LIBAN
- Nom : Liban
- Type : Paquebot en fer
- Nationalité : Ecossaise - Française
- Construction : Chantier Napier - Glasgow
- Propriétaire : Compagnie Fraissinet
- Dimensions : longueur : 91 m, largeur : 11 m - Creux de 8,13 m
- Tonnage : 2308 tx
- Motorisation : Machine à vapeur de 2150 ch à triple expansion
- Vitesse : 12 noeuds
- Armement : Navire civil
- Naufrage : 7 juin 1903
- Coordonnées géodésiques : 43° 12’ 50 N - 05° 20’ 31 E
Au premier plan, le LIBAN dans le port de MARSEILLE.
Regardez la bâche tendue à l'arrière du bateau, c'est elle qui fera plusieurs victimes lors du naufrage
HISTOIRE DU LIBAN
Construit en 1882 à Glasgow aux chantiers Napier, le LIBAN était un ancien des campagnes de Madagascar et de Chine. Il venait de subir une révision complète qui avait coûté 295 000 F. Son armateur était de la compagnie Fraissinet, de Marseille, encore connue sous le nom de Compagnie Marseillaise de Navigation à Vapeur.
LE NAUFRAGE
Le 7 juin 1903, à 11 h 30, le LIBAN part du port de Marseille pour Bastia en Corse. Le commandant Lacotte et son second, Rolland, ont un équipage de quarante trois personnes dont vingt-deux Corses. Il y a à bord, vingt sept sacs de courrier, cent quarante huit passagers munis de billets et un certains nombre d’autres passagers en cours de régularisation. Il fait un temps splendide, la mer est calme, de nombreuses barques de pêche se trouvent dans la rade. Lorsque le LIBAN double Tiboulen de Maïre, se présente en face en provenance de Livourne, Nice, Toulon, le paquebot INSULAIRE, affrété par la même compagnie. Les deux navires sont cap sur cap, et préviennent chacun qu’ils infléchissent leur route sur tribord. Si la manoeuvre du LIBAN est franche, celle de l’INSULAIRE est limitée par la présence de l’île sur sa droite. Le commandant du LIBAN, interprétant cette difficulté de virer franchement à droite comme un virage à gauche, commet l’irréparable : il commande « A bâbord toute », et présente ainsi son flanc à l’INSULAIRE qui l’éperonne au niveau du mât de misaine.
Il est 12h10. Le LIBAN va couler !
Dans les dernières minutes qu’il reste, le comandant LACOTTE tente de l’échouer en équilibre sur la passe des Farillons. Dans un dernier effort, le paquebot s’en rapproche, mais trop rempli d’eau, il s’enfonce, la poupe se relève, et bientôt l’hélice sort de l’eau. Le navire n’est plus manoeuvrable et c’est le drame… Les passagers massés sur le pont du navire à l’arrière, sous les bâches les protégeant du soleil, ne savent pas que ces toiles les piégeront pour toujours, les entraînant au fond.
En juin, par mer calme, au milieu de la journée, le nombre des victimes dépassera les craintes les plus pessimistes !
La compagnie l’estime à quatre-vingt dix environ ! très vite, les secours arrivent : il y a là le PLANIER, le BALKAN, le BLESCHAMP, le RALSOUZI, une multitude de barques de pêche. L’INSULAIRE, faisant eau, fuit vers Marseille, on le lui reprochera plus tard.
Le décompte des survivants et des cadavres durera longtemps !
La dernière victime de la catastrophe : un scaphandrier !Dès le lendemain du naufrage, la compagnie envoie deux scaphandriers explorer l’épave dont les mâts sortent encore de l’eau. Les deux hommes, PITTORINO et CAPADONI sont effrayés par le spectacle des cadavres coincés sous la bâche tragique. Le premier jour, ils en remontent huit, trois enfants, quatre femmes et un homme. Par trente mètres de fond, leur besogne se poursuit plusieurs jours. Ils ont rapidement de la concurrence, car le syndicat des inscrits maritimes décide, lui aussi, d’envoyer ses scaphandriers CASTALDI et ANTICEVITCH.
Il faut dire que le torchon brûle entre la compagnie et les représentants des marins, l’affrontement allant jusqu’aux injures. Ainsi, chaque matin, c’est a qui arrivera le premier, et a qui remontera le plus de cadavres ou de sacs de courrier. La NOEMIE des marins travaille presque bord à bord avec le COTIER de l’armateur.
