DUKW
CARACTERISTIQUES DU DUKW
Conception : Sparkman and Stevens Inc. Moteur : GMC - Général Motors Company 270, 6 cyl., I-I-W-F, 4 417 cc, 104 ch. à 2 750 tr/min
Nombre de DUKW construits : 21 247
Longueur : 9,45 m - Largeur 2,50 m - Hauteur 2,70 m Garde au sol : 0,30 m
Poids à vide : 6.560 kg - Poids en charge : 9.450 kg Charge utile : 2,5 t sur terre et 5 t sur l'eau
Vitesse max. : Sur route 70 km/h - En mer 10 km/h soit 5,5 noeuds Autonomie : Terre 385 kms - Eau 80 kms Armement : mitrailleuse Browning de 12,7 mm Canon de 105 mm HM2
Equipage : 2 hommes - 25 personnes max. avec équipement.
CONSULTER LE MANUEL TECHNIQUE COMPLET DU DUKW
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(DUKW US Army - Débarquement en Provence) Crédit photo : D.R.
PRÉAMBULE
Il est difficile de concevoir que les temps de guerre sont souvent propices à des avancées non négligeables de la science et de la connaissance humaine. La seconde guerre mondiale n'échappe pas à cette règle et il est aisé de citer, parmi les plus connues, des inventions qui sont encore largement d'actualité de nos jours : les fusées des ingénieurs Werner Von Braun et Hermann Oberth, des recherches sur des moteurs surpuissants tel que le BMW, le domaine des données cryptées avec le machine Enigma, les travaux autours de radars mais aussi des sonars, les premiers avions à réaction, le Projet Manatthan, la miniaturisation des composants électroniques, l'apparition du caoutchouc synthétique, les premiers nylon, la pénicilline et toute la chirurgie relative aux blessures de guerre notamment la médecine nucléaire. Passons sous silence, l'ensemble des expériences menées sur des êtres humains, évidemment très largement condamnables, mais qui, force est de le constater, débouchèrent sur certaines découvertes.
Attardons nous quelques minutes sur les véhicules spécifiques qui virent le jour en ces années troublées. Engins de mort tels que les Sherman, Panzer, Orgues de Staline ou engin de servitude, les hommes rivalisent d'ingéniosité pour mettre au point, adapter et créer de nouveaux véhicules au rang desquels figure le fameux DUKW.
Le GRIEME vous propose de découvrir l'épaves d'un DUKW rarement plongé, souvent ignoré voire même quasiment jamais au programme plongée des structures locales. Il est vrai que, si le visiteur n'est pas un amateur de tôle, cette épave peut vite apparaître comme inintéressantes au possible.
A contrario, notre association estime que, si petit soit ce site, il mérite néanmoins une visite.
C'est donc dans cet esprit que nous vous présentons ce véhicule amphibie de La Croix Valmer pour lequel Jean-Pierre Joncheray consacre quelques pages dans son ouvrage "100 épaves en Côte d'Azur de La Ciotat à St Tropez".
(DUKW US Army) Crédit photo : D.R.
UN PEU D'HISTOIRE
Le GMC DUKW 353 remonte à 1941.
Le gouvernement Américain avait besoin de véhicules capables de traverser les rivières, de faire les navettes entre bateaux et terre en l'absence de ports afin de décharger marchandises, munitions, armes et parfois personnels.
La première présentation du DUKW ne convaincu pas vraiment l'armée américaine, mais c'est lors d'un sauvetage en mer qu'il arriva à se faire reconnaître comme un excellent véhicule.
En effet, c'est lorsqu'un patrouilleur américain des gardes côtes s'échoua près de Princetown dans le Massachusetts, et que la mer, tellement démontée, ne pouvait permettre le sauvetage par voie classique (navires conventionnels de sauvetage), qu'un DUKW en démonstration vint sauver les 7 hommes.
Il se dit que le secrétaire d’État américain à la guerre annonça au président F.D. Roosevelt : « Il y a deux nuits, un camion de l’Army a sauvé l’équipage d’un bateau de la Navy en perdition ».
