ACACIO
- Nom : ACACIO MANE ELAS
- Type : Non Renseigné
- Nationalité : Non Renseigné
- Construction : Shikoku Dockyard Co - Takamatsu/Japon Classe M/V Année de mise à l'eau 1973
- Propriétaire : Non Renseigné
- Dimensions : Longueur 100 m Largeur 15,52 m Tirant d'eau 5,67 m
- Tonnage : Non Renseigné
- Motorisation : Moteur diesel lent Construction sous licence Blohm und Voss
6-42 VT2BF-90 de Hitachi Zonsen a Hiroshima Works - Innoshima - Vitesse : 18,5 noeuds
- Naufrage : 21 avril 2000, Navire abandonné suite feu a bord, remorqué à Abidjan (Côte d'Ivoire)
- Coordonnées WGS84 : Latitude : 5°12'55.968’’ O Longitude : 4°6'13.337’’ N
Profondeur de l'épave Environ 37 m
UN RÉVEILLON AGITE
Nous sommes le 25 Décembre 1998, alors que l'ensemble du monde célèbre encore le réveillon, les 39 marins du bateau présidentiel de Guinée Équatoriale, l'ACACIO MANE ELA, vont connaître une aventure extraordinaire.
Il est 19 H 30 lorsqu'une panne immobilise en pleine mer l'ACACIO au large des côtes du Libéria.
A cause de la présence d'eau dans le mazout, les machines se sont tues sans autre forme de procès.
Afin de permettre leur redémarrage, le Commandant Felicisimo Engo ordonne le nettoyage des filtres à mazout et du réservoir incriminé pour tenter de remettre en état la machinerie.
C'est alors qu'une explosion se produit au niveau du moteur principal déclenchant la terreur de tout marin : un feu qui devient vite incontrôlable malgré les efforts de l'équipage pour le circonscrire. S'étendant à tout le navire, le Commandant Engo n'a d'autre choix que de décider de l'abandon de son navire en perdition et faire mettre des chaloupes à l'eau. Ayant répondu à son "S.O.S", le cargo panaméen M/V Takora recueille à son bord les 39 hommes qu'il débarque à Monrovia (Libéria) le lendemain.
UN VAISSEAU FANTÔME
Répondant à l'appel de la Présidence de Guinée Équatoriale, les autorités ivoiriennes qui sont les seules à disposer de moyens dans la région lancent des recherches aériennes afin de retrouver le brûlot qui continue sa route au gré des courants.
Alors que les recherches se soldent par un échec à cause de la mauvaise visibilité, c'est finalement le Batral (navire de débarquement), Éléphant de la marine Ivoirienne qui retrouve l'ACACIO MANE ELA au large des côtes de Sassandra (côte Ouest de la Côte d'Ivoire).
Remorqué à la base navale de près d', une commission d'enquête tente d'établir les causes du sinistre. Bien que de construction ancienne (1973), l' a été révisé en 1992, 95 et 98 et était justement sur la route du retour après un séjour dans un chantier naval polonais. Navire officiel à bord duquel une suite a été aménagée pour le Président de , il peut aussi s'adapter au transport commercial quand le besoin s'en fait sortir. Le navire venait d'ailleurs de charger au port espagnol de des voitures destinées aux dignitaires du régime. Malgré leurs efforts, les enquêteurs ne purent déterminer la cause précise de l'explosion et s'en retournèrent à abandonnant l' à son sort en . Dépouillé de tout ce qui pouvait être utile, l' est bientôt remorqué au fonds de la lagunedans le tristement célèbre cimetière à bateaux.
LA RENAISSANCE
C'est grâce à la volonté du GERSMA - (Groupe d'Etudes et de Sports Sous Marin d'Abidjan) et notamment Alain KOFFEL et Thierry BARBERA que l'ACACIO va voir son destin basculer.
Suivant l'exemple du Sénégal où de nombreux récifs artificiels ont été immergés, ils veulent faire du cargo le premier d'une série de D.C.P destiné à fixer la faune, contribuer à l'enrichissement des eaux côtières victimes de la sur-pêche.
