EPAVES DE LA PIERRE A LA BAGUE
MARSEILLE - LE PLANIER
Mise à jour le
15-Nov-2009 19:49
(Le Planier... derrière
lequel Marseille se détache à l'horizon - Photo
GRIEME)
PRÉAMBULE
L'Ile du Planier garde l'entrée de la rade de Marseille avec son phare perché sur une tour de 72 mètres de hauteur. Le phare du Planier s'élève, à 8 milles de Marseille, sur l'îlot rocheux du même nom. Les récifs, à peine immergés, qui entourent l'îlot ont été à l'origine de nombreux naufrages. Dès 1320, Robert d'Anjou fit bâtir une tour à feu de 12,50 mètres de hauteur. En 1774, la tour est rehaussée de 20 mètres et le feu de bois est remplacé par 14 lampes à huile. Plus tard, Augustin Fresnel veillera à la construction d'un troisième phare et l'équipera de ses lentilles qui rendront l'édifice visible à 40 kilomètres.
L'important trafic maritime de Marseille impose la construction d'un quatrième phare plus haut (61,93 mètres) et électrifié. Ce phare, en fonction dès 1881, sera pourtant détruit en août 1944 et remplacé provisoirement par un pylône dès la fin de la guerre.
Enfin, le 25 août 1959, le phare actuel est allumé. C'est une tour tronconique de 71,66 mètres de haut, surmontée d'une plate-forme carrée.
Son feu à éclats blancs 5s, est éclairé par une lampe de 150 W, 24 V. Il a une portée de 23 milles (environ 42,5 km). Le phare est automatisé et ne se visite pas. Ses coordonnées géographiques sont:
43º 11' 99"
N
05º 13' 90" E
L'histoire de cet ilôt est tout à fait passionnante à découvrir et l'on se rend donc très vite compte que ce petit bout de terre a été témoin de nombreux naufrages.... Voici une nouvelle histoire, celle des épaves de La Pierre à la Bague.
LE
SITE
La Pierre à la Bague est un curieux haut-fond situé à 300 mètres à l'ouest , sud-ouest de l'île de Planier. Les formes déchiquetées des roches de ce plateau sont dues à la violence de la houle et des vagues qui ont creusé le calcaire, y créant entonnoirs, canyons, grottes et passages sous-marins.
Ce plateau très
étendu aurait, d'où son nom, la forme d'une bague visible à travers la surface,
par très beau temps. L'étendue des fonds marins de moins de 10 mètres atteint
plusieurs hectares.
L'HISTOIRE
Moins connues que
le Messerschmitt, le Dalton ou le Chaouen, les épaves de
La Pierre à la Bague présentent néanmoins un intérêt certain pour les
amateurs de "vieilles carcasses". Mais attention, il faut immédiatement prévenir
le plongeur potentiel qu'il s'agit davantage de vestiges éparpillés que d'une ou
plusieurs épaves clairement reconnaissables. Cependant, il faut se garder de
"mininiser" l'intérêt d'une telle plongée qui offre la possibilité de laisser
aller l'imagination à l'assemblage du puzzle de pièces qui jonchent le site...
Alors laissez vous tenter !
Si vous vous présentez dans l'ouest, légèrement sud-ouest de l'île du Planier, vous n'aurez aucune difficulté à localiser les deux épaves présumées.
Selon les
investigations faites, notamment par Anne et Jean-Pierre
JONCHERAY, il pourrait s'agir de cargos ou paquebots de longueur estimée
entre 60 à 90 mètres.
Coulés probablement il y a 50 ou 100 ans, les vestiges
pourraient correspondre à trois navires au moins : le SYRIA, le
Théodore SIFNEO et enfin le NIOBE qui deviendra le VILLE DE
BIZERTE.
LE
SYRIA
(Le Syria
échoué sur le Planier)
Vapeur construit en Angleterre en 1874 sous le nom de CLIVE, il jaugeait 1264 tonneaux brut, 678 tonneaux net. Sa machine développait 650 cv.
Affrété par la Compagnie de Navigation Mixte, il revient d'Arzew (Algérie) sur Marseille, le 25 juin 1900, avec 26 hommes d'équipage, 7 passagers et un chargement de 5800 moutons et 40 boeufs. A 9 heures, la brume est telle que le Planier est invisible. Le Commandant Brun entend la sirène du phare, mais la prend pour celle d'un navire, et, croyant à un signal , continue sa route. A vitesse moyenne, le Syria s'échoue sur l'île, et la cale avant fait rapidement eau, les boeufs qui s'y trouvent périssent noyés.