Curieusement, après ce fait de "bravoure", l'engin fut soudainement apprécié et l'US Army décida d'en commander deux milles.
Le DUKW 353 est un véhicule amphibie qui fut conçu en 1941 par la firme Sparkman and Stevens Inc. (qui lui ont donné la possibilité de naviguer en mer) pour le compte de l'armée américaine sur la base du fameux camion GMC AFKWX 353 6x6. La conception finale sera réalisée par quelques ingénieurs de Yellow Truck & Coach à Pontiac dans le Michigan.
Au cours de la Seconde Guerre mondiale, environ 21 247 unités furent produites. Le premier essai eut lieu le 3 juin 1942 à Milford dans le Michigan.
Le DUKW arriva dans l'armée américaine à partir de 1942.
L'ensemble des caractéristiques techniques de ce véhicule sont disponibles dans le manuel du DUKW, une centaine de pages pour tout savoir sur ce fameux "canard".
Cet engin disposait de 6 roues motrices ainsi qu'une hélice en acier pour "avancer" dans l'eau. Sur la terre ferme, il se déplaçait évidemment avec son moteur et ses roues. Dans un premier temps il fut utilisé pour les entraînements de débarquement, pour ensuite participer à de réels débarquements, que ce soit en Italie, Afrique du Nord, Normandie, Provence ou dans le Pacifique. Son succès vint également de sa grande capacité de chargement, soit 25 hommes bien équipés ou 2.368 kg de matériel.
The Royal Navy during the Second World War The campaign in Normandy, June 1944 La Royale Navy durant la Seconde Guerre mondiale La Campagne de Normandie © IWM (A 24173)
A priori, le nom DUKW semble provenir tout simplement d'une terminologie militaire reprenant les éléments suivants :
. D = Première année de fabrication du premier modèle, soit 1942 . U = Pour "Utility" définir qu'il s'agissait notamment d'un véhicule amphibie . K = Pour préciser que toutes les roues étaient motrices (6X6) . W = Pour indiquer un train de roues doubles à l'arrière.
D'autres noms pourraient expliquer le terme de DUKW (Exemple : Dual Utility Kargo Waterborne) !
Ce qui est beaucoup plus connu, c'est que cet engin se vit rapidement affublé de la part des GI's du surnom affectueux de "duck " (canard), ce qui en soi n'était pas totalement faux vu son allure, son adaptation à l'eau et à la terre et enfin sa manière de se comporter sur les deux éléments. Autre nom évoqué, celui de "Magoo" ou "Vieux Magoo", mais l'origine de cette appellation reste incertaine et inconnue.
Outre sa conception originale, le DUKW était équipé d'une pompe de cale qui permettait de le maintenir à flot en évacuant l'eau qui s'infiltrait. Le DUKW a aussi été le premier véhicule militaire qui permettait à son conducteur de faire varier la pression des pneus grâce à une petit appareil nommé Speir (Invention du Colonel Franck SPEIR - US Army). Ainsi, les pneus pouvaient être bien gonflés pour des surfaces dures telles que les routes et moins gonflés pour des surfaces plus douces, en particulier sur des plages de sable. De nos jours, cette fonctionnalité est très courante sur de nombreux véhicules militaires.
A droite, indicateur de variation de pression des pneus
Durant la période ou furent construits les DUKW, c'est à dire en gros entre 1942 et 1945, plusieurs modifications seront apportées à la version d'origine :
- . ajout de projecteurs, . installation d'un pare-brise, . mise en place d'une capote . pose d'une plaque de blindage frontale de 13 mm repliable
Le DUKW fut mis à l'épreuve du feu dans le Pacifique à Guadalcanal et en 1943 en Italie, plus précisément en Sicile lors de l'Opération Husky qui est le nom de code donné au débarquement des troupes britanniques, américaines et canadiennes, déclenché le 10 juillet 1943. L'ouverture d'un second front en Europe, réclamée par Staline.
Le DUKW ayant largement prouvé son efficacité, dès lors, on le retrouvera sur de nombreux terrains d'opérations comme l'Afrique du Nord, l'Europe (notamment lors du débarquement de Provence, plus particulièrement à Cavalaire), mais également dans le Pacifique, à la fameuse bataille d'Iwo Jima.
