Témoignage

 

 

Je suis plongeur depuis 1975, date à laquelle j’ai découvert les fonds marins durant mon service militaire aux Antilles. Une seule chose attirait alors mon attention : les épaves. J’étais curieux de connaître leur histoire, mais force était de constater que la plupart du temps leur nom était inconnu. J’ai donc décidé de me lancer dans leur identification.

Dans les années 1980 à 1990, ma curiosité a été piquée au vif avec la découverte de La Manche et de toutes ces épaves qui étaient plongées par les clubs locaux (et pas mal de plongeurs indépendants). Dès lors, j’ai commencé la collecte d'objets, et ce toujours avec un seul but : identifier les épaves. Je me savais hors la loi, mais je ne souhaitais pas le rester.

 

 
 

 
 
  

En l'an 2000, avec quelques plongeurs tout aussi passionnés que moi, nous avons créé le GRIEME – Groupe de Recherche et d’Identification d’Épaves de Manche Est. Soucieux de valoriser et de pérenniser notre travail, dès les premières années, nous nous sommes rapprochés du DRASSM. Au vu de notre sérieux, sans malgré tout nous accorder ouvertement le droit de prélever des objets, cet organisme d’État nous a laissé poursuivre notre inventaire et l’identification des épaves de notre côte d’Albâtre. Nous avions donc bien à l’esprit que ces objets ne nous appartenaient pas.

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En 20 ans de GRIEME (dont 18 ans en qualité de président), et plus 25 ans de plongées auparavant sur les épaves, ce sont environ 450 objets qui seront ainsi accumulés. Déclarés en 2016, c’est avec fierté que je les ai restitués au DRASSM en 2019. L'inventaire exhaustif sera réalisé à mon domicile sur deux jours, par les archéologues du DRASSM. Mis en caisses, avec un peu de nostalgie certes, tous les objets prendront ensuite la direction du Château-musée de Dieppe, où ils sont entreposés aujourd'hui.

 
 
 
 
 
 
 

Une partie de ces objets a été mise en valeur au cours de l’été 2023, lors d’une expo sur le thème des épaves identifiées par le GRIEME. Dès lors, mon objectif était atteint et la boucle bouclée.

De tous temps, trop d'objets ont été prélevés sans scrupules par de nombreux plongeurs. Volonté de se faire plaisir, d'exposer sur une étagère ou une cheminée ces objets… Mais qu’en adviendra-t-il au départ de leur inventeur ? Nul ne le sait, mais il est fort à parier que la plupart finiront à la benne, ou chez des brocanteurs sans scrupules pour une misérable poignée d’Euros.

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Oui, la solution la plus pragmatique, la plus valorisante, et, ne l’oublions pas légale, est bien la déclaration et la restitution de tous ces biens maritimes. Il s’agit de notre patrimoine commun, appelé à être mis en valeur dans de belles expositions, pour le plus grand bénéfice pérenne de tous et pour les générations futures. La fierté d’une telle contribution, elle, n’a pas de prix.

 
 
 
 
 

Un plongeur passionné.

Yvon CHARTIER