ALBERTVILLE

 

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Sources

  • Nom : ALBERTVILLE

  • Type : paquebot mixte

  • Navire similaire / Sistership : Léopoldville coulé à Cherbourg

  • Construction : lancé le 31/1/1928 aux Ateliers et Chantiers de la Loire (St Nazaire)

  • Propriétaire : CMB (Compagnie Maritime Belge, basée à Anvers)

  • Dimensions : longueur 159 m - largeur 18,90 m    

  • Jauge : 11047 tonneaux (Brut)

  • Motorisation : 2 arbres d’hélice entrainés chacun par une machine à vapeur quadruple expansion (1556 cv).
                          La vapeur est fournie par 6 chaudières à 3 foyers.
                          La motorisation est fournie par la firme britannique Hawthorn Leslie & Co. Ltd. (proche de Newcastle).
                          Les machines seront remplacées par des turbines en 1937.

  • Vitesse : 17 Noeuds

  • Coordonnées : latitude : 49° 34,936’ N - longitude : 00° 04,843’ E

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Mardi 11 juin 1940 - Attaque aérienne sur le port du Havre

L'Albertville a cessé d'exister

 

 
 
 

Albertville

Au milieu des années vingt, la Compagnie Maritime Belge (C.M.B.) accompagne par le lancement d’unités de plus en plus importantes, le développement des échanges avec le Congo belge (devenu ensuite indépendant - en 1960 - sous le nom de Zaïre, puis République Démocratique du Congo).

La commande la plus conséquente est adressée aux Ateliers et chantiers de la Loire à Saint-Nazaire. Il s’agit de construire un paquebot de cent cinquante trois mètres de long, pouvant transporter trois cent cinquante huit passagers (Deux cent quarante membres d’équipage).

 

Livré en 1928, alimenté au charbon, l'Albertville, et son jumeau le Beaudoinville entré en flotte un an après, assurent un service postal rapide entre Anvers et Matadi. L’Albertville assurera pendant sa carrière 66 liaisons.



La récession économique des années trente survient. “L’Albertville” est reconverti en navire de croisière et d’exposition, dont la finalité est d’assurer la promotion des produits belges à l’étranger.

En 1936, il subit une cure de rajeunissement aux chantiers de Mercantile à Anvers. L’étrave est affinée, les machines au charbon sont remplaçées par des turbines au fuel. Le paquebot perd une cheminée et gagne deux nœuds.

 
 

 

 

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Oblitération croisières Albertville

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 
 
 
 
Les bombardiers en piqué Stuka sèment la terreur ANNEXE 6

En janvier 1940, l’Albertville est désarmé à Anvers dans l’attente de jours meilleurs.

Le 11 mai, alors que l’armée allemande envahit le pays, la compagnie donne ordre à ses navires de rallier les ports français. L’Albertville embarque alors deux cent seize personnes (principalement des membres de la C.M.B. et leurs familles) et appareille à destination de La Pallice, où il arrive cinq jours plus tard. Il  gagne ensuite Bordeaux ou il est réquisitionné le 16 mai par les autorités françaises car la Belgique a capitulé. Le paquebot est aussitôt repeint en gris.

Sa première mission sera de récupérer en Angleterre les contingents français qui ont réussi à fuir la poche de Dunkerque. Le navire est pour cela sommairement armé de deux mitrailleuses et de deux canons de 75 mm datant de la Première Guerre mondiale. Les munitions sont tout autant périmées que l’armement à tel point que les artilleurs qui doivent servir ces pièces déclarent « qu’il serait extrêmement imprudent de les essayer… »

L’Albertville est ensuite dirigé sur Brest afin d’y être démagnétisé pour échapper aux mines magnétiques régulièrement parachutées par le Luftwaffe aux abords des ports français.

En cette période confuse ou les évènements se précipitent, les ordres sont aussi nombreux que les contrordres. Finalement l’Albertville appareille de Brest le 9 juin à seize heures, en compagnie du Général-Metzinger pour se diriger vers le Havre où ils doivent participer à l’évacuation de la ville.

Arrivés sur place, les ex-paquebots de la CMB découvrent une rade saturée de navires de toutes tailles en zone d’attente. Face à l’engorgement du port, ils doivent aussi mouiller à l’extérieur dans l’attente d’instructions du sémaphore. Au-dessus du Havre stagne l’épais manteau des fumées grasses des raffineries en flammes. Dans la ville, c’est la panique. Au milieu de centaines de véhicules abandonnés, soldats et civiles convergent vers le port pour trouver un embarquement et fuir l’envahisseur allemand. Sur les quais les navires se succèdent. L’ordre, un temps maintenu va céder sous la pression de la population effrayée par les premières bombes lâchées par la Luftwaffe.


Le patrouilleur Saint-Dominique interdit l’entrée du port havrais à l’Albertville. Ce dernier croise alors jusqu’au lendemain entre Octeville et la Grande vallée, au plus près de la côte.

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

Le naufrage

 

 
 
 
 
 

Le lendemain 11 juin à onze heures, un vol de reconnaissance de l’aviation allemande est accueilli par des tirs, dont ceux des 2 canons antiaériens  de 20 mm de l’Albertville. Deux heures plus tard, la première vague de bombardiers s’en prend directement au navire de la C.M.B. qui offre une belle cible.

