U 171

Le Navire
Histoire
Le U 171
Naufrage
La Plongée

  • Nom : U 171

  • Type : Sous-marin U-Boat

  • Nationalité : Allemande

  • Construction : chantiers Deschimag AG Wesser

  • Propriétaire : Kriegsmarine

  • Dimensions : Longueur 76,8 mètres  largeur 4,70 mètres  Tirant d’eau 4,70 mètres Tirant d'air 9,60 mètres

  • Tonnage : 1120 T

  • Motorisation : deux diesels MAN développant un total de 4400 CV
                          deux moteurs électriques SSW de 1000CV

  • Vitesse : 7,3 nœuds en immersion, 18 noeuds en surface

  • Armement : une pièce de DCA de 37 millimètres sur la plage arrière,
                        une autre de 20 millimètres sur la plate-forme derrière le kiosque.
                        Un canon de 105 millimètres équipe la plage avant

  • Naufrage :  Non Renseigné

  • Coordonnées géodésiques :  47°39'481 N - 3°34'861 W

  • Autres: équipage de 49 hommes. Il possède une autonomie en surface de 11.000 milles à 12 nœuds ou 5.000 milles à 18 nœuds. Lorsqu’il navigue sous la surface, il peut parcourir 63 milles à 4 nœuds ou 128 milles à 2 nœuds.
 

LE U.171 Un sous-marin au large de l'Ile de Groix 

 

UN PEU D'HISTOIRE

 

A la fin de la première guerre mondiale l’Allemagne ne possède plus aucun sous-marin. Ceux-ci ont fait une telle impression aux alliés, entre 1914 et 1918, que le traité de Versailles interdit à l’Allemagne la possession de tout submersible. Celui-ci prévoit également la livraison et la répartition entre la France, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis, l’Italie et le Japon de 176 U-Boot.

 

Dès 1920, des industriels allemands n’auront de cesse de contourner les limitations imposées par le traité de Versailles. De très discrets bureaux d’études sont implantés aux Pays-Bas. Des projets de construction sont lancés en Argentine, en Italie, en Espagne et en Turquie.

 

En 1933, après que les élections législatives aient donné une large majorité au parti National Socialiste, le président Hindenburg appelle Hitler à la Chancellerie. Immédiatement, Hitler ne cache pas son mépris et son hostilité envers le traité de Versailles, ce qui ne déplait pas à l’état major de la Reichmarine, loin s’en faut ! Tant et si bien qu’en 1935, Hitler rejette le traité de Versailles, sans que la France et l’Angleterre ne s’en offusquent, et il démontre ainsi sa détermination à réarmer l’Allemagne.

 

 

 Dessin humoristique illustrant la négation du traité de Versailles par Hitler

 

 

LES HOMMES DE LA KRIEGSMARINE

(Karl DONITZ)

Amiral READER

Oberlieutnant Fritz-Julius Lemp 

PRIEN - Photo extraite de la revue MARINES

Le 21 mai 1935, la marine allemande prend le nom de Kriegsmarine. Fait marquant, alors que ceux ci avaient été formellement interdits par le traité de Versailles, la Kriegsmarine compte déjà dans ses rangs la présence d’une flottille de 12 sous-marins, sous le commandement du Kapitän zur see Karl Donitz.

En effet, dès 1934 et dans le plus grand secret, un programme de construction avait débuté à Kiel.

Donitz devient alors "LE" grand défenseur de la cause des sous-marins. Son enthousiasme réussi à convaincre puisqu’un plan, adopté en janvier 1939, prévoit de doter la Kriegsmarine de 130 U-Boot  dès 1942. C’est également à cette date, que l’Allemagne indique à la Grande-Bretagne son souhait de porter le nombre de ses sous-marins à parité avec celui de la Royale Navy.

Une deuxième flottille est alors créée, puis une troisième.

Fin 1939, la Kriegsmarine comptera six flottilles opérationnelles. Mais la guerre arrive trop tôt. La marine de guerre allemande ne compte que 57 sous-marins, dont seulement 26 capables de s’aventurer en Atlantique.

La déception est immense pour Hitler quand, le 3 septembre 1939, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. Celui-ci pensait en fait que le courage leur manquerait. L’amiral READER, alors à la tête de la Kriegsmarine, n’osait croire en la possibilité d’un conflit tant il connaissait l’infériorité numérique de sa flotte. Il déclare d’ailleurs à son état major : «Messieurs, nous n’avons pas le choix. Engagement total. Il nous reste à mourir avec dignité».

