CHRISPIERRE-DAUPHIN
- Nom : CHRISPIERRE-DAUPHIN
(DZ 184594) - Ancien Nom : Jean-François-Véronique (DZ 184594)
- Type : chalutier (coque bois) immat DP 184594
- Nationalité : française
- Port d'attache : Dieppe
- Construction : en 1972 au chantier Gourlaouen à Audierne
- Propriétaire : non renseigné
- Dimensions : long. 18,26 m - larg. 5,83 m
- Tonnage : 48,17 tx brut
- Motorisation : Diesel de 316 Kw
- Date naufrage : 5 décembre 2008
- Positionnement coordonnées géodésiques : latitude : 49° 53'498 N - longitude : 0° 49'674 E
LE CHRISPIERRE-DAUPHIN S'ECHOUE
CATASTROPHE EN COTE D'ALBATRE- LE CHRISPIERRE-DAUPHIN "QUATRE HOMMES EN ENFER"
Le Chrispierre-Dauphin le 7 octobre dernier
Une fortune de mer, une catastrophe maritime tient souvent à presque rien...
Chaque jour, de par le monde, de nombreux navires sillonnant mers et océans risquent de sombrer. L'importance du trafic maritime n'est pas la seule raison des ces "presques catastrophes". Il suffit de regarder récemment l'actualité en ce domaine pour se rendre compte qu'un bateau s'échoue ici ou là... Comme ce fut le cas sur la Jaume Garde près de Porquerolles en 2008, qu'un autre vient terminer sa course sur le phare du Planier, en rade de Marseille, voulait-il imiter le Chaouen ? Deux exemples parmi tant d'autres, mais pourquoi cela se produit-il encore de nos jours, à l'époque des GPS, satellites et autres instruments de navigation ultras sophistiqués ?
Notre propos n'est pas d'accuser ou de chercher à savoir pourquoi ces évènements se produisent, mais quoiqu'il en soit ce sont des faits qui parfois troublent l'esprit et l'on peut se demander légitimement quelles sont les raisons des incidents ?
Et puis, il y a les drames, nous pourrions presque dire les " vrais drames", des épisodes qui marquent à jamais ceux qui les vivent et qui, avec un courage exemplaire, s'en sortent in extrémis. Telle est l'histoire du Chrispierre-Dauphin qui aurait pu dramatiquement sombrer au fond de La Manche.
Nous pensons que ces histoires méritent de trouver un chapitre sur notre site et qu'elles sont dignes d'intérêt, raison pour laquelle nous leur consacrons quelque lignes.
Comment ne pas évoquer également d'autres échouements le long de la côte d'Albâtre, comme celle du Mona-Lisa dont nous vous retraçons quelques lignes, en bas de cette page, à travers l'histoire de la Compagnie des Abeilles.
Fatalité, erreur humaine, concours de cironstances, ou tout simplement hasard, cette répétition de l'histoire "marque" à coup sûr et à jamais les hommes qui vécurent ces moments. Ainsi, certains navires acheveront leur vie en sombrant dans le fond des océans, d'autres verront la solidarité et la détermination des hommes inverser le sens du drame et enfin nombre d'entre eux termineront leur parcours "à la feraille", comme cela sera le cas pour le Chrispierre-Dauphin.
Et les hommes qui restent alors ? Doit-on balayer d'un revers de manche leur histoire et leur passé ?
LES COULISSES DU DRAME
(Photo DR)
Venant de Port-en-Bessin, et faisant route vers Dieppe, le bateau de 18 mètres naviguait sur une mer démontée. Vers 01h10, le coquillard se trouve en très grande difficulté au large de Sotteville-sur-Mer (76), une zone où les récifs sont légion ! Il y a à bord un équipage réduit de quatre personnes, une chance !
Le patron du Chrispierre-Dauphin décide de lancer un appel de détresse au CROSS du cap Gris-Nez, car il vient de s'échouer par marée montante à proximité de la côte avec une voie d'eau à bord, indique l'officier de 1ère classe Charles Averty des Affaires Maritimes qui coordonne les opérations de secours à partir du CROSS .
La situation de l'équipage s'est en fait très rapidement dégradée car la voie d'eau signalée s'est faite de plus en plus importante au fil des heures. L'eau a commencé à envahir la timonerie.
UN EXTREME SANG-FROID
Les quatre hommes, dont le patron Jean Desmoulins, 38 ans et père de sept enfants, connaissent alors une véritable frayeur à bord de leur bateau balloté par les flots agités, à tel point qu'ils ne peuvent mettre le radeau de sauvetage à l'eau.
Au niveau du CROSS, on déclenche les grands moyens avec des vedettes de la SNSM de Dieppe, Fécamp et Saint-Valéry-en-Caux, ainsi que l'hélicoptère Dragon 76 de la Sécurité Civile et l'hélicoptère Dauphin de la Marine Nationale, en provenance du Touquet.
Les quatre hommes font preuve d'un extrême sang-froid remarque l'officier du CROSS, car les conditions d'attente des secours sont particulièrement délicates, avec l'eau qui ne cesse de monter et l'électricité en panne qui plonge l'équipage dans l'obscurité.
Sur place, les vedettes de la SNSM sont dans l'incapacité de s'approcher du chalutier échoué en raison de la présence de nombreux rochers, mais les sauveteurs aident efficacement à la coordination des secours, indique l'officier Charles Averty.
Un premier hélicoptère arrive sur zone mais se pose un peu plus loin ! L'espoir s'effondre à bord du Chrispierre-Dauphin, les hommes ont alors de l'eau jusqu'au cou. Il faut attendre l'arrivée d'un second hélicoptère.