Quatre bombes tombent à moins de sept mètres de la coque. Le verre des hublots n’y résiste pas et des cabines sont ravagées. L’équipage s’affaire alors à remédier aux dommages. Par mesure de sécurité, l’Albertville se rapproche de la terre et mouille une ancre. Le paquebot pense ainsi bénéficier de la protection des canons de la D.C.A. postés à  sur les falaises de la Hève.

Rien n’y fait. A 14 h 40, une nouvelle vague ennemie surgit de l’horizon. Trois bombes vont toucher l’Albertville. Deux vont tomber dans la cale N° 3 et une troisième à proximité de la coque sur tribord. C’est la déflagration de cette dernière dans une grande gerbe d’eau qui éventrera le flanc du paquebot. Les dommages sont considérables. Les tuyauteries principales de vapeur sont arrachées, les installations électriques et radio hors d’usage, la salle des machines et les cales sont noyées. Nombre de portes étanches ne le sont plus. Le paquebot prend rapidement une gîte sur tribord qui atteint les 25 à 30°. 20 minutes après le début de l’attaque, le commandant Bosquet donne l’ordre d’évacuation, l’équipage fait descendre 4 chaloupes et se dirige vers la côte. Les derniers officiers du bord sont récupérés par le bateau pilote Sénateur Louis Brindeau.

Le bateau pilote s’écarte mais le commandant Bosquet observe que son navire ne sombre pas. Avec le fort courant de marée poussant sur sa surface immergée, l’ancre chasse et le navire commence à dériver. Il demande alors à être reconduit à bord avec ses officiers pour mouiller une 2e ancre, récupérer les papiers du bord ainsi que les deux armes antiaériennes et leurs munitions. C’est chose faite quand soudain, la grande poche d’air de la poupe qui maintenait le navire en surface se crève dans un bouillonnant geyser. Le bateau pilote s’éloigne à nouveau avec les hommes réembarqués et ils assistent, dépités, au naufrage de l’Albertville à 15 heures 45. Seule consolation, le naufrage n’a pas occasionné de pertes humaines.

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LE MOBILIER : ELEMENTS D'IDENTIFICATION DE L'ALBERTVILLE

 

 
 
 
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Le mobilier est par excellence une bonne manière d'identifier une épave. 

Pour le cas de l'Albertville la position est connue, mais il  n'y a aucun doute quand à l'identité de l'épave qui repose à cet endroit. Néanmoins, une confirmation est toujours confortable pour lever le moindre doute.


La vaisselle est assurément l'une des preuves les plus intéressantes.

Nous vous présentons ici une assiette qui, à première vue, ne semblait pas réveler quoi que ce soit ! 

Néanmoins, après quelques séquences de nettoyage et plusieurs prises de vue, on aperçoit très clairement la silhouette des navires de la C.M.B. ainsi que le drapeau de cette compagnie.

Ultime précision, le dos de cette assiette porte les informations suivantes : Anvers Dupont Foudrigniers 1939 - Compagnie Maritime Belge.

 

 
 

 

albert501albert502albert503albert502Vaisselle de l'Albertville siglée au nom de la CMB Compagnie Maritime Belge

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 
 
 
 
 
 

CONDITIONS DE PLONGEE - IMPRESSIONS

 

L'accès se fait par la cale du Havre ou la plage d'Antifer idéale par vent de terre ou vent faible. Attention   un courant soutenu est fréquent, cela nécessite une bonne prise en compte des heures de marée et des coefficients. Il faut être attentif au sens du courant.

Cette épave s'adresse de préférence à des plongeurs ayant une bonne expérience de conditions « délicates ». Si vous voulez visiter cette grande épave dans sa globalité, cela vous demandera alors plusieurs plongées sur un fond de 13 à 20m selon BM ou HM. Malgré sa faible profondeur, une immersion sur l'Albertville s'apparente davantage à une plongée « type spéléo » qu'à une plongée traditionnelle. Il est rare d’avoir plusieurs mètres de visibilité.

(Albertville photo Bertrand Sciboz ANNEXE 4)

 Les lignes de pêche, bouts de casiers et filets trémails abandonnés y sont nombreux. Le fond de sable et les tôles déchiquetées sont recouverts d’une fine pellicule de vase qui s’envolera au premier coup de palme. Ne vous attendez pas à trouver un navire en forme comme son cousin le Léopoldville. Avec le dégât des bombes, les décennies à subir l’action des marées et des tempêtes, et l’arasement des ferrailleurs après le conflit, il est très difficile d’en repérer les parties caractéristiques. On peut même pénétrer dans des espaces intérieurs sans s’en rendre compte. Bref, prudence et fil d’Ariane ne sont pas un luxe.

A la visibilité réduite donc et aux conditions délicates, ont été ajoutés les millions de m3 de vase déposés à la bouée de dépot de dragage d'Octeville, en provenance des entretiens de chenaux d’accès portuaires.  Vous l’aurez compris, la zone comprise entre la pointe de la digue d'Antifer et le Cap de la Hève est depuis encore plus délicate à plonger.

Nous ne pouvons que le déplorer car ce secteur recèle encore de nombreuses épaves intéressantes à "plonger".

En conclusion, une grande prudence et une organisation sérieuse doit être de mise pour "faire l'Albertville".

albertville ANNEXE 4