A force de persévérance auprès de différents ministères et autres organismes, le GERSMA obtient des Affaires Maritimes l'attribution d'une zone réservée pour la création du récif artificiel, la cession de l'ACACIO et enfin le financement pour la dépollution de l'épave et son remorquage.
LE DERNIER VOYAGE
Le 20 avril 2000, pris en remorque par l'Acajou 2 et le San Pedro, l'ACACIO est sorti de son cercueil de boue après de nombreuses tentatives grâce aux efforts conjugués des remorqueurs de l'I.R.E.S.
Franchissant les passes du canal de Vridi, il retrouve une dernière fois la haute mer et trace sa route vers l'Ouest.
Positionné, ses ancres sont mouillées, les vannes d'eau ouvertes et l'ACACIO s'enfonce doucement dans son linceul liquide alors que la nuit tombe.
LA PREMIÈRE PLONGÉE
Dimanche 21 avril, le Wor'o², bateau du GERSMA, connaît une effervescence certaine alors qu'il se dirige vers le lieu d'immersion.
Tous à bord ont hâte de retrouver le navire qu'il avait laissé la veille à moitié enfoncé dans l'eau. Aussitôt arrivé sur site, celui-ci se signale par un halo blanc, les oeuvres vives étant à -20 mètres de la surface.
Faisant partie de la 1ère palanquée à plonger sur l'ACACIO pour y fixer la bouée de mouillage, je m'immerge avec une certaine impatience en compagnie de Stéphane mon binôme de choc. Nous laissant couler avec le câble sur le fond de -37 mètres, nous nous retrouvons après quelques coups de palmes devant un impressionnant mur blanc :
C'est l'ACACIO qui repose fièrement sur sa quille comme attendant un énigmatique départ dont lui seul a le secret.
Remontant le bastingage, nous fixons notre bouée et entamons notre plongée d'exploration quasiment religieusement, effleurant chacune de ses parties, tournant et remontant autour de ses portiques pour se laisser tomber dans sa cale avant, pénétrant ses entrailles, contemplant avec respect ce nom ACACIO MANE ELA à la poupe d'un navire qui nous a tant fait rêver et que nous avons finalement pu réaliser grâce à la volonté de quelques uns.
C'est avec réticence que nous entamons la remontée pour effectuer les paliers sur le mât radio qui culmine à -7 mètres de profondeur et offre à notre vue ce navire si maltraité par les éléments....
Le bateau repose maintenant en paix au fond de l'eau.
Pour moi, cette plongée a d'autant plus de valeur que c'est ma dernière "immersion" en Côte d'Ivoire. Une page se tourne après 3 ans de bonheur au sein d'un club décidément pas comme les autres.
2 ANS APRÈS
La vie marine a repris ses droits sur l'ACACIO et l'a colonisé en douceur donnant une vie nouvelle à cette épave qui avait déjà une âme.
La force de la houle a aussi fait son oeuvre peu à peu, les cloisons fragilisées par l'incendie sont tombées rendant plus facile l'accès aux ponts supérieurs de l'épave.
Les panneaux de la cale arrière ont été déplacé ouvrant celle-ci.
Les bancs de barracudas, de carangues tournent autour pendant qu'une grosse raie pastenague a élue domicile sur l'arrière. Des grosses murènes vertes de taille respectable ont pris leurs quartiers un peu partout dans l'épave dérangeant les mérous "tiof" pendant que des milliers de "gros yeux" (Pricanthus Arenathus) virevoltent entre les grues.
Il n'est pas rare d'y voir à proximité des baleines, dauphins et autres requins lorsque l'on s'y rend avec le Wor'o².
Pour le GRIEME - Anthony LALOUELLE Credit photos : Yves Kapfer - Alain Koffel - Anthony Lalouelle
INFOS DIVERSES Avec qui plonger sur cette épave ?
GERSMA (Groupe d'Etudes et de Sports Sous Marin d'Abidjan)