Début septembre 1939, mis à part 10 sous-marins qui servent à l’entraînement, l’Allemagne possède 20 submersibles engagés en Mer du Nord et 27 en position dans l’Atlantique.

Le premier navire de la Kriegsmarine à se faire remarquer fut un U-Boot. L’U-30, commandé par Fritz Julius Lemp.

PREMIERES VICTIMES DES "LOUPS GRIS"

Dans la nuit du 3 au 4 septembre 1939, Fritz Julius Lemp torpille et coule le paquebot S.S. Athenia qui se dirigeait vers New-York avec 1400 passagers civils et membres d’équipage à bord. Le paquebot coule lentement, une centaine de personnes périssent en mer, mais les 1300 autres sont sauvées.

Stupeur en Allemagne ! Même au sein de l’état-major on se révèle incapable de connaître l’exacte vérité, les U-Boot en mission ayant la consigne de maintenir le silence radio.

Ce n’est qu’à son retour que Fritz Julius Lemp fut sérieusement réprimandé par Donitz, Reader et Hitler lui-même. Il recevra l’ordre de garder le silence absolu sur ce tragique événement.

D’abord partisan d’épargner la France en matière de harcèlement naval, celle-ci ne semblant pas vouloir en découdre avec l’Allemagne, Hitler fini par se ranger du coté de Reader et décide de frapper fort et vite. Les restrictions à la guerre sous-marine sont levées, notamment celles concernant la France. Il autorise ainsi la destruction des navires et le minage des ports français.

En trois semaines de conflit, 232.000 tonnes de navires reposent déjà au fond de l’eau et les combats en mer vont s’intensifiant. Et les U-Boot vont se mettre à l’honneur !

D’abord, c’est l’U-29 commandé par le Kapitänleutnant Otto Schuhart qui le 17 septembre repère un porte-avions, le HMS Courageous en patrouille au sud est de l’Irlande. Le porte-avions, sans escorte, positionné dans le sens du vent afin de faciliter le décollage de ses appareils, est une cible idéale.

Schuhart fait tirer trois torpilles à environ 2800 mètres. Deux d’entre-elles touchent leur cible et le HMS Courageous coule en moins de 15 minutes faisant 518 morts.

 SS - Steamer Ship ATHENIA

U 30

HMS Courageaous

 

Quelques jours plus tard, ce sera dans le nord de l’Ecosse qu’un U-Boot accomplira une triste mission.

Donitz croit profondément en l’importance de la guerre sous-marine. Afin d’en persuader l’état major et Hitler en particulier, il décide une opération audacieuse et ultra-secrète destinée à valoriser les U-Boots. Cette mission, il va la confier au jeune Kapitänleutnant Gunther Prien et à son sous-marin de type VII B, le U-47.

Il a semblé à Donitz, en étudiant cartes et photos aériennes, qu’une brèche  permettrait à un sous-marin de pénétrer au milieu des îles Orcades, par la passe dite de Kirk Sound, jusque dans la baie de Scapa Flow.

 

 

DES CIBLES DE PLUS EN PLUS "IMPOSANTES"

Gunther PRIEN quitte Wilhelshaven le 13 octobre, par une nuit éclairée d’une aurore boréale aussi exceptionnelle que contraire à ses projets. Après s’être faufilé entre les barrières naturelles, les épaves rouillées, les câbles et divers obstacles destinés à éviter toute pénétration ennemie, il parvient à entrer dans la baie.

Les passages sont si étroits dans le bras de mer que Prien craint de se faire repérer par les phares des automobiles circulant sur la route côtière. Le sous-marin continue sa progression et bientôt un drame va se dérouler pour aboutir à un effroyable fait de guerre.

En veille dans "la baignoire", le commandant du U-47 repère deux cuirassés au mouillage : le Royal Oak et le Pégase. Peu après minuit, 3 torpilles sortent successivement des tubes du U-47. Une seule atteint son but et fait une brèche de seize mètres de large dans la coque du cuirassé.

Sur le Royal Oak, une rapide inspection est menée pour constater que personne n’est blessé. L’inondation, contenue par la fermeture des portes étanches, est finalement maîtrisée. Les autorités de bord concluent à une explosion spontanée dans une soute à peinture. Finalement, tout le monde retourna se coucher !