Le rythme de travail est démentiel, par trente ou trente cinq mètres de profondeur, et l’inévitable se produit : à sa cinquième plongée au plus profond du navire, à l’arrière, ANTICEVITCH se sent mal. Il remonte cependant, mais son état empire. A l’époque, le seul remède consistait en frictions et vin chaud. Il décède sur la NOEMIE à l’âge de 56 ans.
EMPLACEMENT
Le LIBAN se trouve sur la face sud de l’île Maïre. La proue contre les Farilhons (en occitan), voir même Farillons (selon la littérarture) ou encore Pharions ou Pharillons (terme le plus exact à priori) du large, la poupe orientée vers Tiboulen de Maïre.
Il est sensiblement parallèle au rivage sud-ouest de cette grande île abrupte et dénudée. Les Farilhons sont deux îlots prolongeant la face est de l’île Maïre vers le large.
COORDONNÉES
43° 12’ 50 N - 05° 20’ 31 E
PROFONDEUR
La proue encastrée dans les rochers se trouve à 32 m de fond. La poupe au plus profond repose à 36 m.
L’épave à une hauteur de cinq à six mètres au dessus du fond.
ENSEIGNURES OU AMERS
Ils ne sont pas nécessaires : on plonge à l’ouest du Farillon du large, on cherche et on trouve ! L’intérêt des épaves jetées à la côte est qu’on peut pratiquer les paliers le long des rochers.
ACCÈS PLONGÉE
Ils sont multiples. Petit, mais proches, le port du Cap Croisette, la calanque de Callelongue (par mistral), le port des Goudes (par vent d’est). Plus gros, le port de la pointe rouge : grand, pratique, surpeuplé. Plus éloigné, le vieux port de Marseille, ses milliers de bateaux de plaisance, et son eau… douteuse. L’île Maïre est un phénomène d’inaccessibilité : falaises à pic, sauf sur sa face nord, opposée au site du Liban…par contre, en nageant normalement, on peut atteindre les Farillons en partant de la terre. Attention malgré tout aux nombreuses embarcations en période estivale !
CONDITIONS DE PLONGÉE
Accessible par mistral, impraticable par vent d’est, inconfortable par vent d’ouest ou de sud-ouest, le site est abrité des passages des bateaux, peu éloigné de la côte, et le mouillage est facile. La profondeur reste à la portée de tous les plongeurs expérimentés et, en général, l’eau y est claire car peu remuée par les courants. La présence des falaises proches est plutôt sécurisante, car l’expérience prouve que les paliers à la côte durent plus longtemps que ceux ou le plongeur est suspendu à sa « ficelle ».
LA PLONGÉE
Le Liban est peut être l’épave la plus plongée de Provence, en raison de sa proximité de Marseille, et de son intérêt : un grand navire encore bien conservé malgré ses plus de 100 ans, lourd d’un passé historique, dont les moindres recoins sont à visiter. La proue contre les Farillons est écrasée sur la roche. Les bossoirs subsistent et une ancre est encore à poste. Le pont en bois c’est conservé, mais les mouvements de la coque l’ont déplacé, ondulé même.
Les superstructures, si elles sont parfois demeurées en place, ont aussi glissé sur le sable, telle une immense cabine qui gît à quelques mètres sur tribord. Si la cheminée n’existe plus, deux mâts au moins, de section énorme, se sont posés sur le sable, à tribord. Plusieurs chaudières se sont échappées des entrailles du vapeur, dans sa partie médiane, et ont parfois roulé de quelques mètres. L’inclinaison générale du navire est d’ailleurs plus accentuée à l’arrière. L poupe semble coupée du reste de l’épave et encore plus inclinée. Sous un gouvernail immense, sa voûte demeure bien conservée.
Le LIBAN est couvert de gorgones de toutes les couleurs et de nombreux poissons l’ont colonisé… Il n’est pas rare d’y croiser des espèces de pleine eau, bonites ou thons.
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
- 250 belles plongées en Méditerranée : n°45 - Sub Océan, portrait d’épaves de Jean Pierre Joncheray et Urs Brummer - Naufrages en Provence : fascicule n°4 de Jean Pierre Joncheray
CARTES
5190 : Cap Couronne au Bec de l’Aigle 5318 : Golfe de Marseille Avec l'autorisation de Jean-Pierre JONCHERAY et Urs BRUMMER que le GRIEME remercie vivement
Remerciements également à Dany Loridon pour son dessin