Les bateaux de pêche viennent embarquer un officier du bord, qui se rend à Marseille réclamer des secours : Le phare de Planier n'est pas, à l'époque, en liaison téléphonique avec la terre. Le vapeur du pilotage vient embarquer les passagers. Puis, le Marius Chambon et d'autres remorqueurs plus petits tirent une mahonne et plusieurs chattes pour opérer le transbordement des milliers de moutons. Le bétail, en attente sur l'île, la recouvre entièrement, et il faut lui amener de la nourriture. Dès le lendemain, le mistral se lève et gêne le sauvetage. L'équipage n'abandonne pas le navire qui s'incline fortement sur l'arrière et penche sur tribord. Quelques centaines de bêtes passent plusieurs jours au large avant d'être ramenées au Bassin National.
Ensuite, dès que le temps le permet, les vapeurs de la Compagnie Chambon commencent à pomper l'eau entrée dans les cales. L'opération échoue, car les brèches sont trop importantes. Puis, les scaphandriers interviennent pour enlever les 300 tonnes de lest et obturer les voies d'eau.
A partir de ce moment on n'a plus eu aucune nouvelle du Syria. Est-il une épave inconnue de la Pierre à la Bague, a-t-il été renfloué, ou démoli ?
LE
THEODORE SIFNEO
(Extrait du Journal le Petit
Marseillais)
Cargo de 1588 tonneaux brut, 990 tonneaux net, long de 83,30 mètres, large de 11,70 mètres, le Théodore SIFNEO avait été lancé en 1889 à Middlesbrough aux Chantiers R. Craggs & Sons, sous le nom de Haytor. Racheté par la Compagnie J.TH SIFNEO, du Pirée, il effectuait, avec 21 hommes d'équipage, un voyage de Sète au Pirée, sur lest.
Le 18 novembre 1908, par temps de brume, le bâtiment s'échoue sur un des écueils du Planier. Le vapeur des pilotes, la Sentinelle tente de le déséchouer, puis retourne à Marseille chercher du secours avec deux officiers à bord. La situation n'étant pas dramatique, l'équipage reste sur le navire. Le gros remorqueur Marius Chambon tente, lui aussi, de tirer le bateau de sa mauvaise posture. Les cales sont déjà remplies d'eau lorsqu'arrive le vapeur de sauvetage danois Switzer.
L'histoire ne nous dit pas si les tentatives de renflouage furent couronnées de succès. Dans le cas contraire, le navire peut éventuellement, être identifié avec une épave inconnue de la Pierre à la Bague.
LE
NIOBE - VILLE DE BIZERTE
(Le Niobé qui deviendra le Ville de
Bizerte)
La Compagnie Franco-Tunisienne de Navigation fondée à Marseille en 1896, spécialisée dans les lignes sur l'Afrique du Nord , acheta comme premier bateau, au Lloyd autrichien, le vapeur NIOBE, construite à Trieste en 1879. Elle le rebaptisa Ville de Bizerte.
C'était un navire de 76,20 mètres de long, 9,61 mètres de large, pour un creux de 6,25 mètres. Son tonnage était de 1370 tonneaux brut, 750 tonneaux net. La Ville de Sfax et la Ville de Sousse s'ajoutèrent à la flotte de la compagnie.
Le 31 janvier 1902, par fort vent de nord-ouest, temps bouché, la Ville de Bizerte, revenant de Sfax sur Marseille avec 28 hommes d'équipage et 5 passagers, s'échoue à quatre heures du matin sur l'île de Planier. Le capitaine Rilba organise les secours. La quille repose sur le fond et la proue touche presque la côte. Les passagers et l'équipage descendent sur l'îlot où ils sont recueillis par le personnel du phare. Un remorqueur de la Compagnie Provençale vient embarquer les rescapés. Il n'y a pas de victime. Quelques jours plus tard, le navire est définitivement perdu, coupé en deux, l'arrière sous l'eau et l'avant sur les rochers
LA
PLONGEE
Il est d'usage de voir deux épaves alignées entre l'écueil et l'île. Certains plongeurs n'en voient qu'une considérablement étalée.
Au sud-ouest du plateau gît le plus gros morceau d'épave, toute une poupe de cargo encore reconnaissable, bien qu'elle ait beaucoup souffert. L'hélice en fer, par exemple, est brisée et a perdu une pale. Le gouvernail, presque à plat sur le sol, par 26 mètres de profondeur est très grand. Au dessus, un château arrière avec ses bastingages, et encore quelques superstructures brisées. Les treuils ont glissés sur le sable à côté d'un grand cylindre qui ressemble à une cheminée. Un peu plus loin, des sortes de cabines et une chaudière cylindrique, sont sauvegardés par leur profondeur.