U-47

 A bord du U-47, l’équipage est fort étonné du peu de réaction. Une seconde torpille est lancée mais elle manque son but et va s’écraser sur la berge. Gunther Prien ne peut rentrer en Allemagne avec un si minable résultat. Il tire alors 3 torpilles que le Royal Oak reçoit de plein fouet sur son flanc tribord. L’explosion est si énorme et la chaleur dégagée si intense que le cuirassé semble projeté hors de l’eau. Puis le navire chavira brusquement, emportant avec lui 833 des 1200 hommes d’équipage.

Le Royal Oak

Puis, presque tranquillement, et faisant preuve de la plus grande maîtrise, contre le courant, Gunther Prien et son U-47 réussissent à échapper aux destroyers anglais qui le traquent et à rentrer en Allemagne.

Son équipage et lui eurent un accueil digne de héros. Ils furent envoyés à Berlin afin d’y rencontrer Hitler. Prien reçu la Croix de chevalier de la Croix de fer ainsi que le surnom de "taureau de Scapa Flow" Il dût répondre à la presse allemande et étrangère. L’Allemagne avait besoin de héros et bien que, comme pour la majorité des capitaines, Prien était gêné par ces honneurs, les sous-mariniers étaient parfaits pour ce rôle. A la suite de cet événement, Hitler autorisa le torpillage par les U-Boots de tous navires marchands sans avertissement et de tous paquebots navigants en convoi après avertissement.

 Le "taureau" de Scapa Flow

Durant la première année de guerre, 28 U-Boots sont construits pendant que 28 unités sont perdues. Leur nombre reste de ce fait le même qu’au début du conflit, soit 57. Au niveau des résultats, Donitz a tout lieu d’être satisfait. En plus d’une douzaine d’unités militaires (1 cuirassé, 1 porte-avions, 3 destroyers, 2 sous-marins et  5 croiseurs), le nombre de bâtiments de commerce civils coulés s’élève à 435 pour 1.915.000 tonnes.

L'issue tragique d'une rencontre entre un U-Boot et un cargo

 

Mais le nombre de sous-marins de la Kriegsmarine est trop restreint. Ils manquent de performances, sont trop lents et trop fragiles. Les torpilles manquent de fiabilité. Bien sûr, l’Angleterre manque elle aussi de préparation à une guerre sur mer et laisse le champ libre aux U-Boots. Les victoires terrestres de l’Allemagne, dans l’Ouest de la France, vont offrir aux sous-marins de Donitz des bases idéales pour commencer la bataille de l’Atlantique. Les U-Boots n’auront plus à s’aventurer en Mer du Nord ou les avions de la RAF patrouillent. Dès septembre 1940, les premières attaques de convoi par les U-Boots en meute sont expérimentées. Le 2 septembre un  convoi, le SC2, est attaqué par quatre sous-marins, dont celui de Prien. Malgré une météo exécrable, de force 8, cinq navires sont coulés, dont trois par le U-47.

Le 20 du même mois, Prien repère le convoi HX72. Il prévient l’état-major qui dépêche cinq autres U-Boots sur zone. Bilan : onze navires coulés et un autre endommagé.

 

LA MEUTE DES "LOUPS" SE DECHAINE

Otto Kretschmer

Et les succès des "loups gris" de Donitz s’intensifient. Durant la nuit du 15 au 16 octobre, ce ne sont pas moins de 20 navires anglais qui sont envoyés par le fond, harcelés par une bande de huit sous-marins allemands. Quelques jours plus tard, Günther Prien repère un convoi. Rejoint par la meute qui accourt, ensemble ils font un carnage et coulent 12 cargos.

Pour Donitz, c’est la confirmation du bien fondé de la tactique qu’il a mise au point : celle de l’attaque en meute, coordonnée par la radio, dont les progrès sont incessants. Le succès est d’autant plus retentissant que les pertes allemandes sont faibles. Les Britanniques semblent en effet incapables d’opposer une quelconque résistance aux U-Boots.

Dès le mois de novembre, l’efficacité des U-Boots bien qu’encore remarquable, commence à marquer le pas. Ce léger déclin est sûrement dû au manque de sous-marins et peut être au mauvais temps qui règne dans l’Atlantique depuis quelques semaines. A noter également que le manque de coordination entre la Kriegsmarine (qui ne dispose pas d’appareil) et la Luftwaffe ne favorise pas une bonne reconnaissance aérienne permettant le repérage des convois. De son coté, la marine britannique gagne en efficacité, forçant les U-Boots à s’éloigner des côtes et rendant leurs rencontres avec des convois plus aléatoires. Ce ne fut pas le cas du U-99, durant la nuit du 3 au 4 novembre. Son commandant, Otto Kretschmer, coula successivement le Casemare, un cargo de 5376 tonnes, et deux croiseurs, le Laurentic et le Patroclus.

