LE TOKOMARU
Mise à jour
05-Fév-2009 19:10
30 Janvier 1915
L'attaque d’un sous marin allemand près d’Antifer fait 2 victimes !

Le TOKOMARU
(Le TOKOMARU)


PRÉAMBULE

Le Tokomaru, un cargo qui s’apprêtait à livrer du ravitaillement au Havre est envoyé par le fond par le U.20 de la marine allemande....

Le Tokomaru est un vapeur anglais jaugeant 6184 tonnes construit en 1893 sous le nom de Westmeath par les chantiers Swan et Huster de Newcastle. Il s’agit d’un navire imposant : 139,44 m de long pour 17,45 m delarge et 7,74 m de creux. Sa machine à triple expansion construit par Wallsen Slipway and Co animait une énorme hélice quadripales d’un diamètre de 6,60 mètres !

Silhouette du TOKOMARU

(Silhouette du TOKOMARU)

Dès 1894, il est racheté, et navigue sous son nouveau nom de Tokomaru... (du nom de la célèbre baie maori située sur la côte-est de la Nouvelle-Zélande). Désormais, le navire vogue pour le compte de la compagnie maritime Shaw Sawil and Albion Cie installée à Southampton qui le destine à sa ligne avec le pacifique.

Le 9 décembre 1915, le navire quitte le port de Wellington. Il fait ensuite escale à Montevidéo puis Ténérife puis poursuit sa route à destination de l' Europe. Le 30 janvier, le Tokomaru se présente en rade du Havre. A son bord, le capitaine Green qui est chargé de convoyer vers Le Havre une cargaison composée de 97000 quartiers de bœufs frigorifiés représentant une cargaison de 700 tonnes. Le navire transporte également dans ses cales des vêtements et des présents pour les réfugiés belges (Sainte-Adresse est alors la capitale du gouvernement belge en exil).

A neuf heures du matin, le cargo approche des côtes du Havre. Le capitaine Green donne l'ordre de réduire la vitesse, le cargo navigue lentement. Il est à sept milles de La Hève lorsque l'homme de service interpelle le capitaine. Il vient d 'apercevoir un périscope sur bâbord. Il s’agit du U.20 allemand commandé par le Lieutenant commandant Droescher. L’équipage n’a pas le temps de réagir, une formidable explosion endommage le milieu bâbord du navire. La gerbe d’eau provoquée par l’explosion de la torpille s’élève à plus de 20 mètres de hauteur.


LE NAVIRE COULE EN DIX MINUTES

Le Tokomaru est touché à mort. Aussitôt, il donne de la "bande sur bâbord" alors qu’il s’enfonce par l’avant. Le capitaine n’a que le temps d’évacuer ses cinquante sept hommes d’équipage qui prennent place à bord de trois baleinières. Quelques objets et valises d’effets personnels sont emportés à la hâte. Le capitaine se précipite dans sa cabine pour y prendre les papiers du bord. Cette dernière est presque entièrement remplie d'eau. Dix minutes après la déflagration le bateau pique du nez et s’enfonce verticalement.

Heureusement, le Tokomaru n’est pas seul sur zone. Il y a notamment deux chalutiers qui effectuent des missions de surveillance et qui ont pour objectifs de tendre des filets contre les sous-marins.

Voyant l’explosion, les deux navires se portent au secours de l’équipage. A peine rejoint, les hommes du Tokomaru embarquent sur le Semper, un chalutier boulonnais qui les ramène sains et saufs au Havre vers 14 h 30.

Dans le même temps, les torpilleurs Claymore, Fleuret, Stylet et Fanion arrivent également sur zone. Ils découvrent de nombreux débris flottants, mais aucune trace du sous-marin ennemi ! Par contre, les Abeilles V et XII partis au secours du Tokomaru aperçoivent à nouveau le périscope du U.20, au moment où il torpille un autre navire, l’Ikaria, qui est touché.

Les Abeilles tentent bien d’éperonner le sous-marin, mais leur lutte restera vaine. L’Ikaria, sévèrement atteint, est pris en remorque afin d'y être ramené au Le Havre, où il coulera… dans l’avant-port !


