Tous les navires qui partent
en mer, emmènent à bord de quoi boire et manger. On
retrouve donc, le plus souvent en petits morceaux, de la vaisselle, des
bouteilles et divers ustensiles de cuisine. Il arrive parfois aussi de
retrouver celle-ci en parfait état, lorsque l’épave a subie
un «traumatisme» important suite à une tempête,
soit après un choc de drague, découvrant les parties inaccessibles
de celle-ci, là ou se trouve la «cambuse» ou les cuisines.
Parmi les objets les objets les plus simples et les plus difficiles ou délicat à retrouver, figure incontestablement la vaisselle. Pourquoi ? Et bien il est évident de dire que ce sont des objets pour certains, qui cassent, plus facilement. Pour d'autres, la taille n'est rien comparée à une hélice, une chaudière ou même un pied de barre. Enfin, dans certaines eaux, le phénomène des marées plusieurs fois par jour, ensable et recouvre ces pièces.
Autre raison, l'ensemble de ces ustensils se trouvent souvent dans les cuisines, les quartiers des équipages ou dans les salles de restauration, etc.... Quoiqu'il en soit, davantage situé à l'intérieur du navire, ce qui nécessite de s'avancer au coeur de l'épave.
La perte d'un navire, dû
bien souvent à une explosion, un choc contre un récif, ou
une collision avec un autre navire, casse, éventre, coupe, disloque
le navire de telle sorte que certains parties deviennent accessibles sous
l'eau. C'est à la faveur de ce genre de situation qu'il apparaît
plus aisé de retrouver de la vaisselle.
Enfin, il y a deux autres paramètres importants. Le premier, c'est votre regard, votre habitude, votre expérience, votre curiosité à soulever tel ou tel morceau de tôle, à jeter tel ou tel regard ici ou là. Le second réside plus irrationnellement en la chance que vous pouvez avoir, un jour, à vous retrouver non loin, d'une pièce de vaisselle, mais cela ne se "décrete" pas !
IDENTITE
ou SIGNATURE ?
Retrouver une pièce appartenant à la vaisselle du bord c'est parfois "accrocher" un nom à une épave inconnue. C'est pouvoir en déterminer la nationalité, l'origine, donc l'histoire. C'est bien souvent une des clés majeures de l'identification d'un navire.
Il arrive aussi, que le fait
de trouver telle ou telle assiette, fourchette, plat, briques, ustensils
divers ne soit pas suffisant pour affirmer une origine. Alors, des investigations
supplémentaires doivent être menées.
Au GRIEME,
lorsque ce cas se présente, nous faisons tout naturellement appel
à telle ou telle école spécialisée dans l'étude
des matériaux, des produits, des étains, des bronzes, etc....
Nous contactons également d'anciennes entreprises, nous recherchons
dans les livres et les bibliothèques toutes informations qui puissent
élucider le mystère qui se cache dans la pièce trouvée.
Les compagnies maritimes et même
les corps d’armée dotaient leurs navires de toute la vaisselle nécessaire
afin d’assurer la restauration de l’équipage et des passagers embarqués.
Cette vaisselle était le plus souvent décorée aux
armes de la compagnie propriétaire et l’on pouvait même y
trouver le nom du bateau en plus de la marque de fabrique. Bien entendu,
tous les navires ne disposaient pas d'une vaisselle siglée.
Assiette
de l’OIFJELD
Fourchette
allemande de la dernière guerre
Avant chaque départ, la cambuse était remplie de victuaille en fonction du temps à passer en mer. Une marge de sécurité venait compléter le carré reservé aux vivres. Pendant longtemps, par superstition, seul le lapin, les œufs et les femmes étaient interdits de séjour à bord car cela était considéré comme un porte-poisse !
Qui dit restauration, dit coin cuisine avec foyer et réfectoire, voir plusieurs suivant la taille du bâtiment. La hierarchie, tans militaire que civile était respectée. Pour l'un, c'était les officiers d'un côté et les sous-officiers et marins de l'autre. Pour les navire civils, c'était le Capitaine accompagné de ses casquettes blanches et les matelots ailleurs. Quant aux navires de passagers, le film de James CAMERON, TITANIC, décrit fort bien les différentes classes que l'on pouvait rencontrer à bord de ces navire.
On peut donc identifier une
épave par sa vaisselle, ou tout du moins s’en approcher. Le
nom de la compagnie permet de rechercher dans la liste de ses navires,
ceux qui sont susceptibles d’être perdus dans le secteur de vos trouvailles.
La marque de fabrication peut aussi vous orienter sur l’origine de l’épave.
Mais attention, certaines compagnies en faillites ou en restructuration
vendaient leurs vaisselles à d’autres compagnies intéressées,
et ceci, pas forcément avec le navire.
De même, sur les bâtiments
de guerre, suivant les aléas de la campagne, on peut trouver de
la vaisselle provenant de plusieurs pays.
Un scaphandrier éprouve toujours en plongée sur épave, une brève émotion à la découverte d’un élément de vaisselle. Cettetrouvaille faisant revivre, dans notre imaginaire, la vie courante du bord.
Méfiez-vous quand même des grands ports transatlantiques ou il était de coutumes de jeter beaucoup de choses pardessus bord ! Il suffisait de faire les poubelles à quai lors des escales, pour monter sa propre batterie de vaisselle et couverts. La mer a malheureusement et de tous temps, une poubelle pour beaucoup d’activités, même la "plonge", non pas celle que nous pratiquons, l'autre, dans les eaux de vaisselle !
Petites
cuillères de la C.G.T.
Pour l’avoir vécu souvent, que de regrets de ne pas avoir soustrait au massacre du temps qui passe, cette vaisselle intacte un jour et pulvérisée le lendemain ! Perdu à tous jamais, ces témoignages d’une époque, sauf peut-être pour nos futurs archéologues à qui il faudra une grande patience et un gros budget pour retrouver et recoller les morceaux dans les prochains siècles à venir. Alors que faire ? Abandonner ce patrimoine ? Le sauver et le présenter aux yeux de tous dans les musées ? Ignorer sa présence ? Effacer l'histoire des hommes et des navires ? De multiples questions qui méritent une sérieuse réflexion car c'est bien du passé de l'homme dont il est question.
TESSONS DIVERS
Sauver ce patrimoine, sans être
hors la loi, c’est possible, mais nécessite temps, gros efforts
et obstination. Il faudra trouver un lieu, un musée, retrouver la
compagnie ou le constructeur du navire, obtenir leurs autorisations ainsi
que celles de l’administration pour pouvoir "relever" et "sauver"
ces objets . Mais à l'issue de ces démarches, vous aurez
alors la satisfaction d’avoir apporté beaucoup à l’histoire
de notre patrimoine maritime.
Malgré tout, un petit conseil, surtout ne vous substituez pas à une "entreprise de ferraillage" qui nécessite l’octroi d’une demande de concession de l’épave et qui ne projette pas ses travaux dans le même esprit que celui qui nous anime au GRIEME
Pour les épaves dites anciennes, vous vous devez d’avertir de votre découverte les autorités compétentes à commencer par le D.R.A.S.S.M., qui a la compétence dans ce domaine. Surtout, laisser les objets "in situ", parfois l’emplacement peut avoir une importance capitale pour ce genre d'épave.
Enfin, souvenez-vous toujours, qu'en France, il existe une réglementation en la matière et que celle-ci prévoit des dispositions particulières sur les objets "trouvés au fond".
Michel Torché (Président P.D.G.) - GRIEME
Alors, désormais, ouvrez l'oeil et le bon !