Entre mai 1940 et décembre 1941, le nombre de U-Boots passe de 49 à 236. Mais, même ainsi dotées, les flottilles ne rencontrent plus le même succès que durant les premiers mois de guerre. Les convois se voient dotés d’un nombre croissant de navires d’escorte et reçoivent en plus une protection aérienne accrue.

Le mois de mars 1941 restera sûrement comme le plus noir de la guerre pour la Kriegsmarine. En quelques jours, la flotte sous-marine voit disparaître 3 de ses plus grands capitaines : Le Korvettenkapitän Günther Prien avec son U-47 coulé par le destroyer HMS Wolverine, le Kapitänleutnant Joachim Schepke, le U-100 coulé par les destroyers HMS Walker et HMS Vanoc. Quant au Korvettenkapitän Otto Kretschmer, son U-99 est coulé par le destroyer HMS Walker. Lui-même est capturé et restera en captivité jusque fin 1947.

Le système de ravitaillement des U-Boots en haute mer, mis en place par les Allemands, est rapidement désorganisé par les Britanniques. En quelques jours, 10 navires pétroliers ravitailleurs sont coulés dans l’océan Atlantique.

Lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis en 194, une nouvelle période heureuse commencera pour les U-Boots de la Kriegsmarine Les eaux américaines, mal défendues, deviennent un formidable terrain de chasse pour les U-Boots où ils vont causer d’énormes ravages. Mais, là aussi, la lutte anti sous-marine se modernise et s’intensifie. Le système des convois, mis en place sur la côte Est des Etats-Unis, rend également plus rare les victoires.

 

 

 

Günther Prien

Joachim Schepke

Otto Kretschmer

LE DEBUT DE LA FIN

Début 1943, les dégâts que causent les U-Boots sur la flotte alliée sont encore considérables. Mais, à partir de mai, les pertes de sous-marins augmentent dramatiquement.

Rien que durant ce mois, 42 sous-marins sont envoyés par le fond. Pratiquement plus aucune zone de l’Atlantique n’échappe à la surveillance des avions à très grand rayon d’action. La modernisation des radars, la découverte par les alliés des moyens de codage allemands, le renforcement des escortes de convois, la tactique consistant à affronter et couler les U-Boots plutôt que de tenter de les éviter, vont contraindre Donitz à reconnaître son échec.

La machine ENIGMA

Il ordonne le retrait de ses meutes de L’Atlantique Nord, tout en sachant néanmoins qu’il ne pourra renoncer à la poursuite de la guerre dans cette partie de l’océan. Il va attendre toutefois une amélioration de l’armement de ses navires, en l’occurrence la pose d’une batterie quadruple de canons de 20 mm sur leur kiosque, afin de contrer l’aviation des alliés. Mais cette nouvelle stratégie n’aura pas l’impact espéré. Au lieu d’attaquer le sous-marin repéré, les avions se tiennent hors de portée des canons de Flak et appellent du renfort. Celui-ci intervient sous forme de destroyers ou de corvettes qui forcent le U-Boot à plonger, ce que précisément les avions attendent.

En janvier 1944, le nombre de sous-marins dont dispose Donitz est à son maximum, soit 447. Ceux-ci sont équipés de nouvelles torpilles et de schnorchel permettant la navigation en plongée. Mais l’issue est plus qu’incertaine. Chaque mois, la Kriegsmarine perd plus de U-Boots qu’elle ne coule de navires alliés.

Le "U-Bunker" de Lorient

Pour contrer le débarquement en Normandie, ce ne sont pas moins de 36 U-Boots qui appareillent de Brest, Saint-Nazaire, La Pallice et Lorient. La résistance que leur opposera la flotte alliée leur causera des pertes énormes. L’avance des troupes terrestres alliées va contraindre les sous-marins allemands à chercher d’autres bases plus au Nord. Là encore, durant cette retraite nombre d’entre eux seront coulés.

Rien que durant le mois d’août, 44 U-Boots disparaissent. Les derniers mois de 1944 sont dramatiques, ce sont 64 U-Boots qui sont perdus pour seulement 24 navires torpillés.