Le Dauphin de la Marine Nationale est équipé d'un treuil et les opérations d'évacuation commencent. Heureusement l'équipage est réduit. En effet, ils ne sont que quatre par rapport aux six membres que compte habituellement le coquillard.
Si le navire avait été armé avec son équipage au complet, un drame humain se serait alors probablement produit lors de l'hélitreuillage ; le dernier et quatrième marin ayant été extrait "in extrémis". En effet, le patron du navire fait preuve de courage et aide un par un ses "gars" aux délicates manoeuvres d'hélitreuillage.
il se met carrément sous l'eau pour porter le plus jeune sur ses épaules afin qu'il attrape le harnais de sauvetage. C'est d'ailleurs le patron qui a le plus souffert du froid. Aux dires des témoins, dont Christiane Decure bouleversée par la catastrophe : "Il n'avait plus de couleurs dans l'ambulance..."
Que serait-il advenu à deux hommes supplémentaires, alors que l'eau avait envahi la quasi totalité du navire ?
Quelques jours plus tard, le patron du navire et Christiane Decure se rendront sur la plage de Sotteville pour voir leur bateau. Un moment très dur que de retrouver ainsi son navire à l'abandon sur le sable. Le patron déclarera alors que pour lui le temps avait été interminable, qu'il lui avait semblé que les hélicoptères avait mis un temps incroyablement long pour intervenir. Il enchainera en disant que heureusement il y avait eut le téléphone portable, chargé, c'est ce qui les a sauvé ; cela a permis "tenir compagnie" aux hommes en leur disant que, de la terre, on voyait les secours, des lumières arriver, même si cela était faux, mais il leur fallait garder espoir.
UNE ISSUE "HEUREUSE"
L'hélicoptère parviendra à extraire l'ensemble de l'équipage, qui sera déposé à proximité de Sotteville-sur-Mer où il sera immédiatement examiné par les médecins urgentistes des sapeurs-pompiers.
Sains et saufs mais choqués, il faudra du temps à chacun pour panser les blessures morales d'une telle catastrophe. Au delà de la perte du navire, il convient de ne jamais oublier l'extrême dureté du travail des marin-pêcheurs et les conditions difficiles dans lesquelles ils exercent leur activité au quotidien pour nous apporter coquilles Saint-Jacques, poissons et autres produits de la mer.
C'est au péril de leur vie que ces hommes courageux prennent à chaque fois la mer, avec chaque fois à l'esprit tous les riques inhérents à leur métier. Même si la mer est leur "gagne-pain", il ne faut jamais oublier le prix qu'elle fait payer à ces hommes pour vivre, et parfois "survivre" !
UNE EPAVE, TOUJOURS UNE TRAGEDIE
Au délà de l'hommage que le GRIEME souhaite rendre à ces marins, aux sauveteurs et à celles et ceux qui ont oeuvré pour porter secours, il convient de garder bien présent à l'esprit que le Chrispierre-Dauphin symbolise parfaitement la tragédie d'un incident majeur à bord d'un navire.
Le GRIEME souhaite garder intacte la mémoire des hommes et des navires qui reposent aux fonds des mers. Que cela soit des navires civils ou des bâtiments de guerre coulés dans des circonstantes "particulières", nous ne voulons pas que toutes ces tragédies sombrent une seconde fois, dans l'oubli.
C'est bien le sens et l'objectif de notre association, porter à la connaissance de tous l'histoire des "fortunes de mer" et des catastrophes qui ne trouvèrent pas une même fin "heureuse" que le Chrispierre-Dauphin, aussi douloureux que soit cet épisode, pour que la mémoire reste bien présente et vivante !
TEMOIGNAGES PAR LES IMAGES VUES PAR LE GRIEME
|
FIN DE VIE DANS UN COIN DE CHAMP QUELQUE PART EN NORMANDIE
Le Chrispierre-Dauphin va donc terminer sa vie nons loin de la mer sur laquelle il aura navigué pendant des années.
Après avoir reçu le coup fatal, le navire agonisera face aux falaises de la côte d'Albatre. Au grand désespoir de sa
propriétaire et des hommes qui le servaient, le chalutier restera ainsi sous les regards des curieux ; impuissant à pouvoir repartir vers le destin qui est celui de tout navire de pêche, au large.
Et puis la "mise à mort" définitive s'approchera. Le navire, sera "mis à terre" définitivement. Déchiquetté pour les coups de pelle d'une grue mécanique, écartelé, anéanti et réduit en morceaux.
La plage sera ainsi nettoyée de toute trace du drame et il ne restera plus que la mémoire des hommes et quelques lignes dans un journal local pour se souvenir de la fin tragique du Chrispierre-Dauphin.
Tout comme le Coralline, dont nous évoquons la bien triste histoire dans notre ouvrage La Saga des épaves de la côte d'Albâtre - Tome 1 (page 37), le chalutier dieppois sera totalement disloqué.
Cliquer sur l'image pour agrandir et lire l'article
Le GRIEME a retrouvé les dernieres pièces du navire, quelques débris déposés dans le coin d'un champ appartenant à
l'entreprise chargée de l'enlèvement du chalutier. Nous vous ofrons les dernieres images du Chrispierre-Dauphin.
REMERCIEMENTS AUX ETABLISSEMENTS MASSIF ET FRERES
Cavée Verte à Manneville-es-Plains qui nous ont permis de réaliser ces dernières images
REMERCIEMENTS - SOURCES DONNEES PHOTOS TERRESTRES : GRIEME
A lire sur le site de la Préfecture Maritime Manche - Mer du Nord
Article des Informations Dieppoises à lire également