Bien entendu, le DUKW sera aussi présent le "Jour J", lors du débarquement en Normandie, le 6 juin 1944 apportant son soutien lors de l'assaut de la fameuse Pointe du Hoc.
Enfin, le "Canard" poussera vers l'est avec l'ensemble de l'armée américaine, franchissant le Rhin pour poursuivre sa route libératrice vers Berlin.
Le DUKW continuera son service pendant la guerre de Corée.
De nos jours, il reste encore plusieurs de ces engins en état de fonctionnement.
Ainsi, il est toujours possible de croiser un DUKW lors d'une commémoration militaire en Normandie ou ailleurs, lors d'un rassemblement de passionnés de véhicules militaires, sur un rond point, sur l'une des zones ou l'engin débarqua, voire même le DUKW est encore utilisé comme transport de touristes comme à Londres ou à Boston aux USA.
DEBARQUEMENT EN PROVENCE
Ce n'est pas sans difficulté que les Alliés s'étaient mis d'accord sur le principe d'un débarquement dans le midi de la France, coïncidant avec celui de Normandie.
L'opération "Anvil", rebaptisée "Dragoon", fut envisagée pour la première fois en 1943, à la conférence de Québec.
Le plan se heurta aussitôt aux réticences des Britanniques, qui souhaitaient engager la stratégie alliée en direction des Balkans. Mais toutes les objections furent balayées par les américains, allergiques à toute opération en Méditerranée orientale.
Dès la fin de 1943, un état-major baptisé "Force 165" s'établit à Alger et commença la préparation "d'Anvil" qui, primitivement, devait démarrer en même temps qu"Overlord".
Malgré les tentatives de Churchill, les américains ne cédèrent pas et le britannique se heurta au refus poli mais ferme d'Eisenhower pour qui la France était un théâtre décisif. Une opération dans le midi de la France ferait sortir la bataille de Normandie de sa stagnation, fixerait les divisions allemandes, assurerait la possession de ports importants et protégerait le flanc gauche des armées alliées au moment de la rupture.
Au début d'août, tout est fin prêt et le débarquement en Provence va commencer !
Le rapport de force est clairement en faveur des alliés, que cela soit sur terre, dans les airs ou sur mer. Face à la "poussière navale" de la Kriegsmarine, les forces alliées atteignent plus de 500 bâtiments, dont 5 navires de lignes, 25 croiseurs, 9 porte-avions d'escorte, 87 destroyers et 64 escorteurs. La contribution française, sous les ordres du contre-amiral Lemonnier, comporte un cuirassé, la Lorraine, 9 croiseurs, 10 destroyers et 6 avisos.
Le 14 août, vers 22 heures, l'énorme armada approche les côtes de France.
L'opération est presque exclusivement américaine à l'exception de l'armée B française sous les ordres du général de Lattre de Tassigny dont une partie s'est illustrée en Italie.
L'armée B aligne deux divisions blindées et cinq divisions d'infanterie. Le débarquement est prévu pour le lendemain 8 heures. Le Levant et Port Cros sont pris sans difficultés. Côté français, les 750 hommes du Lt Colonel Bouvet réussissent, après quelques déboires, à prendre le Cap Nègre et la batterie qui le surmonte. Le débarquement principal sera un succès complet.
Après une intense préparation aérienne et navale, des détachements de trois divisions U.S. débarquent sur les plages Alpha (Cavalaire et Pampelonne), Delta (Bougnon, La Nartelle) et Camel (est de Saint-Raphaël).
Les DUKW seront largement présents sur les différentes plages de débarquement, y compris à Cavalaire/La Croix Valmer ou plusieurs de ces engins se retrouveront par le fonds pour des raisons qui demeurent inconnues.