En 1945, quelques sous-marins, venus de Norvège, parviendront de nuit à ravitailler les bases de l’Atlantique encerclées et à apporter huile, carburant et pièces détachées.

En janvier 1945, trente sept U-Boots sont livrés à la Kriegsmarine. Ce qui constitue un record, car jamais au cours de la guerre autant d’unités n’ont été réceptionnées en un seul mois.

Mais la lutte est désormais trop inégale. Les sous-marins allemands luttent contre un ennemi beaucoup trop fort, malgré encore quelques succès obtenus dans les premiers mois de 1945. Le dernier recensé est celui du Kapitänleutnant Emil KLUSMEIER, sur le U-2336, qui coula deux cargos dans le Firth of Forth début mai.

Le 30 avril, Hitler se suicide dans son bunker en compagnie d’Eva Braun qu’il vient d’épouser.

Le 1er mai, Karl Donitz lui succède et ordonne le 4 mai à tous les U-Boots de cesser le combat et de regagner leurs bases. 153 U-Boots obéirent à cet ordre et 215 décidèrent de se saborder.

Au total, pour les 1170 U-Boots construits, 863 ont été opérationnels. Ce ne sont pas moins de 2.840 navires qu’ils ont envoyés par le fond, dont 148 bateaux de guerre. 630 U-Boots ont disparus en mer et 123 ont été coulés dans les ports ou à proximité. Sur les 40.000 hommes embarqués sur les U-Boots, c’est près de 29.000 qui ont péri en mission et 5.000 qui ont été fait prisonniers.

 

 

Le 22 juillet 1941, dans le port de BREME, après presque huit mois de travail, les chantiers Deschimag AG Wesser se préparent au lancement d’un sous-marin de type IX-C : le U-171.

 

 Les Chantiers Deschimag AG Wesser de BREME                   

Ce U-Boot de 1120 tonnes mesure 76,8 mètres de long, pour une largeur de 4,70 mètres. Il a un tirant d’eau de 4,70 mètres et il dépasse de la surface de 9,60 mètres. Animé en surface par deux diesels MAN développant un total de 4400 CV, ses deux hélices le propulsent à 18,2 nœuds au maximum. En immersion, ce sont deux moteurs électriques SSW de 1000CV qui lui confèrent une vitesse de 7,3 nœuds.

Mise en service du U.171 Mit dem Heißen von Flagge und Wimpel wird U.171 in Dienst gestellt Bild : Stiftung Traditionsarchiv Unterseeboote

Le U-171 est servi par un équipage de 49 hommes. Il possède une autonomie en surface de 11.000 milles à 12 nœuds ou 5.000 milles à 18 nœuds. Lorsqu’il navigue sous la surface, il peut parcourir 63 milles à 4 nœuds ou 128 milles à 2 nœuds.


Une importance toute particulière a été accordée à son armement. Il est équipé de six tubes lance-torpilles de 53,3 centimètres, quatre à l’avant, deux à l’arrière et il embarque vingt deux torpilles. Au niveau de sa défense antiaérienne, le U-171 est équipé d’une pièce de DCA de 37 millimètres sur la plage arrière, d’une autre de 20 millimètres sur la plate-forme derrière le kiosque. Un canon de 105 millimètres équipe la plage avant.


Canon de 105 mm Canon de 20 mm

Le U-171 sert dans un premier temps comme sous-marin école. Il reçoit le 1er juillet 1942 une affectation à Lorient, dans la 2ème flottille. Après une brève escale dans le port de Lorient, sous le commandement de l’Oberleutnant zur see Gunther Pfeffer, il appareille : direction la côte Est de l’Amérique et plus précisément le Golfe du Mexique.

En décembre 1941, lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis, nombreux sont les officiers allemands, à commencer par Donitz lui-même, à ressentir une véritable satisfaction. En effet, les agents allemands en poste aux Etats-Unis se sont aperçus depuis longtemps que la  situation au large des côtes américaines est très favorable aux succès des sous mariniers de la Kriegsmarine. Le trafic maritime est extrêmement important, pratiquement tous les navires se déplacent isolément. L’expérience acquise par les sous-mariniers allemands va prendre de cours les défenses américaines et cela pour un long moment.

Donitz décide une action brusque, rapide et puissante afin de surprendre les Américains : l’opération "Paukenschlag", c’est à dire coup de cymbale. Cette opération marquera l'apogée des succès des sous-mariniers allemands. Ils coulèrent de nombreux navires, aux équipages inexpérimentés, qui naviguaient sans protection au large des côtes nord-américaines.


