Mise à jour le
24-Fév-2009 20:08
Navire type dragueur de mines
classe Auk nationalité américaine
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Savannah – Etats-Unis |
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Année de mise en service |
9 mai 1943 |
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105 personnes |
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Puissance : 3.500 Cv |
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2 x 40 mm 8 x 20 mm Charges de profondeur 1 lance roquettes Hedgedog |
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Coordonnées géodésiques |
Long. : 01°03’77 W Lat. : 49°26’07 N Profondeur : 10 m |
LE DANGER DES
MINES
Mines et torpilles sont des inventions assez récentes. Au début de leur développement, on confondait souvent les termes de l’une pour désigner l’autre, il n’était pas rare d’appeler une mine, une torpille dormante ! Les premières sont dues au Général Colt en 1829 et les premières utilisations opérationnelles remontent à la guerre de Sécession.
Ensuite, il faut attendre la guerre russo-japonaise de 1905 pour voir une utilisation à grande échelle, 18 navires devant être perdus de ce fait (7 russes, 11 japonais). Le principe est toujours le même : immerger une charge explosive pour interdire un accès maritime son utilisation est soit défensive soit offensive.
La Grande Guerre fut l’occasion d’une véritable débauche de mines sous-marines puisqu’on estime à 210.000 le nombre utilisé par les protagonistes de cette guerre. Les allemands utilisant même des sous-marins mouilleurs de mines – les types UC – pour venir mouiller ces engins devant les ports alliés. Les anglais de leur coté s’étaient lancés dans la pose d’un véritable barrage de 70.000 mines à travers le Pas-de-Calais pour interdire à ces mêmes sous-marins allemands l’accès à La Manche.
La seconde guerre mondiale ne fit pas exemption à la guerre, les plus prolixes devant être les allemands avec l’obsession d’Hitler de protéger la «forteresse Europe», les techniques se développèrent aussi : aux premières à contact devait succéder les mines magnétiques, acoustiques, à dépression, à retardement …
Ainsi sur la zone du Pas- de-Calais à Cherbourg, on estime à près de 7.000 le nombre de mines posées dans le secteur aussi bien par les anglais pour interdire aux S-BOOT basés en Hollande de venir renforcer leurs homologues sur zone que par les allemands pour empêcher tout débarquement (1/3 de l’activité de la Kriegsmarine entre janvier et avril 1944 est consacrée au mouillage de mines).
Comme tout arme, la mine devait trouvé sa contre-mesure : si les premiers dragueurs de mines n’étaient pour la plupart que de robustes chalutiers juste armés d’une pièce d’artillerie et réemployés pour une pêche un peu spéciale. Au cours des années 30, des séries spécialisées de dragueurs de mines furent lancées pour faire face à une menace qui n’avait pas disparue.
LA CLASSE AUK ET U.S.S
TIDE
En 1940, l’U.S Navy lance la classe de dragueurs de mines AUK qui succède à la classe RAVEN datant de 1937, la seule différence de conception réside dans une puissance électrique accrue rendue nécessaire pour combattre les mines magnétiques et acoustiques.
L’U.S.S Tide fait partie de cette série AUK qui est la plus importante en quantité de la marine américaine. Lancé aux chantiers Savannah Machine et Foundry Co le 7 septembre 1942 après avoir été baptisé par sa marraine Madame Ruth Hangs, l’U.S.S Tide (numéro AM-125) effectue sa mise au point au large de Key-West avant d’être admis au service actif.
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Sa première mission consiste dans l’escorte d’un convoi le 17 juillet 1943 en partance pour l’Afrique du Nord récemment conquise par les Alliés. Malheureusement, au cours de la traversée il heurte le transport de troupes LCI-267 ce qui lui cause quelques dommages mineurs à la coque. Lors du voyage retour vers les Etats-Unis, l’U.S.S Tide a un retour sonar sur ce qu’il pense être un sous-marin. Effectuant aussitôt une attaque à la charge de profondeur, une tache d’huile apparut bientôt à la surface. Des recherches ultérieures ne permirent pas de déterminer si le sous-marin avait bien été coulé.
Le dragueur de mines poursuit après sa tache en effectuant alternativement des escortes de convois transatlantiques et des entraînements au dragage de mines. Le 10 mars 1944, il est affecté à Falmouth en Angleterre dans le cadre des préparatifs au débarquement en France.
Le 5 juin, il part avec la flottille de dragueurs de mines «A» à destination d’Utah Beach afin de procéder au déminage de cette zone.
Le 6 juin, les mines allemandes commencent à faire leurs 1ères victimes parmi les dragueurs : l’U.S.S Osprey explose alors qu’il drague un chenal. L’U.S.S Tide continue pour sa part à sécuriser les abords maritimes d’Utah Beach afin de permettre aux navires de guerre de soutenir les troupes débarquées en bombardant au plus près les positions allemandes.
Dans la nuit du 6 au 7 juin, il
se joint à d’autres navires pour garder l’estuaire de Carentan de toute
incursion de vedettes lance-torpilles allemandes. Dans la matinée du 7,
l’U.S.S Tide se remet au dragage de chenaux d’accès entre
Saint-Marcouf et Barfleur. Alors qu’il remonte son équipement de
dragage, le navire se met à dériver vers le banc Cardonnet où il heurte
une mine à 09 heures 40. L’explosion est si forte que le navire est
soulevé de l’eau !
Le capitaine Allard B.Heywood meurt peu de temps après
l’explosion tandis que le second Georges Crane fait tout pour sauver le
navire et secourir les survivants. Les dragueurs U.S.S Threat
(AM-124) Pheasant (AM-61) la vedette PT-509 viennent
porter assistance à l’U.S.S Tide tandis que le U.S.S Swift
(AM-122) tente de le remorquer.
Mais les structures ont si souffert que le navire ne peut être remorquer vers la plage et il se casse en deux alors que les derniers survivants viennent d’être récupérés.
En plus de leur capitaine périrent aussi les membres d’équipage suivants :
Jeremiah HARRIS - Charles
MODESTE
Walter W. SMITH -
Kenneth E. SPARACINO
L’EPAVE
Epave reposant sur un fonds de 10 mètres, l’U.S.S Tide a beaucoup souffert des différentes tempêtes et mouvements de marée depuis 60 ans.
De plus en 1989, elle a été l’objet
d’un pétardage par le 1er Groupement des Plongeurs Démineurs de
Cherbourg.
Faisant suite à une plongée sur le dragueur de mines, Bertrand SCIBOZ repère de nombreuses
munitions, roquettes, charges de profondeur «polluant » l’épave et pouvant
s’avèrer actives même après autant de temps passé sous l’eau.
Le 1er Groupement de Plongeurs Démineurs de Cherbourg prévenus tentent d’abord de dépolluer l’épave de tous ses projectiles. Leur trop grand nombre ainsi que leur enchevêtrement dans les restes de l’U.S.S Tide les conduit à prendre la décision de faire exploser directement sur place les munitions.
Une charge de 3 kg est alors disposée dans l’épave provoquant la destruction des explosifs mais aussi de l’épave.
Un homard observé avant l’explosion et
retrouvé au même endroit près des chaudières mais avec une pince en moins
!
Le CERESM & particulièrement Bertrand SCIBOZ
http://www.ibiblio.org/
Dictionnary of American naval fighting
ships