L'ARIANE
Mise
à jour Octobre
22-Nov-2014 21:15
Accès à la fiche technique de notre base de données
Un
sous-marin chasseur de sous-marin de la classe ARHETUSE coulé volontairement
Autres sous-marins de la même classe ARHETUSE, AMAZONE et ARGONAUTE qui est devenu un musée à La Villette à Paris
(Page
avec 2 séquences
vidéo et diaporama - Vidéo 2 sur You Tube Novembre 2014 réalisés par le GRIEME
- Haut débit hautement recommandé)
UN
PEU D'HISTOIRE
Le sous-marin S 640 Ariane, budgetisé en 1954, fut mis sur cale à Cherbourg en décembre 1955 sur les plans de l'ingénieur général du génie maritime Girousse. Mis à l'eau le 12 septembre 1958, il quittait Cherbourg pour Toulon le 11 décembre 1959, et était mis en service le 16 mars 1960.
On pouvait
lire, dans COLS BLEUS du 11 avril 1981, ces lignes :
" Le
26 mars à 16 heures, le sous-marin Ariane, commandé
par le C.C. Pungiel, et arborant la marque du C.A. Lavolé,
commandant les sous-marins d'attaque, a accosté pour la dernière
fois au quai d'honneur de la base sous-marine". Devant l'équipage
de l'Ariane au poste de bande et en présence des délagations
des sous-marins du port, le C.A. Lavolé a donné lecture
de l'ordre du jour suivant : "Rentré
hier d'une patrouille d'un mois, le sous-marin Ariane termine ce soir une
activité à la mer commencée il y a 22 ans. Armé
à Cherbourg, quatrième des sous-marins de type Aréthuse,
l'Ariane a été admis au service actif le 16 mars 1960, puis
a rallié le groupe de sous-marins de Mers-El-Kébir".
Il est arrivé à Toulon le 1er juillet 1962
Sous treize
commandants successifs, l'Ariane a effectué 29500 heures
de plongée, et parcouru 161.000 milles nautiques. Ses missions très
variées et ses nombreux succès ont bien mis en valeur les
remarquables qualités de ce type de sous-marin, dont la petite taille
a souvent été un atout précieux. Excellente école
pour la formation à la navigation sous-marine, l'Ariane comme
l'Aréthuse et l'Amazone, aura largement participé,
à préparer le relève qu'assurent aujourd'hui les Agosta
et très bientôt les sous-marins nucléaires d'attaque.
Le 25 mai 1985, le sous-marin hors service, est coulé à l'ouest de Giens par 55 m de fond. Des essais secrets d'explosifs, ont lieu, qui provoquent une brèche. La coque (Q617), complètement éventrée, est alors renflouée pour expertise suite aux exercicesde l'expérimentation "Macumaba" et ensuite immergée vers Saint-Mandrier/Cap Cépet au lieu dit du Cannier où elle se trouve toujours. Les manipulations de coque (grutage, ventilation, dégagement des postes d'amarrage, mise en place de chaînes, pesée statique, puis sabordage et renflouement) portent le nom de code "Marianne".
Un autre sister-ship plus chanceux, l'Argonaute, désarmé depuis 1982, sera conduit d'abord au Havre puis, par le canal de l'Ourq, à Paris et installé à la Cité des sciences et de l'industrie, dans le cadre d'une exposition retraçant l'histoire des sous-marins.
L'Ariane à quai
à Toulon - Photo JMM
LA
PLONGEE VUE PAR JEAN-PIERRE JONCHERAY
L'orientation du bâtiment est sensiblement est-ouest, proue vers la côte. Celui-ci est entier, avec quelques enfoncements de coque. Il repose sur sa quille, légérement incliné sur babord. Les courants ont parfois affouilé le sédiment sous la coque. Très peu de chose manque, sinon l'hélice et le gouvernail de direction.
