HYPOLITE WORMS

Le Navire
Hypolite Worms
La Compagnie
Construction
Naufrage
La Plongée
Sources

  • Nom : Hypolite Worms

  • Type : cargo

  • Nationalité : française

  • Construction : lancé le 14 août 1882, chantier Lobnitz & Co à Renfrew (en aval de Glasgow sur le Clyde)

  • Propriétaire : Worms, Josse & Cie. (Worms & Cie à partir de 1895)

  • Dimensions : longueur 72,54 m - largeur 9,63 m – prof. cale 5 m  

  • Tonnage : 1118 tx Brut / 717 tx net

  • Motorisation : machine double expansion (235 cv) du même constructeur
                          chaudières en 1924 : deux fournies par Dyle et Bacalan de Bordeaux

  • Naufrage :  16 mars 1924 abordé par le Sarthe dans le brouillard

  • Coordonnées géodésiques : latitude : 49° 35,754' N - longitude : 00°03,938’ E

  • Autres : 24 membres d'équipage

Hypolite Worms ANNEXE 1

Tableau de l’Hypolite Worms sortant du Havre

(Archives Worms M. Lebailly)

 

 
 
 
 
 
 

Histoire du fondateur de la maison Worms :

 

Le fondateur de la compagnie Worms est né le 8 novembre 1801 à Metz, issu d’une famille de commerçants originaires d’Allemagne et réputée dans le négoce des étoffes. Nous retrouvons Hyppolite Worms en 1829, dirigeant à Rouen la maison « Worms, Heuzé & Cie » en tant que commissionnaire en gros de draperies, toiles peintes, etc. Le 16 août 1837, il épouse à Nancy, Sephora Goudehaux, issue d’une famille de banquiers. Hyppolite Worms entre donc dans une des succursales située à Paris, jusqu’en juin 1841, date de la dissolution de la société « Garçon Jacob Goudehaux ».

Il fonde alors la maison « Worms », implantée au 46 rue Laffitte à Paris, en tant que marchand banquier. Hyppolite Worms se lance dans les affaires, la finance et le commerce, formant alors les deux pendants de sa profession. Ces affaires consistent à acheter et vendre des marchandises, telles que les charbons belges, le coton de Floride, la fonte d’Ecosse et de Belgique, le café d’Haïti et de Java, les plâtres parisiens, l’indigo aux Indes etc.

Les produits sont stockés au Havre et à Rouen, puis revendus au moment le plus propice, selon les cours. Grâce aux prix négociés sur les tonnages élevés et réguliers ainsi que les tarifs obtenus auprès des Chemins de Fer naissants, il élargit rapidement son aire de distribution. Nous sommes en plein développement de la construction, de l’agriculture et de l’industrie.

En 1848, il se risque dans le métier florissant de négociant importateur de charbon anglais. En quelques années, il ouvre des succursales dans les ports charbonniers de Grande Bretagne ainsi qu’au Havre, Bordeaux et Marseille. En achetant le charbon directement aux mines, il pratique des prix de vente inférieurs qui lui permettent d’obtenir des marchés importants, comme celui de la « Marine française », des « Messageries Maritimes » et de la « New York and Havre Steam Navigation & Co », ainsi que plusieurs compagnies de navigation privées .

En 1864, il implante la maison mère au 7 rue du Scribe, près du palais Garnier. Les activités principales à l’époque sont alors et dans l’ordre : le négoce des combustibles, l’armement maritime (importation de charbon anglais), le cabotage international avec le transport pétrolier, l’assurance et la banque « Worms & Cie ».

Hyppolite Worms s’éteint le 8 juillet 1877, à l’âge de 76 ans. Le 2 mars 1878, la Worms s’installe au 45 boulevard Haussmann.

M. Hypolite WORMS
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 Création de compagnie maritime Worms :

 

 
 
 
Pub charbon Worms 1920

Les affaires étant florissantes, entre le charbonnage et les transits de fret divers, il convient de limiter, autant que faire se peut le recours aux intermédiaires extérieurs pour le transport maritime. Jusqu’à présent, la Worms avait des parts dans le capital de la société d’armement maritime anglaise l’« Anglo-French Steam Ship Co Ltd », ce qui lui permettait de disposer de navires.

En 1856, la compagnie fait lancer en Angleterre ses deux premiers navires pour son propre compte, c’est le début de la flotte Worms. Il s’agit de deux cargos en fer à hélice, le Séphora et l’Emma. Les lignes de charbon et fret divers vont être créées entre la Grande Bretagne, Bordeaux, Le Havre et Hambourg. Les besoins en bois landais, pour les poteaux électriques et les traverses de chemin de fer, vont lui faire créer une entreprise à Barsac, qui livrera ses produits par cargos entiers avec les lignes Bordeaux-Rouen et Bordeaux-Anvers.