Une victime solitaire d'un U-Boot

Et c’est ainsi que quelques semaines après avoir quitté les côtes françaises, on retrouve l’U-171 croisant au large du port mexicain de Tampico. Mais déjà la "donne" a déjà changé depuis le début de l’opération "Paukenschlag". Les Anglais ont rapidement convaincu la marine américaine que si elle désirait protéger ses navires marchands des U-Boots, et éviter les innombrables pertes subies quelques mois auparavant, la tactique de la navigation en convoi était la seule à être efficace. Dès lors, sous un soleil de plomb qui entretien une chaleur d’étuve à l’intérieur du U-171, parfois jusqu’à 70° dans le compartiment des diesels au milieu des vapeurs de gas-oil auxquelles se mêlent les odeurs de sueur, d’huile, de graisse, un seul objectif : trouver une proie ! Pour les guetteurs, usant leurs yeux au travers de leurs jumelles à force de scruter l’océan, une obsession : repérer un panache de fumée à l’horizon !


Au poste de veille Fähnrich Kurt Lau auf der Brücke als WO-Schüler Bild : Album Lau bei Stiftung Traditionsarchiv Unterseeboote

Mais les proies sont rares. Les jours défilent entrecoupés par les périodes de repos, les repas peu variés, les quarts, les opérations de maintenance des torpilles dans les tubes, opérations pénibles et peu appréciées des sous-mariniers. La croisière est longue. Dès que les conditions le permettent, et surtout dès que le ciel et la mer semblent désert jusqu'à l’horizon, les hommes s’astreignent à des exercices physiques. Et parfois, lors de quelques minutes de paix, la baignade le long de la coque reste un moment de détente privilégié.



Moments de détente sur un U-Boot - Photos extraites de "Marines magazine"

 

Puis enfin, le 26 juillet, l’homme de veille dans le kiosque signale un panache de fumée à l’horizon. C’est la signature du SS OAXACA, un cargo à vapeur mexicain de 4351 tonnes. L’alerte rapidement donnée, les hommes de quart quittent le kiosque et le U-171 s’enfonce juste sous la surface en direction de sa future victime. Quelques minutes plus tard, ce sont 2 torpilles qui, lancée à 30 nœuds, percutent le vieux cargo.

 Embarquement d'une torpille dans un U-Boot


C’est désormais par 28°23’ Nord et 96°08’ Ouest que le cargo OAXACA (ex allemand HAMLEN) repose pour l’éternité. Parmi les 15 membres de l’équipage, on dénombrera 6 victimes.

La mission du loup gris se poursuit, chacun reprends son poste et inlassablement les veilleurs scrutent à nouveau l’horizon. Leur attention toujours concentrée sur la mer, mais c’est pourtant du ciel que viendra l’alerte. Et ce 1er août, il s’en fallut de peu que la grenade sous-marine lâchée par un Grumman J4F "Widgeon" ne soit fatale au U-171.

 

 Un avion "Grumman J4F Widgeon"                                      

Le 13 août, une nouvelle opportunité d’ajouter une proie à son tableau de chasse se présente au commandant Günther Pfeffer. Ce sera chose faite grâce à 4 torpilles ajustées sur le pétrolier "S.S.  R.M.Parker Jr" de 6.779 tonnes. Quelques obus du canon de 105 mm auront raison du vapeur mais laisseront la vie sauve aux 44 marins qui le servaient.

Le 4 septembre, le pétrolier "S.S. Amatlan" croise la route du U-171. Son destin sera scellé en quelques minutes. 3 torpilles auront raison de ses 6.511 tonnes et mettront fin à la vie de 10 marins sur les 34 que comptait l’équipage.

Le pétrolier Amatlan

LA TRAGEDIE DU U.171 - UNE HISTOIRE... PRESQUE BANALE !

 

Les réserves arrivant à terme, la mission touchant à sa fin, le U-171 entame le trajet de retour vers Lorient. La difficulté de la vie à bord, la promiscuité, l’enfermement, les mauvaises qualités de sommeil, la piètre qualité de la nourriture, le travail  épuisant, l’absence de repères jour/nuit ont profondément marqué l’équipage. C’est donc avec la plus grande hâte que l’équipage du U-171 souhaite retrouver sa base et la fête qui va accompagner ce retour de mission.