De l'avant vers l'arrière, on peut observer le bulbe d'étrave, les tubes lance-torpilles, le pont où s'ouvre un capot, le kiosque au carénage intact, avec des traces de peinture jaune. Il est facile de pénétrer à l'intérieur, en particulier à l'avant, où l'on observe un lest de chaînes de grande dimension, ou au centre, occupé par un fatras indéfinissable. Le bâtiment a été décortiqué avant son abandon.
Autour de l'épave, quelques câbles, mais surtout un nombre de tessons de vaisselle, de fragments de briques, de tuiles et de verres brisés, paysage habituel dans la rade.
PARE
POUR UNE IMMERSION A BORD DE L'ARIANE
Avec Jean-Max
MESQUIDA
Bienvenue à bord pour partager avec nous un instant de vie des sous-mariniers. Je vais vous raconter un peu mon histoire. Dès l’instant ou j’ai fermé le roman de Jules Verne, «Vingt mille lieues sous les mers», vers 13 ans j’ai toujours rêvé du capitaine Némo et du Nautilus. Alors à 18 ans, je suis parti, non pas poussé par un rêve héroïque, mais pour tenter l’aventure, mon aventure !
Du Nautilus aux sous-marins classiques la réalité est tout autre : pas de hublot géant pour y voir les galions engloutis ou les créatures du fond des mers, et encore moins de salon pour y fumer le cigare ! Je me suis vite rendu à l’évidence, la vie de sous-mariniers est plutôt rude !
Sur un sous-marin classique l’équipage se compose de 40 hommes environ, tous grades confondus, confiné dans un espace très restreint au confort minimum. Pas de douche, un seul toilette, l’eau est réservée pour la boisson et la cuisine !
Il n’y pas de lits pour tout le monde, seulement deux lits pour trois c’est le principe de la «bannette chaude» . Vous réveillez le marin qui va vous remplacer à votre poste de quart et vous prenez son lit. Des conditions très spartiates mais je n’ai aucun regret et je me suis vite adapté à cette vie.
CONDITIONS DE VIE EN IMMERSION
Les sous-marins appareillent, s’immergent rapidement pour effectuer des missions de 4 à 5 semaines. Que vous soyez en surface ou en plongée, la pression à l’intérieur y est identique.
La navigation en plongée profonde vers 200 ou 300 mètres, n’est pas des plus pénibles, bien que nous soyons toujours très vigilant.
Le sous-marin navigue propulsé par un moteur électrique, ce qui le rend très silencieux, pour éviter de se faire repérer : « Une règle d’or ». Il est alimenté par des batteries (160 en tout), stockées dans deux compartiments.
Nous surveillons aussi rigoureusement le taux d’oxygène (O2) qui baisse, de dioxyde de carbone (CO2) et d’hydrogène (H2) qui eux ne cessent de grimper tout au long de la plongée.
Pour éliminer
le CO2, le sous- marin est muni d’un recycleur composé
de deux bacs d’IR8 et d’une ventilation qui brasse l’air
du bord en permanence à travers ces deux bacs. Le sous-marin navigue
uniquement avec l’air emmagasiné, avant de plonger.
Pour
l’oxygène nous disposons de chandelles (2), personnellement, je
l’ai vu utilisé qu’une seule fois sur la Junon, dans le cadre
d’un exercice : une simulation d’un cas d’avaries prolongées
pour y déterminer le temps de survie dans des conditions
extrêmes. Nous bougions le moins possible, le temps n’en finissait
plus… Le mal de tête devenait de plus en plus pesant. C’est comme
le mal de l’altitude sauf que vous êtes par 200 mètres de
fond.
Malgré toutes ces solutions mise en œuvre pour garder un air respirable, nous avons une autonomie limitée à environ 24 h. Il nous faut remonter rapidement en surface ou en immersion périscopique et naviguer au schnorchel. Double objectif : renouveler l’air du bord, et charger les batteries qui alimentent le moteur. C’est impératif !