LE U.20

Victime comme le TOKOMARU du U.20Le U.20, quant à lui, continuera sa sinistre carrière et entrera dans l’histoire le 7 Mai 1915.

Une attaque sans aucune sommation,au large de Old Head Kinsale,  enverra le Lusitania vers le fonds(Site 1 - Site 2 - Site 3) . Le navire coulera en moins de 18 minutes et fera 1198 victimes innocentes.  Le commandement du sous-marin, le tristement célèbre Walter Schwieger sera décoré de la Croix de fer pour son exploit. (Lire à ce sujet le formidable livre de Bob Ballard).

Le U.20, quant à lui, finira peu glorieusement échoué sur un haut fonds des bancs de Flandres en Octobre 1916. Schwieger ne pouvant le faire se déséchouer, détruira son bâtiment en le minant. Les débris du sous-marin resteront ainsi. Abandonné et rouillé, le sous-marin offrira un piètre spectacle aux promeneurs.

En 1925, les autorités danoises le feront exploser de nouveau. Les tôles restantes, éparpillées dans 5 mètres d’eau, font maintenant la joie des plongeurs de Vielby.

Le U.20 aura coulé une vingtaine de navires au cours de sa brève carrière. Le commandant de l'U.20 sera inscrit sur la liste des criminels de guerre pour le torpillage, sans avertissement, du Tokomaru et de l’Ikaria.


A PROPOS DU TOKOMARU - DES CHIFFRES ET DES LETTRES

Type de navire
Cargo à vapeur
Pays de construction
Ecosse
par les chantiers
Swan et Huster de Newcastle
Année de construction
1893
Longueur
139,44 m
Largeur
17,45 m
Date du naufrage
30 janvier 1915
Gauge
6184 tonnes
Cause du naufrage
Attaque par un sous-marin allemand
Cargaison principale
Denrées alimentaires/Viande
Lieu du naufrage
Le Havre
Provenance
Wellington/Montévideo/Ténérife
Profondeur de l'épave
-35 mètres environ


LA PLONGEE


Le TOKOMARU vu par Michel TORCHE
(Le TOKOMARU vu par Michel TORCHE - GRIEME)

Aujourd’hui, l’immense épave repose, par -35 mètres (à marée basse) et environ -40 m à marée haute, à 7,12 milles de la plage du port pétrolier d’Antifer sur un fond de sable

C'est une épave peu fréquentée des plongeurs. Ce sont quelques pêcheurs  qui inciteront, Franck PINERANDA,  à plonger sur cette épave à cause du surnom qu'il lui donnait " le Maru "…

L'épave gît en deux morceaux. La proue du navire est cassée juste avant la cale n°1 et sa membrure apparente grouille d'énomres bars. Le navire pointe vers le ciel et sa position corrobore la description faite par l'équipage lors du naufrage.

Quelques mètres séparent une seconde partie d'épave. Devant la première cale on peut apercevoir d‘énormes quantités d’ossements de bœufs confirmant ainsi, de façon certaine, l’identité de l’épave. Cette partie du navire est inclinée sur bâbord, le château central, quant à lui, s'est écroulé et n'existe plus. L'importante cheminée a également disparue. Une chaudière est sortie de son logement et a roulée sur le coté. La machine repose fortement incliné dans un équilibre précaire. En se dirigeant vers l'arrière, juste avant avant d’arriver à la poupe, se présente une grande cale très ouverte.

La proue est comme vrillée et une partie de l’immense étambot est à terre. Le moment magique de cette plongée est sans consteste la vue de l’hélice. C’est un grand moment que de s’asseoir sur le fonds et contempler la vue saisissante de ses énormes pales.

Attention, cette épave très large (environ 19 m),vous fera perdre rapidement vos repères. Il est vivement conseillé d'être extrêmement vigilant et nous insistons sur l'importance de bien repérer la ligne de mouillage. L'étale de basse mer est souvent courte et "la renverse violente" dans ce secteur risquent de vous poser quelques difficultés.

Le Tokomaru ne se dévoile qu’après plusieurs plongées et ce centenaire, en bon état général, est incontestablement une des très belle plongée de la Côte d’Albâtre.


REMERCIEMENTS
Le site Hérodote

 

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