LAPLACE

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  • Nom : LAPLACE

  • Type : Frégate

  • Nationalité : Française

  • Construction : Non Renseigné

  • Propriétaire : Non Renseigné

  • Dimensions : Longueur : 92 mètres, Largeur : 11 m, Tirant d'eau : 4,30 mètres.  

  • Tonnage : 1400 Tonnes

  • Motorisation : Machine alternative à graissage forcé de 5500 cv alimentée par une réserve de 700 tonnes de mazout

  • Vitesse : 19 Noeuds

  • Armement : Non Renseigné

  • Naufrage :  Non Renseigné

  • Coordonnées géodésiques : Non Renseigné

  • Autres: Le personnel à bord est composé de 7 officiers, 79 sous officiers, quartiers maîtres et marins et de 6 spécialistes météo civils.

Le Laplace (Le LAPLACE) Crédit photo : D.R.

PRÉAMBULE

Il fait plutôt "frisquet" et il y a peu de monde sur le sentier littoral de Saint-Cast qui doit me mener au monument commémoratif du naufrage du LAPLACE. Devant moi, le fort Lalatte se dresse sur la falaise, et au milieu de la baie de La Fresnaye. Je distingue le petit point coloré de la bouée de "danger isolé" qui signale l'épave et à coté de laquelle j'ai mouillé mon bateau ce matin pour une plongée hivernale.

Le monument se dresse devant moi à un détour du sentier, et je me sens envahir par le même sentiment de respect devant cette pleureuse en prière enveloppée dans sa longue chape de deuil que j'ai ressenti ce matin devant la coque retournée du LAPLACE par moins vingt mètres de fond.

HISTORIQUE

Pierre Simon, Marquis de LAPLACE (1749-1827) grand mathématicien et astronome dont le nom avait déjà été attribué à une corvette en bois (1850-1879) et à un sous marin (1913-1937) ne s'est jamais douté que son nom serai associé à une tragédie maritime !

Silhouette du Laplace

Pierre Simon Marquis de LaPlace

Le LAPLACE a d'abord  été un destroyer américain, l'U.S.S. LORAIN  du nom de la ville de l'Ohio ou il a été construit en 1943. Il est incorporé dans l'U.S. Navy en 1944 puis il est racheté par la

France en 1947 ainsi que ses trois «sisters ships» qui deviennent le F13 LAPLACE , le F14 MERMOZ, le F15 LEBRIX et le F16 LEVERRIER.

Ces bâtiments sont la propriété du ministère des travaux publics qui en assure la direction technique, mais sont armés par du personnel de la Marine Nationale et disposent du statut de navire de guerre. Ils sont alors transformés en frégates météorologiques par l'arsenal de Brest. Dès 1920, la France avait été l'une des premières nations à s'intéresser à la création de stations météorologiques flottantes. Leurs missions étaient de collecter des renseignements (vents, état du ciel, visibilité, hauteur de plafond, pression atmosphérique, précipitations, hauteur des vagues, présence de glace... etc.). Cet ensemble d'informations était transmis à la station radio de la "Royale" puis acheminé sur la météorologie nationale à Paris pour être "dispatché" à tous les services météorologiques européens. Un échange international est aussi établi entre l'Europe et les U.S.A. Un système symétrique fournissait à Paris des informations en retour en provenance de différentes nations.

Du point de vue aéronautique, les frégates météorologiques eurent aussi le rôle de guider les avions, contrôler leurs positions et aider les appareils en difficulté.

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 HISTOIRE

Le 22 août 1950, le LAPLACE a appareillé de Brest, son port d'attache pour une mission de 21 jours au point Klebert situé dans l'Atlantique par 45° nord et 15° ouest à environ 300 nautiques au large du Cap Finistère. Le but étant de rester autant que possible à l'intérieur d'un petit carré de 10 milles marins de coté centré sur ce point et si l'état de la mer ne le permet pas, de naviguer à l'intérieur d'un grand carré de 210 milles dont le navire ne doit pas sortir. Parfois ,une intervention sanitaire pour un blessé ou un malade à bord d'un thonier ou d'un autre navire rompt la monotonie de la vie a bord.

Le 14 septembre, relève effectuée, le LAPLACE fait route vers le port de Saint-Malo ou il doit participer le dimanche 17 aux festivités pour l'inauguration des nouvelles portes d'écluse. Pour avoir signalé la marche d'un cyclone vers l'Est, nul navire n'était mieux renseigné que le LAPLACE pour savoir que dans la nuit du 15 au 16 septembre, il fallait mieux s'assurer d'un havre bien protégé.