 

  La vie à bord

Le 9 octobre 1942, le U-171 se présente au point "Lucie 2", dans l’ouest de Lorient. En raison du danger que représentent les nombreuses mines parsemant les abords des bases des sous-marins allemands, ceux-ci ne peuvent y rentrer que sous une imposante escorte. Ce jour là, le U-171 à 3 heures d’avance et le speerbrecher "Sp 134 Falke" qui doit assurer sa protection n’est pas encore au point de rendez-vous. Le U-171 n’est toutefois pas seul. Plusieurs avions allemands, dont un Junker 52 détecteur de mines, surveillent la zone. Le commandant Pfeffer rassuré par la présence de l’aviation et du Falke qui approche prend l’initiative de faire route vers lui. Mais juste après avoir été survolé par le Junker, le U-171 est soulevé hors de l’eau par une formidable explosion et du pont du speerbrecher on aperçoit une formidable colonne d’eau s’élevant à l’endroit où se situe le sous-marin. Le U-171 vient de sauter sur une mine magnétique que l’avion, lors de son passage, vient d’armer.

Un JUNKER 52 Minesweeper

Le Sperrbrecher SP 134 FALKE (Photos: Plongée Mag)

Le commandant Pfeffer s’aperçoit vite que le sous-marin ne restera pas longtemps à flot et ordonne l’évacuation. Lui-même et une douzaine de marins, présents sur le pont lors de l’explosion ou ayant réussi à s’extraire du U-Boot par l’échelle du Kiosque, se jettent à l’eau. Quelques instants après, le U-171 a disparu.

Il repose maintenant par une quarantaine de mètres de profondeur, emprisonnant le reste de l’équipage. C’est dans le compartiment lance-torpilles avant et dans le poste central que le drame se joue désormais. 22 hommes y sont retenus dans le noir et au milieu des vapeurs de chlore créées par le mélange de l’acide sulfurique contenu dans les batteries et l’eau de mer. Leur seule alternative : l’évacuation par le panneau oblique, équipés de leur appareil respiratoire de sauvetage, le Tauchereuter.


Mais pour ouvrir la trappe de l’orifice de chargement des torpilles, les pressions entre l’intérieur et l’extérieur du sous-marin doivent s’équilibrer. Pour se faire, une seule solution : inonder le compartiment. Ce sera chose faite, 1 heure après le début du naufrage. Et, un à un, les sous-mariniers évacuent le U-171.

En surface, les secours s’organisent. Le drame a eu pour spectateur les marins de 2 navires allemands au mouillage : le "Sp 4 Oakland" qui envoi sur zone sa vedette de servitude et le "Vp-Boot 1421".

31 marins seront secourus et transférés sur le "Sperrbrecher 134" ou ils seront soignés, nourris et habillés de vêtements secs. L’un d’eux, récupéré inanimé, décèdera des suites des brûlures dues a l’entrée d’eau dans la cartouche filtrante de son Tauchretter.

Les survivants du naufrage seront décorés par l’amiral Donitz lui-même. Ils demanderont à rester ensemble sur le U-170, leur nouveau navire. Le Kapitänleutenant Gunther Pfeffer sera le commandant du U-170, puis du U-548. Il est décédé en 1966 à l’age de 52 ans.

Le Kapitänleutnant Gunther PFEFFER Bild : Stiftung Traditionsarchiv Unterseeboote

PLONGEE SUR LE U.171

47°39'481 N - 3°34'861 W

(Extrait de Plongée Magazine Hors-série n° 1/2001) Dessin d'Olivier BRICHET - (Avec accord de son auteur - Toute reproduction interdite)

L’idée a d’abord germé dans la tête de Jean-Yves : "un petit week-end "épaves" du côté de Groix, ça te dirait ?  Je m’occupe d’organiser ça ! Banco !"

Rapidement, c’est 5, puis 7, puis finalement 9 plongeurs, venus d’horizons différents, qui ont répondu OK ! Cathy ne plonge pas mais nous accompagne, et sûrement pas pour assurer l’intendance… Promis Cathy !

Quelques mois plus tard, en septembre, c’est sous un soleil estival que nous mettons à l’eau nos semi-rigides dans le port de Lomeneur et que nous nous installons dans nos bungalows. La météo est prometteuse. Nos bateaux vont rester au mouillage, ancres dans le sable, à une encablure de nos résidences durant les trois jours. Un week-end de rêve s’offre à nous.

(Le port de Lomeneur au petit matin et nos bateaux au mouillage)

L’épave du U-171 est notre priorité. Je me suis beaucoup documenté sur elle et c’est bien sûr vers elle que nos embarcations foncent sur une mer d’huile ce samedi matin.


