Le Canot Numéro 4

 

Le Navire
Le Naufrage
Mémoire

Si le GRIEME vous invite bien souvent à découvrir des épaves "significatives" de la côte d'Albâtre, de Méditerranée ou bien d'ailleurs, il n'en demeure pas moins que notre attention se porte également vers de bien plus frêles esquifs, tels que les canots de sauvetage.

Il est évident que compte tenu de la taille de ces embarcations, de leur matériau de fabrication et de leur fin tragique, il est assez difficile d'en retrouver des vestiges susceptibles de faire l'objet de plongées sous-marines. Faut-il pour autant les oublier ?

Nous avons choisi dans cette page de vous présenter brièvement l'histoire du "Canot N° 4".

L'histoire d'hommes courageux, téméraires, qui n'hésitèrent pas à mettre leur vie en péril afin de sauver d'autres vies.

 

 

 

L'HISTOIRE

 

 

  Une forte tempête sévit en Manche ce 26 mars 1882. 


Au Havre, le sémaphore vient de signaler un navire en détresse. En effet, fuyant la tempête, un sloop de pêche de Saint-Vaast-la-Hougue, le Vivid s'est engagé dans l'estuaire de la Seine et devient vite inmaîtrisable aux abords des bancs de sable et de galets que forme le banc d'Amfard et sa Gambe (mentionné en rouge sur la carte ci-contre).

En quelques minutes, Henri LECROISEY, le patron du bateau de sauvetage N° 4 de la Chambre de commerce du Havre, réunit dix lamaneurs.

Henri est né à Trouville le 9 mars 1839, il vient d'avoir ses 43 ans.

Il y a là, avec lui :



Edouard Leblanc, né au Havre le 11 février 1830
Paul Dessoyer, né à Harfleur le 11 juin 1832
Ernest Moncus, né à Honfleur le 24 octobre 1828
Pierre Olivier, 40 ans
Alphonse Meneleon, 39 ans
René Leprevost, 51 ans
Victor Jacquot, 36 ans
Edouard Cardine, 32 ans
Eugène Varescot, 27 ans
Henri Fosse, 23 ans.

 

Il est 10 heures du matin lorsqu'ils s'élancent courageusement dans les flots tourmentés au devant du sloop de pêche qui talonne sur le banc.

Tout à coup, un violent coup de vent surprend l'équipage du canot et renverse celui-ci, anéantissant brutalement les 30 minutes d'efforts héroïques qui viennent de s'écouler.

Les 11 hommes vont mourir, la tête brisée par les flots furieux et étouffé par la vase. Quand au Vivid, il périt défoncé sur le banc d'Amfard, emportant avec lui ses six hommes d'équipage, Georges Germain, Nicolas Maurouard, Adolphe Laverge, Louis Lepresle, Victor Certain et Emile Colin.

Plus de 100 000 personnes venant du Havre et des environs, mais aussi de Rouen et de Pont-Audemer, assisteront aux obsèques à Notre-Dame.

Un monument sera érigé en l'honneur de ces courageux marins, monument transféré plus tard au cimetière Sainte-Marie du Havre.

 

 

 

 

 

"AUX BRAVES SAUVETEURS LA VILLE RECONNAISSANTE"
LE 26 MARS 1882

 

 

C'est l'épitaphe que l'on peut lire sur la colonne de cet étrange monument, entouré de dix gisants aux écritures effacées par le temps.

Quel événement tragique c'est déroulé ce jour-là ?

C'est la question que l'on se pose devant celui-ci, au milieu du cimetière de Sainte-Marie, sur les hauteurs de la ville du Havre.

La réponse se trouve en partie aux archives du fort de Tourneville, non loin de là, dans le journal de l'époque : « Le journal illustré du Dimanche du 9 avril 1882 ».