La reprise de la vue pour un sous-marin est un exercice à risque qui demande beaucoup d’attention, nous remontons par paliers, en général le matin tôt vers 6 heures. L’équipage a pratiquement fini sa nuit, la remontée s’effectue lentement : une petite assiette(3) pour ne pas trop incliner le sous-marin, moteur avant vitesse 2, 3, 5 ou 6 nœuds environ.
L’officier de quart donne l’ordre : «remontez à 40 mètres». Les opérateurs sonars (ou écouteurs) sont aux aguets, si le sous-marin ne voit pas : il entend et ses oreilles sont nos yeux.
Certains écouteurs ont des oreilles si fines qu’on les surnomme «les oreilles d’or». Ils décryptent et analysent le moindre bruit. Notamment celui des hélices. Ils peuvent donner leur nombre de tour, de pales, si le bâtiment possède une ou deux lignes d’arbre, parfois même le nom du bateau, car toute hélice a un bruit et une cavitation unique, c’est la carte d’identité du bâtiment.
La mer nous réserve aussi des bruits étranges. Le crissement des bancs de crevettes ou le chant d’amour des baleines ! La mer a des silences qui peuvent rendre les conversations délicieuses et pleines de volupté.
Mais revenons à notre remontée. Nous arrivons à 40 m ! Un tour d‘écoute pour éviter les rencontres fâcheuses en surface, tout est ok, l’officier ordonne : «montez à 20 mètres». Nous avons un aperçu de ce qui nous attends en surface, le sous-marin commence à tanguer un peu.
Le commandant arrive au CO (Centre opérationnel) et appelle l’ensemble des personnels :
«tous
au poste de combat ».
La sirène
retenti, tout l’équipage est debout à son poste, sauf les
barreurs et les écouteurs qui eux sont assis. Les plus expérimentés
sont aux postes clés.
Le commandant
demande si la reprise de vue est possible, la réponse fuse :
«
affirmatif ! Aucun bruit, aucun navire en surface ».
Le commandant
s’exclame : «Immersion périscopique. Montez à 12 m»
Le maître
de central annonce : « Immersion 12 m ! »
Le commande
hisse le périscope et fait un tour d’horizon : « Rien en vu
! Hissez le tube d’air !»
Le maître
de central confirme « Tube d’air hissé affirmatif ! »
«
Lancez les diesels ! Et c’est parti ! » Conclu le commandant.
Une grande bouffée d’air nous envahie en deux ou trois coups de clapet. Pressions, dépressions se succèdent l’air frais nous rempli les poumons et remplace notre air vicié, nous sommes partis pour au moins 5 heures de charge des batteries.
LA MARCHE AU SCHNORCHEL
Le tube d’air est muni d’un clapet et de deux électrodes qui referment celui-ci au contact de l’eau, afin qu’elle ne rentre pas à bord. Quant aux gaz d’échappement, ils sont évacués par un conduit «le schnorchel» qui se situe dans le sas, au ras de l’eau.
Aujourd’hui la mer est houleuse et le sous-marin a du mal à se stabiliser. L’adresse des barreurs, nous permet de tenir l’immersion périscopique. Nos oreilles, nos sinus, nos dents sont soumis à rude épreuve, pressions et dépressions se succèdent aux rythmes des vagues. On tolère 250 millibars de dépression limite de sécurité.
Si le tube n’est pas en surface, on stoppe les diesels pour éviter qu’il ne pompe tout l’air du bord et nous amène à l’asphyxie.
L’attention et la concentration est grande pendant cette navigation. La force des sous-mariniers réside en la maitrise de leurs connaissances, de leur anticipation et de leur rapidité d’intervention en cas de problème. Les actions sont précises c’est «affirmatif» ou «négatif». Pas de «peut-être», ou "oui heu… non…", celui-ci appartient plus aux terriens ou aux hommes politiques ! Eux, ils ne risquent pas grand chose.