La roche est également "percée" en
différents endroits et il est parfois curieux de se glisser dans "des cheminées"
qui font remonter le plongeur de quelques mètres....
La quille est les restes des flancs remontent vers le nord-est. Sur la pente du haut-fond, c'est un amoncellement des mâts bien conservés, des ponts et un grand nombre de tôles indéfinissables. Plus on monte et plus la ferraille est hachée. A une dizaine de mètres de profondeur, il y a beaucoup de petites pièces de fer enchassées dans les concrétions marines. Le plateau de la Pierre à la Bague est recouvert de ces témoins modernes collés à jamais à la roche.
(Secteur de barre encore bien visible)
Le seconde concentration de vestiges
occupe le rebord ouest, sud-ouest du plateau qui prolonge l'île.
Il ne reste, à proprement parler,
que peu de chose : une chaudière à tubes d'eau, basse pression, un condenseur à
circuit fermé, en relativement bon état, un cabestan, deux fragments des fonds,
peut-être une demi-étrave, entourés de nombreux débris non
identifiés.
La plus forte densité en vestiges se trouve de à 100 à 150 mètres de l'écueil. Les tôles sont très concretionnées.
(Le regard "attendrissant" d'une
épave)
Enfin et pour finir, un "jolie petit champ" de poteries totalement cassées termine l'exploration du site qui vaut le coup d'oeil et qui méritent probablement plusieurs plongées pour bien appréhender les "lieux".
N'hésitez pas à en découvrir encore plus de détails et de photographies les ouvrages suivants :
d'Anne et Jean-Pierre
JONCHERAY
80
EPAVES A MARSEILLE ET DANS SA REGION.
ainsi que de superbes
photographies dans les albums de
Patrice
STRAZZERA
LE SOMMEIL DES EPAVES et
ODYSSEE
IMPRESSIONS DE PLONGEE
Bien moins connu que le Chaouen, le Messerschmitt et autre Dalton, l'Epave de la Pierre à la Bague vaut largement le détour.
Mais pourquoi donc ?
Tout d'abord ce site est bien moins fréquenté que ses "illustres" voisins, ce qui est une première bonne raison. Ensuite, la profondeur relative du lieu la rend accessible à un plus grand nombre de plongeurs, y compris des "débutants, ce qui constitue une seconde bonne raison. La troisième justification se trouve étroitement liée à la seconde... la profondeur raisonnable permet de pendre son temps pour découvrir ce site. Et dans le cas ou cela ne suffit pas, nous pourrions vous confier deux autres arguments intéressants : La complexité du site et la diversité des débris laissent une entière liberté à l'imagination... mais quelles sont donc vraiment ces épaves... quelles sont leurs origines, combien sont-elles réellement ? Enfin pour les puristes, la découverte d'une chaudière de cette taille constitue toujours un moment interessant.
S'il fallait rajouter "la cerise sur le gâteau", nous pourrions dire que la découverte du "champs de poteries" cassées ne laisse pas indifférent.
Dernière précision... En dehors de quelques orifices dans lesquels il est "amusant" de se glisser, il convient de reconnaitre que la faune ne "goûte" par particulièrement les lieux.... autrement dit, ne vous attendez pas à voir une grande variété d'espèces sous-marines... à moins que vous ayez de la chance... mais cela c'est une autre histoire.
Merci à Stéphanie pour cette agréable balade sous-marine
Ultime précision.... la découverte de cette épave peut-être extrêmement fatiguante... par grand soleil... mer calme et agréable température.... à l'U.S.P.E.G. MARSEILLE.... cela fût fatale à toutes les immersions pour toutes les palanquées.
Hélène BOYENVAL et Pascal
CANNESSANT
(GRIEME et membres de l'U.S.P.E.G MARSEILLE)
Plongée du 3 juillet 2005
matin
avec
Stéphanie NEVADO (U.S.P.E.G. MARSEILLE)
LOCALISATION - ACCES
Ports d’accès conseillé : La
Pointe-Rouge
WGS84 ou SHOM EUROPE
50
43°11,791 N ou
43°11,780 N
05°13,526 E ou 05°13,610 E
REMERCIEMENTS - EN DECOUVRIR PLUS
Anne et Jean-Pierre
JONCHERAY
A lire absolument 80 EPAVES A MARSEILLE ET DANS SA
REGION
CREDIT PHOTOS SOUS-MARINES
Patrice
STRAZZERA
Découvrez ses superbes albumes de photographies
dans
LE SOMMEIL DES EPAVES et
ODYSSEE
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