Quand le commandant se rend compte que tout est perdu, il donne l'ordre d'évacuer ! La plus grande partie du personnel a quitté le navire à la nage, accrochés sur deux radeaux. Ils se dirigent ainsi vers Saint-Cast. Le navire n'a pas mis plus de douze minutes pour se retourner.  L'arrière repose sur le sable, alors que l'étrave émerge de quelques mètres. Le second Schloessing ainsi que quelques membres d'équipage s'y accrochent toute la nuit !

Une partie des rescapés qui tente de regagner Saint-Cast sera repoussée par un courant contraire au pied du Fort Lalatte. Un autre groupe dérive sur un radeau vers le large ! C'est seulement le lendemain matin vers 11 h que le pétrolier Port Lyautey réussit à les secourir. Un pêcheur de Jersey recueille aussi à son bord quelques survivants.

A terre, le bruit de l'explosion a réveillé bien des gens qui ne se doutent pas de l'importance du drame qui se déroule en mer.

Pour des raisons budgétaires le sémaphore de Saint-Cast a été désarmé il y a seulement quelques mois (il sera ré-ouvert à la suite de cet événement) et ce n'est qu'au petit matin que les secours sont déclenchés. Monsieur Legoff, un vieux marin pêcheur, apprenant le naufrage se hâte vers le LAPLACE et porte secours aux survivants transis sur l'étrave du navire retourné.

Vers 7 h, après des heures de nage, quelques rescapés frappent, épuisés, à la porte de l'hôtel Bellevue près du Fort Lalatte. Un pêcheur recueille encore "quelques nageurs" qui, au levé du jour, ont  quitté l'épave en direction de la côte.

Le docteur Leguet, alerté, prodigue des soins aux marins choqués, gelés et couvert de mazout. Les premiers corps découvert sur les plages sont dirigés vers Saint-Cast ou est érigée une "chapelle ardente". Un bateau pilote de Saint-Malo recueille un noyé. Un quart d'heure plus tard, le même navire repère un radeau avec 9 hommes vivants et deux morts. Puis ce sont six hommes exténués et accrochés sur un autre radeau qui sont amenés à bord.

Le corps du commandant Remusat est retrouvé le 22 septembre près de Granville. Ainsi, jusqu'au 26 septembre, la mer  restituera petit à petit les victimes de cette tragédie.

Le Laplace dans une mer formée

 

C'est ainsi que vers 16 heures, le commandant REMUSAT et son second, le lieutenant de vaisseau SCHOESSING donnèrent l'ordre de mouiller à l'abri dans la baie de La Fresnaye entre la pointe du Cap Frehel  et la pointe de Saint -Cast. Ce soir là, personne ne descendit  à terre ! Après que chacun eut effectué la tâche qui lui revenait ou assisté à une séance de cinéma, tout l'équipage (en dehors du personnel de veille) gagna sa couchette. La frégate LAPLACE, ses feux allumés parait devoir passer une nuit tranquille.

Le Laplace
 
 

 

Vers 0 h 15 mn, une formidable explosion soulève le navire. Une mine magnétique allemande dont la baie de La Fresnaye avait été garnie durant l'occupation. Armée par les passages successifs du LAPLACE, l'engin explosif vient de faire sa triste "besogne" et ouvre ainsi une énorme brèche à bâbord entre la salle des machines et les locaux des services météorologiques.

 

 

 

Tout de suite, le navire gîte sur tribord et se remplit d'eau jusqu'au pont principal. Une gigantesque nappe de mazout se répand tout autour. Dans la nuit, quatre radeaux sont mis à l'eau. La baleinière, le youyou et les plates sont écrasés sur eux même lors du "saut du bateau" au moment de l'explosion. La vedette de sauvetage est impossible à mettre à l'eau en dehors de conditions normales. Par malheur, deux de ses radeaux surchargés de blessés et mal dégagés sont pris sous la coque quand le LAPLACE sombre.  Les mécaniciens et chauffeurs de quart, blessés, sortis de la salle des machines inondée, l'ingénieur météorologiste COLCANAP et un second maître (dont la jambe est cassée), réfugiés dans la vedette en attendant leur évacuation sont également engloutis.

