SAGONA OU GREC
- Nom : Sagona
- Type : Cargo
- Nationalité : Française (port d'attache : Marseille)
- Construction : Construit en 1912, par Dundee S.B. Co Ltd, pour la Compagnie Newfoundland Produce Co Ltd
- Propriétaire : Newfoundland Produce Reid Newfounland L'état Culliford Associated Line Zarati
- Dimensions : Longueur 53,30 m Largeur 8,60 m
- Tonnage : 808 tonneaux
- Motorisation : Machine à vapeur Puissance 900 Cv
- Vitesse : Non Renseigné
- Naufrage : Date du naufrage 23 décembre 1945 Cause du naufrage
Heurte une mine et explose dans la Grande Passe - Coordonnées géodésiques : 42°59,68 NORD - 06°16,89 EST
- Autres : Commandant du navire lors du naufrage Capitaine ODDOU
Équipage entre une trentaine et une quarantaine d'hommes
La poupe du Sagona vue par le GRIEME
PRÉAMBULE
Il s'agit d'un naufrage sans grand retentissement que celui de ce petit cargo à la limite de la vétusté, armé en 1945, sous pavillon de complaisance, par des Grecs.
Aucune publicité n'entoura cette perte. Jean-Pierre Joncheray, spécialiste des épaves de Méditerranée, ne parvint pas à recueillir une monographie importante sur le sujet autre que celle qu'il a publiée dans son ouvrage "Portrait d'épaves en Méditerranée". Néanmoins, cette épave est l'une des immersions mythiques des eaux varoises. On peut qualifier cette plongée de 4 étoiles sans aucune hésitation !
En effet, non loin du "voisin" le Donator, le Sagona est superbement colonisé d'une incroyable variété d'espèces de poissons : bien sûr les traditionnels nuages de castagnoles, mais aussi de nombreux dentis, mérous, murènes, congres, rascasses, rougets, sars... La vie s'est également accrochée sur le navire et de superbes gorgones ondulent ici et là. La faune et la flore donnent un aspect extrêmement vivant à cette magnifique épave.
HISTOIRE
(Aquarelle de Dany LORIDON - Toute reproduction interdite sans autorisation)
Le Sagona, ou plus couramment appelé "Grec", n'a donc pas une histoire exceptionnelle. Les informations relatives à ce navire ne sont pas nombreuses.
Construit en 1912, par Dundee S.B. Co Ltd, pour la Compagnie Newfoundland Produce Co Ltd, le Sagona est vendu en 1914 à la Reid Newfoundland Co. Puis en 1923 au gouvernement et en 1941 aux Culliford's Associated Lines Ltd. Finalement en 1941, à l'âge de 27 ans, ce vapeur n'intéresse plus grand monde.
Une compagnie grecque, dont le siège est à Panama, le reprend alors. Le Sagona coulera ainsi sous le pavillon de Zaratti S.S. Co. Ltd.
En résumé, une longue carrière, mais rien à signaler ! Voilà comment pourrait se conclure l'histoire du SAGONA.
POURQUOI "GREC" ET NON SAGONA ?
Bien vite, le nom de l'épave fût oublié. Les plongeurs prirent l'habitude de nommer ce navire, construit en Grande-Bretagne et Panaméen lors de son naufrage, "le Grec" ! Mais pourquoi donc ?
Tout simplement parce que ses papiers de bord et documents, récupérés sur l'épave quelques temps après le sinistre, étaient rédigés en grec , bien que le navire soit immatriculé dans un état où l'on parle l'espagnol.
Ainsi, ce navire est couramment appelé par ce surnom, plus que par son vrai nom de baptême : Sagona.
D'OU VENAIT LE SAGONA ?
Les journaux, pénurie de papier faisant loi, étaient assez minces à cette époque. Le commandant était certainement informé du danger des mines dérivantes entre Porquerolles et Port-Cros, mines qui avaient causé, le 10 novembre 1945, soit à peine plus de trois semaines auparavant, la perte du Prosper Schiaffino (autrement appelé Donator).
Il n'empêche que le drame se répéta le 3 décembre 1945, exactement selon le même scénario : le Sagona, chargé de tonneaux de vin, sauta sur une mine à quelques centaines de mètres au nord-est du lieu du premier naufrage.
Plus petit que le Prosper Schiaffino, il subit néanmoins de plus gros dégâts : l'explosion le coupa littéralement en deux et le bâtiment coula immédiatement. Il y eut deux morts et un disparu.
LOCALISATION DU SAGONA 42°59,68 NORD - 06°16,89 EST
UNE ÉPAVE EN TROIS MORCEAUX
(Aquarelle de Dany LORIDON - Toute reproduction interdite sans autorisation)
Non loin du Prosper Schiaffino ou Donator, légèrement plus vers le nord et vers l'est, le cargo a donc coulé dans les mêmes circonstances que son illustre voisin.
A noter que 400 à 500 mètres séparent les deux épaves, qui sont elles même situées à 1.500 m à l'est du Petit Sarranier.