Rien d’extraordinaire toutefois à plonger sur cette épave, si ce n’est peut être sa relative profondeur, et des milliers de plongeurs peuvent sûrement prétendre de "l’avoir faite !"

D’autre part, pour ceux qui s’intéressent à l’histoire, ils peuvent se procurer les deux livres de Jean-Louis MAURETTE : "Les messagères de l’histoire" et "Les gardiens du silence".

De nombreuses fois, l’épave a fait l’objet d’articles dans les magazines de plongée. Des sites Internet en ont fait des fiches, dont le célèbre http://www.wreck.fr/de Hervé Sévère, et le dessin de l’épave d’Olivier Brichet particulièrement connu. De quoi satisfaire les plus curieux !

C’est donc précisément par 47°39’531’’ de latitude Nord et 003°34'776’’ de longitude Ouest (Europe. 50) que nous jetons nos mouillages. On m’avait prévenu, mais c’est quand même avec surprise et suspicion que, bien que nous ne nous soyons pas préoccupés de l’heure, comme nous avons tout le temps obligation de le faire sur la côte d’Albâtre en raison de la marée, il n’y a aucun courant !

Rapidement équipé, j’attends Yann, mon binôme, confortablement accroché à mon mouillage. Je distingue ma ligne de mouillage sous mes palmes, loin sous la surface, dans une eau d’un vert fluo. Surprenant pour un plongeur comme moi, plus habitué au vert sombre de La Manche en Haute-Normandie. Mon ancre repose sur un fond rocheux à - 36 mètres et c’est avec inquiétude que j’effectue un 360°. L’écho sur mon sondeur était pourtant bien remarquable. Mais la masse arrondie et sombre du U-171 est bien là et après un signe "OK" enthousiaste à Yann, mon appareil photo bien en main, notre exploration commence.

J’ai croché juste au pied du kiosque. Nous le contournons et c’est vers l’arrière du sous-marin que nous nous dirigeons.

 

 

La mer fait son travail de sape et le U-171 a fortement souffert des affres du temps. Mes connaissances en matière de U-Boot sont livresques et j’ai du mal à reconnaître la forme effilée d’un "Loup gris".

Ne subsiste, en effet, que la coque épaisse du sous-marin. La coque plus légère, qui lui donnait son véritable aspect, a été "mangée" par la corrosion. Néanmoins, je reconnais une ouverture comme étant le panneau oblique permettant le chargement des torpilles.

 

 


 

Nous arrivons à la poupe du U-171. On distingue les tubes lance-torpilles et une seule hélice, l’autre étant cachée par la coque. Un poisson plat de roche, un "targeur", se repose sur le moyeu de l’hélice.


Le temps passe rapidement. Je sais que je ne pourrai sûrement pas visiter l’avant de l’épave. Qu’importe, le dessin d’Olivier Brichet me laisse en mémoire l’image de beaucoup de débris informes, mais il faut toutefois que je m’attarde sur le kiosque. C’est donc assez rapidement que nous palmons vers le mouillage. Je tiens absolument à voir le périscope de navigation.

Jean-Louis Maurette dans son livre "Les messagères de l’histoire" le qualifie de « véritable joyau serti dans son écrin d’acier ». Et lorsque je l’aperçois enfin, j’ai le regret de n’avoir pas été l’auteur de cette phrase. Tu as raison Jean Louis, c’est bien une pièce de joaillerie que j’ai devant moi. Je demande encore à Yann de poser sur le kiosque pour immortaliser ce moment et, déjà, mon ordinateur se rappelle à mon bon souvenir. Main sur main, nous entamons notre remontée vers la surface et les quelques minutes de paliers que nous impose cette plongée.


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Cette épave n’est pas sans laisser de trace dans l’esprit du plongeur. Comme l’a dit Jean Louis Maurette dans son récit, le U-171 est devenu une tombe de guerre, une sépulture. Des sous-mariniers ont fait de lui leur cercueil ou ils reposent pour l’éternité. Leur dernière demeure est belle, vivante, et nous attire, mais n’oublions jamais le respect avec lequel nous devons nous comporter quand nous évoluons autours d’elle.

Notre séjour nous a mené sur d’autres "Belles" comme le Falke qui, ironie du sort, a lui aussi coulé devant Groix… Mais ceci est une autre histoire que le GRIEME ne manquera pas de vous conter…

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