Les six bateaux lancés jusqu’en 1870 n’excédaient pas 1000 tonneaux. Durant les deux décennies suivantes, sept nouveaux navires (dont l’Hyppolite Worms) grossiront la flotte Worms & Cie, jaugeant de 1000 à 1200 tx. Les marchés mondiaux, tellement nombreux, nécessitent néanmoins toujours le recours à d’autres compagnies maritimes.

Sur le plan national, la concurrence est rude avec la Compagnie des Chemins de Fer. Il s’agit pour être compétitif de moderniser les navires : plus de volume, plus rapide et des moyens de levage plus modernes et autonomes. En 1891, la Worms prend livraison de deux vapeurs de 2050 tx, dotés d’une machine à triple expansion leur permettant de naviguer à 12 nœuds. Les plus vieux navires sont revendus et d’autres subissent une refonte, avec changement de chaudière et de machine. Trois navires de 2050 tx viennent encore étoffer la flotte en 1895. Quelques navires vont sombrer, d’autres atteints par l’obsolescence seront ferraillés ou revendus, remplacés par l’achat à d’autres compagnies de caboteurs plus modernes, le Barsac de 2600 tx (cinq cales) est lancé.

Pavillon et couleur de cheminée WORMS

 


 

 
 
 
Annexe supplémentaire a mettre dans l'onglet compagnie WORMS

La Worms & Cie possède 18 navires (32790 tx) quand éclate la Première Guerre mondiale. Bien que cinq caboteurs supplémentaires soient construits durant le conflit, elle en perdra 10 au total (13375 tx). La compagnie, malgré son effectif amputé, aura à cœur de maintenir en activité ses lignes de cabotage entre les ports français. Face à la pénurie de navires au sortir de la guerre, l’Etat français va favoriser la reconstruction navale par des aides. La Worms en bénéficiera et établira son propre chantier de construction navale (huit cales) le long de la Seine, dans le village du Trait, en aval de Rouen.

Dès lors, les constructions vont être nombreuses pour satisfaire l’ambition de la compagnie de rayonner sur tous les ports d’Europe. La Marine nationale commandera notamment au chantier 22 bâtiments.

Nous vous conterons la suite, à l’occasion d’une autre chapitre consacré à un navire de la Worms…   

 
 

 

 

 chantier WORMS au Trait

 Lancement du 1er navire en 1921 au Trait ANNEXE 5'

1921 : Lancement du premier navire au chantier

 

 

  

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 
 

En 1882, la maison « Worms & Cie » du Havre fait lancer au chantier écossais Lobnitz & Cie, à Renfrew, la construction de son 12e bateau. Il s’agit d’un vapeur de 73 m qui portera le nom du fondateur du groupe, le SS Hyppolite Worms.

Les navires de la compagnie sont jusqu’à présent tous construits suivant un même schéma : ils sont essentiellement destinés aux transports de marchandises diverses et, en particulier, de vin en barriques bordelaises et en caisses. Ils sont donc très compartimentés, possèdent quatre cales et quatre entreponts. Ils sont dotés d’un gaillard d’avant, d’une dunette et d’un château central qui abrite des marchandises chargées en pontée.

L’Hyppolite Worms est équipé d’une machine à vapeur bicylindre compound de 235 chevaux, fournie par le constructeur du navire, et de deux chaudières construites par la société Dyle et Bacalan de Bordeaux.

Il jauge 1118 tonneaux et a pour port d'attache le Havre.

Il vient de subir en 1922 une refonte complète aux chantiers Worms du Trait.

 

 

plan Hypolite WORMS ANNEXE 6

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

Le brouillard va provoquer une rencontre fatale à l'Hyppolite Worms

 

 
 
 
 
 
Maquette Hypolite WORMS ANNEXE 7
Nous sommes au matin du 16 mars 1924. L’Hyppolite Worms, continu imperturbablement ses trajets entre les ports français de la façade Atlantique et la Mer du Nord. Ses 42 ans de service en font maintenant le plus vieux navire de la Worms & Cie. Ce jour-là, provenant de Dunkerque, il est en approche du Havre. Il évolue à allure réduite dans un épais brouillard et donne périodiquement un coup de sirène. De son côté, le grand vapeur anglais Sarthe, de 125 m de long, appartenant à la Royal Mail de Londres, est arrivé au Havre il y a quelques jours. Il y a débarqué cuirs, crins, cochenilles, etc, en provenance du Brésil. Il repart maintenant avec d’autres chargements, pour Anvers et Hambourg.

