LE SPAHIS
Sources : 100 Epaves en Côte d'Azur
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Mise à jour
23-Oct-2013 19:27
(Croquis du Spahis réalisé par un ship lover)
LE BATEAU
En 1864 était lancé à La Seyne, pour le compte de la Compagnie de Navigation Mixte, le Spahis, vapeur en fer de 526 tonneaux brut, 349 tonneaux net, long de 52,84 mètres, large de 7,45 mètres avec un creux de 4,62 mètres.
Il était équipé d'une machine de 480 Cv. La compagnie venait juste d'abandonner le type de propulsion "mixte", vapeur d'eau et d'éther, auquel elle devait son nom (voir notre fiche sur le Tell).
A lire également, la petite histoire de la CNM par Bernard Bernadac |
Dix ans plus tard, la Compagnie Fraissinet l'achète, le 9 juillet 1874.
A cette époque, cette compagnie possède déjà 20 navires, dont le Général Paoli, qui s'échouera le 19 août 1881 sur le même écueil que le Spahis.
Le 12 juillet 1883, le Spahis est vendu pour 237 000 F à la Compagnie Morelli.
Destiné aux lignes de la Corse et de l'Italie, il n'a pas d'incident jusqu'en 1887, excepté, fin juin 1878, un malencontreux bris d'arbre de couche lors d'une excursion sur l'étang de Berre. Le Ministre des travaux publics et les passagers doivent regagner la côte sur des bateaux de plaisance !
LE NAUFRAGE
Le 9 octobre 1887, le Spahis, (sous les ordres du Capitaine Lota) en provenance de Bastia, Livourne, Nice, regagne Marseille avec 20 hommes d'équipage et 80 passagers, pour la plupart italiens ou corses venus chercher du travail à Marseille. Dans la nuit intense, sous une pluie torrentielle, le navire se jette sur l'îlot de la Formigue ou Fornigue du Lavandou (aujourd'hui appelé couramment La Fourmigue), le feu du Cap Bénat restant masqué par l'orage.
L'avant s'enfonce aussitôt et des passagers sont noyés dans leur cabine. Certains essayent d'atteindre l'îlot proche, simple rocher de quelques mètres carrés. La violence des vagues cause de nouvelles victimes. Le gros des survivants est contraint de chercher refuge sur la poupe encore émergeante, battue par les vagues, et, cela pendant les longues heures de la nuit et de l'aube.
Au petit matin, les habitants de la côte aperçoivent le Spahis en détresse. Aussitôt, un grand nombre de petites barques de pêche tente le sauvetage, et les rescapés sont ramenés un à un à terre, ou sur les plus gros navires envoyés en renfort : Le Robuste, le Corse. Plus tard apparaît le Persévérant. Les naufragés sont réconfortés au village du Lavandou.
Le chiffre des disparus ne fût jamais précisé, car certains rescapés repartirent aussitôt par la route. On pense qu'il y en eu 22. Des cadavres sont retrouvés flottants jusqu'au large de l'île du Levant. Quant au navire, il est abandonné après une visite de scaphandriers venus de Marseille et les vagues le démolissent.
QU'EST DEVENU LE SPAHIS ?
Ses restes se résument à peu de choses, quelques morceaux de carène étagés sur la pente ouest de l'îlot de la Fourmigue, au milieu de la baie du Lavandou. Pour retrouver l'épave, il faut partir de la roche émergeante, et se diriger vers le Cap Bénat : on ne peut manquer de passer au-dessus des débris métalliques.
La descente vers l'ouest s'effectue par paliers. Une petite plate-forme, à -2/3 m de profondeur, a été nettoyée par les vagues. Une seconde marche, à une dizaines de mètres de profondeur, est déjà encombrée de débris, et, à une trentaine de mètres du rivage de l'îlot, les chaudières tubulaires subsistent encore, bien que très détériorées : tubes crevés, parois béantes.
Ces chaudières consituent peut-être le site le plus photogénique du navire, et, cela à une profondeur accessible à tous. En observant bien, on retrouve des briquettes de terre réfractaire et des blocs d'anthracite au fond des ces énormes pièces de ferraille. Les parois de ces chaudières (il semble y en avoir plusieurs, ou, du moins, plusieurs fragments) sont perforées par les nombreux orifices des tubes à vapeur. Autour des ces grosses masses, aucun autre débris reconnaissable de coque ou de superstuctures.
Le navire, après son échouage sur le Nord-Ouest de l'îlot, a dû stationner plusieurs années à cette profondeur, avant de se briser, et, seules, les chaudières sont restées à cet emplacement, du fait de leur poids. Le reste a descendu la pente, et le gros des vestiges se retrouve dans les 20 à 25 m, étagé le long de la paroi. Le Spahis est orienté avant au Nord-Est, arrière au Sud-Ouest.
