Les Philippines restent une destination peu connue des français pourtant ce pays mérite le détour que l’on soit passionné d’épaves (comme c’est mon cas) ou intéressé par la diversité de la faune que ces eaux dévoilent au fil des plongées
Busuanga, Palawan, Tubbahata, Cebu restent des noms un peu mystérieux pour les plongeurs français que nous sommes. BUSUANGA est une île d’aspect volcanique ou peu de personnes habitent. Ses flancs acérés au relief très caractéristique en font un lieu assez inhospitalier pour l’homme. Les alentours ne sont qu’îlots déserts et lagons de mangrove où l'on cultive la perle.
Pour mon premier séjour dans cet archipel, j'ai opté pour BUSUANGA, une île au nord de PALAWAN, peu connue et pas des plus touristique. Néanmoins cet endroit fût , pendant la seconde guerre mondiale (notamment en 1944), le théâtre de certaines opérations militaires. Une marque à tout jamais imprimée à cette zone.
Mais en 1944 (septembre pour être plus précis) quelle aubaine pour la flotte d’avitaillement nipponne d’avoir autant de «planques » possible en si peu d’espace. Les cargos ravitailleurs de la flotte impériale trouvent refuge dans ces îlots de la baie de CORON. Camouflés comme seuls les japonais savaient le faire, ces immenses navires se confondent avec les îles jusqu'à ne plus savoir qui est qui !
En 1944, les alliés américains patrouillent régulièrement avec leurs avions de reconnaissances à la recherche de cette flotte d’avitaillement. Localiser ces navires et tenter de les neutraliser couperait les ressources vitales de la flotte impériale.
Des clichés à basse altitude sont régulièrement pris sur le secteur nord de PALAWAN. Un jour de septembre, le rapprochement de deux clichés sur une île du nom de BUSUANGA laisse apparaître un mouvement « d’îlots » peu ordinaire au sud de celle ci. L’ennemi est débusqué ! Plusieurs navires ont bougé et ont trahi la discrétion de cette "planque". L’armée américaine décide d’attaquer et le 24 septembre, les japonnais n’ont pas le temps de lever l’ancre lorsque apparaissent dans le ciel des bombardiers lourdement chargés.
L’attaque sera fatale, une quinzaine de navires seront coulés, la plupart sur leurs mouillages. Une attaque d’une violence inouïe qui marquera à jamais le fond de la baie de CORON.
Alors, qu’ils s’appellent IRAKO MARU, TAEI MARU, KYOGO MARU, TANGAT MARU, KYOKUSAN MARU, NANSCHIN MARU, GUNBOAT ou AKITSUSHIMA, chacune de ces épaves est aujourd’hui un lieu de prédilection pour les plongeurs que nous sommes.
Ces navires, dont le plus
petit (40 m ) est un "GUNBOAT", jonchent le fond de la baie
de CORON. Ils sont aujourd’hui dans un état de conservation
assez surprenant. La plupart d’entre eux sont des géants de plus
de 100 m, et le seul navire militaire de cette flotte, l’AKITSUSHIMA
mesure à lui seul 220 m !
Quinze jours de croisière
ne sont pas de trop pour découvrir ces géants. Certes, les
fonds ne sont pas importants (40 m maximum dans la baie de CORON),
et c’est tant mieux ! La mangrove environnante réduit la visibilité
dans la baie (environ 8 à 10 m). Pour découvrir ces monstres
d’acier qui reposent ici, il faut être patient et ne pas hésiter
à refaire plusieurs fois la même épave. Certaines auront
plus un aspect de découverte d'une petite faune, mais en grande
quantité tel le TAEI MARU.
D’autres se laisseront parcourir
pour dévoiler des vestiges de guerre tel l’AKITSUCHIMA (un
«Flying Boat Tender»), autrement dit, un navire atelier permettant
la réparation des hydravions de la flotte impériale.
Mais le plus impressionnant à mes yeux restera un des cargos «freighter», l’IRAKO MARU qui s'impose par ses dimensions (environ 180 m de long pour 20 m de large). Posé droit sur sa quille, ses mâts encore debout, il règne sur cette épave une sensation de mystère, d’angoisse. On y avance lentement de peur de réveiller un de ces marins endormis à tout jamais.
Le spectacle de ces épaves est d'une incroyable richesse et diversité. L'amateur de vieilles carcasses ne peut que se réjouir de ce qui lui est donné de voir.
Couchés sur bâbord, tribord ou bien droites sur leurs quilles, toutes ces épaves se laissent visiter sans grand danger. Seule la vase qui s’y est déposée au fil des ans risque d’être pénalisante si vos compagnons de plongée ne se stabilisent pas correctement.
Cette croisière, car il s’agit bien là d’une croisière, se déroule au fil de l’eau sur des bateaux philippins classiques, à savoir des bankas sur lesquels le confort reste sommaire. La convivialité aidant, la croisière devient vite un "must" dans le genre. On alterne 2 à 3 nuits à bord de la banka en dormant à la "belle étoile" (28 à 30 ° en moyenne la nuit) avec des nuits en « resort » (sorte d'hôtel club le long des plages) très typique sur des îlots de rêve.
Peu de "Tour Opérator" propose cette destination. Pour ma part, c’est avec les suisses d’ABYSS avec lesquels je voyage régulièrement que j’ai fait cette croisière. A chaque instant, je me sens l'âme de repartir avec des amis pour peu que Christophe et Philippe, les patrons d’ABYSS, soient O.K. !
Dépaysante à souhait, passionnante tous les jours, cette croisière débute avec une plongée unique au monde dans le lac de KAYANGAN, sur une des îles proche de BUSUANGA où la température passe de 27° à 40 ° en fonction de la profondeur :
- Eau douce entre 0 - 14 m = température 27°, visibilité
10 m
- Eau salée entre 14 - 27 m = température 33° à
36°,
visibilité 2 m, eau turbide
- Eau douce entre 27 - 32 m = température 40° (on y reste pas
!)
- Passé 34 m, l'au revient à 27° et la visibilité
nulle.
Vous découvrirez aussi le canoë, un des moyens les plus pratiques pour naviguer autour de ces îlots de rêve. La prime finale, le sourire des philippins qui n’a pas d’égal.
Heureux de vivre, vous serez accueillis à bras ouverts dans les RESORTS (sorte d'hôtel club de bord de mer), sans jamais être agressé. Vous n’aurez qu’une envie après votre séjour, revenir au plus vite pour y découvrir d’autres merveilles, ce que j’ai pu faire en 2000 en découvrant au large de PALAWAN l’atoll de TUBBATAHA. Mais ceci est un autre récit, alors à bientôt !
Pour le GRIEME - Yvon CHARTIER
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