CONDITIONS DE PLONGEE SUR LES DUKW(S)
L'un des premiers plongeurs a avoir systématiquement visité le plus grand nombre d'épaves la partie est de la Méditerranée, a avoir consigné le résultat de ses observations dans différents manuels tels que Naufrages en Provence, les Cahiers d'archéologie subaquatique ou des ouvrages comme "100 épaves en Côte d'Azur de La Ciotat à St Tropez" ou dans le fascicule n° 19 des Naufrages en Provence est sans conteste Jean-Pierre Joncheray. L'approche systématique et quasi scientifique de ses immersions a favorisée la connaissance de nombreux sites de plus ou moins grandes importances dont les DUKW pour lesquels le Raphaelois évoquait les éléments suivants.
Les deux DUKW et un LCVP sommeillent non loin de la plage de Cavalaire. Distants de quelques centaines de mètres, les deux engins amphibies ne sont pas tout à fait dans le même état.
L'un repose à l'envers sur un fond de sable, pneus encore en bon état, un peu comprimés par la pression. Vu de dessus, c'est le fond de l'engin que l'on observe, avec quelques plaques métalliques, des ponts, un enchevêtrement de tuyauteries et tringles diverses. Le treuil arrière est bien visible.
L'épave est encombrée de corps-morts, pneus emplis de ciment, bouteilles de gaz comprimé (type bouteille tampon). Plusieurs bidons en plastique flottent à l'avant de l'épave. Une chaine a été vue très légèrement à l'écart de l'épave. Le DUKW est modérément colonisé.
Le second DUKW est nettement plus proche de la côte posé à l'endroit sur un fond de posidonies qui le surplombent. Les roues et le châssis dépassent du sédiment. On peut observer, entourés par quelques débris, des parois métalliques étanches, le moteur, la tringlerie, les manettes, l'arbre d'hélice avec son hélice difficile à reconnaître, il est vrai. Le volant et la carrosserie ont disparu. Non loin de cette seconde épave se cache dans les posidonies une très belle nacre.
Enfin, il est probable qu'une tentative de ré implantation de moule ait été tentée, en vain, dans cette zone car on retrouve un curieux dispositif en forme d'éventail qui aurait pu servir de supports à de jeunes moules. (Voir notre diaporama).
En 2012, fort peu de choses ont bougées et nous constatons que la description faite par Jean-Pierre Joncheray reste totalement d'actualité. Appuyé par un dessin (voir ci-dessus) très fidèle du site réalisé en 1988 par Urs Brunner, la découverte par le plongeur n'en est que facilité.
LOCALISATION - ACCES WGS 84 A l'est du port de Cavalaire 43°10,986 N - 06°33,386 E 43°10,905 N - 06°33,612 E Port d’accès conseillé : Cavalaire
Dessin d'Urs Brunner - Juillet 1988
SEQUENCE PHOTOS & VIDEOS AVEC LE GRIEME SUR LES DUKW
VIDEOS
LONGUE VIE AUX DUKW
A l'issue de la second guerre mondiale, de nombreux engins militaires ont été abandonnés sur place, cédés à des entités publiques ou privés, remis à des musées. De nos jours, un certain nombre de particuliers passionnés consacre leur temps libre à entretenir, réparer et faire revivre ce matériel. Ici et là des magasins spécialisés se sont consacrés au négoce de ce type de "produit".
Quoique ce soient les motivations des uns et des autres, c'est une sorte de seconde vie plus pacifique qui est réservée aux chars, camions GMC, Half-track, Jeeps et bien entendu, le DUKW n'échappe pas à cette règle. Ainsi, nous vous présentons ci-dessous quelques images d'un de ces engins amphibies fierté de son propriétaire. Signalons simplement que la maintenance de ces véhicules nécessitent un investissement financier conséquent et le temps de remise en état ne se compte même plus... cela s'appelle la passion !
Nous remercions à cet effet, JEEP VILLAGE d'Eguilles dans les Bouches du Rhône qui nous a gentiment autorisé à publier les images ci-dessous.
REMERCIEMENTS
Imperial War Museum Sgt William Heller et sa famille Netmarine
Guillaume Rueda
Jean-Pierre Joncheray
Urs Brunner Espace Mer - La Tour Fondue 83
Jeep Village à Eguilles
EN DECOUVRIR PLUS SUR LES DUKW Ouvrages de Jean-Pierre Joncheray
Présentation vidéo des Cahiers d'archéologie subaquatique via la journée du DRASSM 2013