et grinça en frottant sur son passage l’objet. Le capitaine regarda derrière eux si quelque chose apparaissait, mais il pût seulement voir brièvement l’objet avant qu’il ne disparaisse.

Après quelques minutes, un mécanicien rapporta au pont que la section milieu du navire prenait l’eau très rapidement. Il dit qu’il avait essayé de mettre les trois pompes vapeur dessus, mais cela semblait très grave. L’Express était à environ 20 milles dans le nord-ouest d’Antifer, le capitaine ordonna donc de faire route vers la côte Française.

Vers 3 heures, le navire était à 6 milles d’Antifer et l’eau montait si haut dans la salle des machines que la chaudière s’éteignit. L’Express était en train de dériver. Le capitaine regarda par dessus bord et pût voir les dégâts occasionnés : une très large brèche sur le flanc. De larges draps de grosse toile furent plaqués et amassés sur la faille, sensés ralentir l’entrée d’eau, mais c’était loin d’être suffisant.

A 8 h 30, il fût décidé, au grand désespoir, d’envoyer l’officier en second et 3 hommes dans un canot pour essayer de gagner la côte et d’obtenir de l’aide. Ils attendirent toute la journée mais personne ne vint.

A 19 h 50, le capitaine réalisa que son navire sombrait et, avec le reste de son équipage, il prît le second canot. Une demi-heure plus tard, l’Express coulait tandis que l’équipage ramait vers la côte.

L’aide arriva enfin quand le torpilleur Alsace les récupéra et les débarqua à Fécamp.

D’après la vague description de l’objet et les dégâts occasionnés au vapeur, il semblait plus probable que l’Express avait heurté une épave et non un sous-marin.

L’amirauté et la LLOYD’s n’ont pas enregistré la cause de cette perte comme fait de guerre.

Quelques jours auparavant, l'Express faisait une victime en rade du Havre.


EXTRAIT DU YACHT DE 1917

Au Havre… « Le steamer anglais l’Express en arrivant hier soir sur rade, a eu le malheur d’aborder dans le nord-ouest de La Hève le bateau pilote «Maria». Ce dernier, pris par le travers, a été coupé en deux et a coulé immédiatement ; il était monté de trois hommes : le patron et deux lamaneurs. Le premier, à la vue du danger, s’accrochant à la chaîne d’ancre du steamer, a pu remonter de suite à bord… ».

Quant aux deux autres matelots, ils sont recueillis fort heureusement peu après.


TOUJOURS LE DOUTE, MAIS...

Aujourd’hui, après une dizaine de bascules effectuées sur cette épave, nos recherches restent vaines. Aucun indice précis, pouvant nous permettre de commencer une recherche, n’a été trouvé à ce jour. Pas plus pour nous permettre de donner une nationalité à ce navire que pour interroger nos correspondants français et étrangers.

Pourtant, le navire ne semble pas avoir souffert d’une explosion causée par une mine ou une torpille et la thèse de l’accrochage d’une épave semble corroborée. La coque retournée du navire ne laisse apparaître qu’un manque de tôles sur l’arrière bâbord, qui pourrait être la cause du naufrage. De plus, avec la connaissance des plans d’autres navires du même type que l’Express, nous retrouvons dans l’épave des pompes reliées à des tuyauteries, comme le mécanicien en fait état dans le rapport de naufrage.

Alors, si la position vous rappelle un vieux souvenir de plongée, que vous avez chez vous ou chez l’un de vos amis plongeurs un indice qui nous permettrait d’identifier précisément ce navire, nous vous serions reconnaissants de vous rapprocher de nous.

Le but premier du GRIEME est de redonner un nom à toutes ces «tôles et carcasses» non encore répertoriées ou identifiées avec précision.

Le dessin qui suit vous y aidera peut être !
Merci à vous, si le coeur vous en dit, de prospecter cette épave
afin de lui redonner sa véritable identité.


SEQUENCE PHOTOS - VIDEOS

L'étrave
Un moteur bien difficile à distinguer
L'hélice, beaucoup plus simple à reconnaitre
L'hélice
Le condenseur

(Reproduction interdite sans autorisation du GRIEME)


CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
Fiche non remplie du fait du manque de certitudes 

Type
 
Chantiers navals 
 
Date de lancement
 
Armateur
 
Tonnage
 
Longueur
m
Largeur
m
Creux
m
Vitesse
nœuds
Machine - Propulsion
 
Puissance
Cv
Port d'attache
 
Nationalité
 
Equipage
 hommes dont
officiers - sous officiers - hommes d’équipage
Date du naufrage (volontaire)
 
Cause du naufrage
 

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