Le Laplace
Vu dans le journal Les Ports

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 
 
 
 
 
 

EMOTIONS DE DOMINIQUE

"Je lis un à un les noms des victimes sur les deux plaques en bronze recouvertes de vert de gris qui ornent le monument. Leurs actes d'héroïsme relatés dans la presse et les rapports de la marine me reviennent en mémoire.

Ce marin qui plongea sept fois dans le mazout pour sortir ses camarades de situations périlleuses. Cet autre qui, après avoir aidé un naufragé à gagner la côte, mourut d'épuisement en touchant la grève.

Le commandant Remusat, qui après avoir intimé à son fils passager, l'ordre d'évacuer, se laisse engloutir avec son navire.

Le second Schloessing à qui on propose une place sur un radeau, refuse de quitter ses hommes accrochés a l'étrave du bateau retourné.

Le médecin de 1 ère Classe Curcier dont son infirmier témoigna l'avoir vu sur le pont donner sa propre brassière de sauvetage et refuser ensuite celle que lui proposait l'officier Hautcoeur qui lui même, pour inciter le docteur à l'accepter, lui déclarait «on aura plus besoin de vous que de moi !»

Le momument érigé à la mémoire des victimes du Laplace
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

RECIT DE PLONGEE

Attention le LAPLACE est interdit à la plongée depuis le 21/09/2009 - Voir arrêté ci-joint


 

 

La bouée danger isolé du Laplace (La bouée danger isolé du Laplace)


Les 55 cv de mon bateau nous mènent en une dizaine de minutes du port de Saint-Cast à la bouée signalant l'épave. Il faut encore quelques minutes pour localiser au sondeur le LAPLACE à environ 150 mètres dans le sud ouest de la balise. Le fond est à - 22 mètres (marée haute) et l'épave très importante, il est extrêmement facile de la trouver.

La pleureuse du Laplace

 

Le LAPLACE vu par Michel TORCHE (Le LAPLACE vu par Michel TORCHE - Plongeur dessinateur au GRIEME)

 
 
 
 
 
L'Hélice

L'ancre a croché ! Nous descendons le long du mouillage. L'eau est froide, 5°, mais assez claire. Le LAPLACE repose sur le sable, à l'envers. Les deux grosses hélices de chaque coté du safran se découpent dans le vert.

A l'extrémité des arbres d'hélice, la cassure due à l'explosion apparaît. Impossible de s'aventurer dans la salle des machines, mais avec un bon phare, je peux m'engager vers la partie avant. Beaucoup de ferraille rendent l'exploration délicate. Dans le contre jour, un banc de tacauds s'écarte devant moi. La tête d'un respectable congre rentre dans un tube. 

Je sors par une brèche à ma gauche et je longe la coque en direction de l'étrave. Beaucoup de coquilles Saint-Jacques et , devant moi, un "Saint-Pierre" me fait face.

Juste avant la proue, une autre petite ouverture permet de faire une incursion en toute sécurité à l'intérieur de l'épave et de découvrir au dessus de sa tête........ des lavabos ! Je ressors, toujours coté gauche, et, quelques mètres plus loin, je découvre une ancre encore à poste. L'autre est assez loin de l'épave, au bout de sa chaîne, là où il s'était posé le 15 septembre 1950. Je contourne l'étrave, et je longe toute la coque en direction de mon mouillage. Il y a beaucoup plus de débris de ce côté là et beaucoup de "vieilles" au milieu de quelques laminaires accrochées à la ferraille.

Le courant se faire sentir plus sensiblement, il est temps de remonter, d'autant que le froid commence à m'engourdir sérieusement. Je m'attarde néanmoins quelques instants en surface pour faire un tour d'horizon. Là bas sur la falaise, je cherche le monument. C'est décidé, cet après midi j'irai m'y recueillir.

"Bon tu sors ou quoi ? ça caille ! C'est vrai, je ne suis pas tout seul"

 
 
 
 

Dominique RESSE - Plongeur à L'A.A.C.(76 - Seine Maritime) Ami du GRIEME au moment de la rédaction de cette fiche (Mai 2006) Membre en devenir.... en décembre 2007

Dominique RESSE

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

SEQUENCE PHOTOS

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

     CREDIT PHOTOS SOUS-MARINES Dominique RESSE Reproduction interdite sans autorisation

 
 
 

 

 

DES VICTIMES A NE JAMAIS OUBLIER

Liste des victimes du Laplace

 

TEMOIGNAGE et EMOTION