Le "Grec" est divisé en trois morceaux dont deux principaux :
- Une partie avant disloquée, relativement petite, penchée sur bâbord repose par 46/47 mètres de fond, un mât couché sur le sol (très intéressant pour la prise de vue).
- A une centaine de mètres, les parties centrale et arrière (la majeure partie de l'épave).
- Un troisième et dernier morceau (superstructure), gît non loin de la partie précédemment citée. A noter que les deux morceaux principaux sont voisins, parallèles et en sens inverse, à moins d'un mille à l'est du Petit Saranier. Ci-contre une partie de la cheminée.
La poupe se présente hélice orientée vers les Sarraniers, cassure tournée vers Port-Cros. L'axe est à peu près nord-ouest/sud-est. La proue n'est pas parallèle, mais à peu près à 45°, étrave tournée vers le nord-nord-ouest.
L'épave principale est dans l'axe du courant dominant, souvent fort, soit est-sud-est.
Chacun de ces trois morceaux a son intérêt pariculier. Attention néanmoins à ne pas s'aventurer sur l'avant si un courant trop fort est présent sur l'épave...
Patience ! Il est préférable d'attendre le bon moment, votre récompense n'en sera que plus grande. Vous découvrirez une ambiance magique et grandiose, bien que cette partie de l'épave soit relativement modeste, mais oh combien photogénique. Qui sait, avec une superbe visibilité, vous aurez aussi peut-être la chance de voir apparaître au loin, la forme de la partie principale !
Le sable grossier, coquillier, est, comme autour du Prosper-Schiaffino, creusé par le courant et recouvert de rides et de traînées de grappins ; quelques blocs de concrétions sont recouverts d'algues et il n'est pas rare de trouver de nombreux débris métalliques !
L'explosion a sectionné le navire au tiers avant. La partie arrière demeure la mieux conservée et, indiscutablement, la plus jolie.
Le bâtiment, peu ensablé, est posé bien droit sur sa quille, hélice sortant au trois quarts, par -47 mètres.
Le haut de la cheminée est à environ -34 mètres, le pont à environ -40 mètres, soit un dénivelé de 13 mètres environ.
Les parois de l'épave sont recouvertes d'un peuplement dense de gorgones qui ont aussi envahi les coursives, magnifiques de couleurs.
Une échelle qui descend du pont sur le sable, et les bossoirs, évoquent l'évacuation qui a suivi le naufrage.
Une partie de la cheminée est demeurée en place mais bien abîmée, à la limite de la fracture causée par la mine.
Les superstructures arrières sont bien conservées, recouvertes d'une espèce de toit dont ne subsiste que l'armature en treillis et, par les panneaux de cales béants, on peut facilement pénétrer à l'intérieur. En s'attardant un peu, on distingue parfaitement la machine triple expansion. Une promenade sur le pont donne un agréable aperçu de cette épave qui est "une grande classique" de la région.
L'hélice, si elle n'est pas aussi impressionnante que celle de son illustre voisin, n'en n'est pas moins intéressante et vaut le coup d'oeil.
Les coursives entourent les superstructures dans lesquelles on peut pénétrer par le haut, à travers des barrots parallèles dénudés par le pourrissement du bois des ponts. La lumière qui entre à flot à l'intérieur de la carcasse métallique, met en valeur les moindres recoins du navire.
De l'arrière vers l'avant, on trouvera donc : une poupe en excellent état, surmontant un safran et une belle hélice en fer, une cale entourée de treuils, des superstructures centrales où l'on distinguait encore, il n'y a pas si longtemps, les sanitaires. Plus loin, la cuisine, les W-C., au centre le panneau machine, une autre cale éventrée.
Sur le flanc tribord, une échelle descend du pont vers le sable. Les hublots ont disparu et l'intérieur peut être exploré, mais avec prudence.
Légèrement en avant, sur tribord, des superstructures affaissées renferment encore des câbles électriques.
Enfin, si les conditions sont favorables, il est toujours intéressant de faire une incursion sur la partie avant qui est particulièrement photogénique. Située à environ une centaine de mètres de la partie principale, on en fait le tour assez rapidement. A noter, un mât couché au fond à bâbord.
Le charme de ce cargo est dû en grande partie à la profondeur somme toute raisonnable, mais aussi à la succession des coursives entourées de gorgones. Hormis le Togo à Cavalaire, aucune autre épave ne présente un tel peuplement si harmonieusement réparti entre les barrots du pont supérieur et le bastingage. Parfois apparaissent de véritables dentelles où le plongeur s'insère, se faufile, entre les tubes métalliques au décor violet, gris et noir.
En résumé, le Grec est une petite épave très plaisante à "visiter". Bien qu'exposée au sud-est de Porquerolles, la plongée est souvent agréable et il n'est pas rare d'avoir une mer totalement "pétole" (plate).
Remerciements - Bibliographie
Anne & Jean-Pierre Joncheray
Portrait d'Épaves et/ou 100 épaves en Côte d'Azur de La Ciotat à St Tropez