La proue reste bien conservée : c'est du reste la seule partie du navire qui ait encore une forme reconnaissable : étrave droite, deux bossoirs de chaque côté, chaumards en place. Le pont a disparu et les barrots subsistent encore. Un énorme cabestan, accouplé à un treuil intérieur, traverse le château avant. Il ne reste plus d'ancres. De nombreux hublots, sur deux rangées, éclairent le poste avant. Cette partie intacte du Spahis doit mesurer une quinzaine de mètres de long, sur 7 ou 8 de large, la hauteur conservée atteint 6 m au moins.
L'avant est couché sur son flanc bâbord ; étrave orientée vers Cavalaire ; le navire, droit au moment de l'échouage, a basculé du côté de la pente. Il faut dire que la coque a eu le temps de se déplacer lentement en un siècle de séjour au fond, sous l'effet des tempêtes et des courants.
Au-delà, plus rien n'est reconnaissable : de grands morceaux de la carène çà et là, des poutrelles, des vestiges difficiles à identifier. Les portions de coque ont basculé les unes sur les autres et sont souvent superposées. Il est inutile de rechercher la quille ou l'hélice parmi ces blocs concrétionnés que l'on a parfois beaucoup de mal à distinguer des rochers. Il ne reste plus trace du chargement et le plongeur sera bien en peine de situer les différents postes du navire. Les derniers débris gisent à -25 m de profondeur, à une centaine de mètres du rivage de la Fourmigue.
La plongée sur le Spahis reste sans danger à condition de ne pas renconter de fort courant. Par contre, l'accès à la Fourmigue, par la mer, est parfois délicat car le rocher demeure exposé à tous les vents, et le mouillage devra être contrôlé.
A PROPOS DES CHAUDIERES DU SPAHIS
Nous venons de décrire quel intérêt présente la plongée sur le Spahis et quels sont les principaux points qu'il convient d'aller voir sur cette épave. Nous ne serions pas complet si nous passions sous silence les chaudières qui sont assez imposantes.
Les chaudières du Spahis semblent être de type Lagrafel et D'Allest (qui seront trés utilisées dans la marine de guerre à une époque (Masséna, Carnot, Charles-Martel, Jauréquiberry, Bouvines, Jemmapes, Valmy, croiseurs Guichen et Du Chayla etc...) ce qui est intéressant : On aperçoit un collecteur de vapeur cylindrique en partie supérieur comportant à chacune des extrémités deux boites planes prismatiques formant face avant et face arrière sur lesquelles vont se rattacher le faisceau de tubes en position horizontale (à l'inverse de ce que l'on rencontre couramment sur les chaudières des torpilleurs en 1914-1918 où ils sont verticaux et en V renversé....)
Ces tubes sont généralement en acier de 80 à 85 mm de diamètre extérieur pour une épaisseur de 2,5 à 3 mm. Normalement on doit retrouver des briques en partie basse. Ces chaudières étaient lourdes, difficiles à nettoyer, et lentes à mettre en pression.
A noter qu'il est assez rare de rencontrer un tel type de chaudière posé de la sorte au fond de l'eau. Cela mérité d'être signalé au plongeur qui passerai devant sans prêter attention.
A lire pour les "amateurs" de technique, un document particulièrement détaillé sur les chaudières dont celle du Spahis. |
Lire le chapitre sur les chaudières dans le Musée du GRIEME - Cliquer ici
FAUNE ET FLORE
L'environnement sous-marin du Spahis est assez varié : éboulis de roches dès les premiers mètres, tables rocheuses, puis formations de type madréporique, enfin sable clair puis posidonies. Il y a quelques années, un mérou célèbre dans la région, Prosper, y avait élu domicile.
Malgré tout, ce coin est trop visité pour que la faune soit remarquable : peu de gros poissons et rarement des antennes ! La vie fixée est par contre assez colorée.
LE SPAHIS VU PAR DES ARTISTES
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CARACTERISTIQUES TECHNIQUES
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REMERCIEMENTS
Patrice Strazzera
A.Truchot
Jean-Claude Giorgi
Bernard Bernadac
Jean-Pierre Joncheray
SOURCES
BIBLIOGRAPHIE - A LIRE A VOIR
100 EPAVES EN COTE D'AZUR
Auteurs : Anne et Jean-Pierre Joncheray
Editeur : GAP, Challes-les-Eaux, France
ISBN : 978-2-7417-0340-2
GENCOD EAN : 9782741703402
Nombre de pages : 352
Dimensions : 16,5 cm x 24 cm x 1,5 cm
Date de parution : 1er juin 2007