 


 

 


A peine sorti du port, le Sarthe s’enfonce dans la brume cotonneuse qui tapisse la rade du Havre. Les cornes de brumes et cloches vont bon train dans cette « purée de pois », inhabituelle en cette saison. Malgré la prudence requise, la rencontre soudaine avec le cargo de la Worms va être inévitable. L’Hyppolite Worms se trouve à 4 milles de la Hève quand l’homme de vigie aperçoit le Sarthe arrivant sur bâbord. Une manœuvre d’évitement est tentée mais, déjà, la distance séparant les deux navires est trop courte et le cargo anglais s’encastre dans son flanc. La violence du choc est telle que le commandant de l’Hyppolite Worms comprend tout de suite que ce sera le dernier voyage de son navire. L’eau envahit rapidement le compartiment machine et le chauffeur échappe in-extremis à la noyade.

Un SOS est lancé et la compagnie des Abeilles envoie sur les lieux ses remorqueurs 9 et 17. Immédiatement après, l’officier donne ordre à ses hommes de mettre les chaloupes à la mer et d’abandonner le navire. Seule victime à déplorer, un matelot qui se blessera sérieusement en sautant dans une des embarcations. L’équipage assiste avec désolation au naufrage de l’Hyppolite Worms. En 20 mn, il s’enfonce par l’arrière dans un bouillonnement. Les flots s’apaisent, le silence retombe, seul un mât affleure en surface. Les hommes seront récupérés plus tard par le Sarthe et l’abeille 17. Les navires resteront quelques temps sur les lieux et déposeront l’équipage vers midi au Havre.


 
 
 
 
 
 
 

La Worms avait déjà perdu un navire pour cause de brouillard

Voici l’histoire bien étonnante de ce naufrage qui méritait d’être racontée.

En 1884, la compagnie Worms achète le Frigorifique (oui, c’est son nom) pour étoffer sa flotte.

C’est un navire de conception assez identique à l'Hyppolite Worms, lancé deux ans plus tôt. De construction anglaise (1869), il mesure 64 m. Il a été racheté à un prix très intéressant à la Société des Viandes Fraiches de Rouen qui le maintenait désarmé depuis cinq ans. Après quelques rénovations et aménagements, le Frigorifique est affecté comme simple cargo sur la ligne régulière Bordeaux / Rouen.

Nous sommes le 19 mars 1884 (quasiment 40 ans avant la collision précédemment racontée). Le Frigorifique remonte une cargaison de vin de Bordeaux vers Rouen. Le navire progresse au milieu d’un épais brouillard dans les parages très fréquentés de l'île de Sein, à la pointe bretonne. Surgissant subitement du blanc opaque, le charbonnier britannique Rommey ne peut éviter le navire de la Worms et l’éperonne.
Au vu des dégâts et de l’importante voie d’eau, le pensant perdu, l’équipage l'abandonne hâtivement avant le naufrage. Les hommes sont immédiatement récupérés à bord du vapeur anglais. Deux milles plus loin, alors que le brouillard est toujours présent, le Rommey aperçoit la silhouette d’un navire ressemblant au Frigorifique, passant furtivement et silencieusement à proximité. Celui-ci disparaît dans la brume aussi soudainement qu’il est apparut !

Peu de temps après se produit une troisième rencontre dans le brouillard. Un navire surgit sur son flanc et le Rommey ne peut échapper à l’abordage. C’est dans un énorme fracas de tôles et de bois que les marins arrivent à lire le nom sur la coque du navire abordeur. Il s'agit du Frigorifique !

Le charbonnier britannique coule sous les yeux des deux équipages réfugiés dans les canots de sauvetage en dérive, entraînant avec lui cette fois le Frigorifique.

On apprendra un peu plus tard par le timonier que ce dernier n'avait pas eu le temps de stopper la marche du navire et que la vitesse "avant lente" avait été maintenue... le navire tournait en rond.

Frigorifique de la WORMS ANNEXE 8
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

C'est une épave très intéressante, hélas peu plongée à cause de sa proximité avec la côte et du manque de visibilité.  Les flancs sont couchés par tronçons sur tribord (orientation 120), ainsi que les mâts, mais la poupe est restée posée bien droite, exhibant son hélice quatre pales. Le safran tombé git au sable. Bien que l’épave de l’Hyppolite Worms soit d’un seul tenant, elle est étalée sur près de 90 m et le fil d’Ariane pour retrouver le mouillage n’est pas un luxe avec la turbidité de l’eau (qui augmentera si vous laissez les palmes sur le fond et agitez la pellicule de vase).


Dessin épave Hypolite WORMS ANNEXE 9

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

Sources :

Journal de Rouen du 17/03/1924

Ouest Eclair du 17/03/1924

Registre Loyd’s 1918