Les batteries sont maintenant chargées. Nous allons rejoindre les abysses, des eaux plus calmes et nous détendre un peu, comme au bras d’une femme il faut bien rêver un peu. On émet l’hypothèse que la Minerve et l’Eurydice auraient put disparaitre ainsi à la reprise de la vue ou la marche au schnorchel.
LA MER ET SES MYSTERES
Une drôle d’aventure est arrivée un jour sur la Junon. Alors qu’elle naviguait en surface, les hommes de quart qui se trouvaient dans le sas ont vu surgir du fond des abysses des formes étranges ! Elles se sont stabilisées puis éloignées à grande vitesse. Des OVNIS assurément, cela ne ressemblait pas à des missiles lancés par un autre sous- marin !
Personne d’autre n’était présent dans la zone de navigation et les sous-mariniers ne sont pas sujet aux hallucinations collectives. L’affaire a été relevée et classée par la marine. L’océan dans ses silences et ses abysses n’a pas encore livré touT ses secrets.
L’histoire se termine, vous avez partagé un moment de notre vie et de nos expériences à bord des sous-marins classiques. Je ne sais pas s’il en existe encore en service aujourd’hui.
"Cet
article est une pensée dédiée à ceux qui naviguent
toujours
et
ceux qui hélas nous ont quittés, bien trop vite et beaucoup
trop jeune.
Une
chose est sûre, le soleil ne se levait pas tous les jours
pour nous"
Jean-Max
MESQUIDA ou JMM (Crédit photos)
Surnom
« Le bulot urticant » aux Aquanautes Normands
Sous-marinier
de 1970 à1973 à la base de Toulon. (Junon,
Galatée,
en sub Ariane, Argo)
N’hésitez
pas à le contacter si vous étiez à bord de l’une de
ces unités dans ces années là !
Son adresse
internet : J2m51@hotmail.fr
Jean-Max MESQUIDA
dans
la "bannette chaude"
SOUVENIR
DE LA SERIE DES "400 TONNES"
Avec
Denis BENMANN
Série des "400 tonnes"
- L'Amazone, le Sister-ship de l'Ariane
En manoeuvre à Port-Cros
et en réprésentation à quai à Monaco avec
l'Aréthuse
DERNIER VOYAGE
L'âme de l'Ariane est particulière, tous les marins qui ont navigué à son bord en ont la nostalgie.
Qu'elle ai fini au fond de la Méditerranée, au lieu d'être vendue à un ferrailleur nous est réconfortant.
Nous savons où regarder pour nous remettre en mémoire des souvenirs qui n'appartiennent qu'à son équipage.
Jean-Marie Bonomelli
La dernière arrivée du sous-marin ARIANE au quai d'honneur de la base de Toulon. Le bâtiment porte au mât d'antenne la marque de l'ALSOUMAT
Photo Marine Nationale remise au GRIEME par Jean-Marie Bonomelli
Cliquez sur la photo pour l'aggrandir
Jean-Marie Bonomelli la ième personne en partant de la cathédrale vers l'avant
Photo Marine Nationale remise au GRIEME par Jean-Marie Bonomelli
SEQUENCE
PHOTOS - VIDEOS
(Séquence
vidéo - Haut débit hautement recommandé)
Visualiser
ici le film vidéo du GRIEME, cliquer
là
ET
ENCORE PLUS D'IMAGES "GRAND ECRAN" DE L'ARIANE
(Haut débit
recommandé... et patience pour la mise en mémoire)
AUTRES
PHOTOS VUES PAR LE GRIEME EN JUIN 2008
(Reproduction interdite sans
autorisation du GRIEME)
CARACTERISTIQUES
TECHNIQUES
|
Classe Aréthuse 3 - Q240/S640/Q617 |
|
|
|
Date de mise sur cale 01.12.1955 Date de lancement 01.09.1958 Date de mise en service 01.03.1960 Date de retrait ou de perte 17.08.1981 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
12,50 nœuds en plongée Immersion maximum de sécurité 200 mètres |
|
2 moteurs SEMT diesel de la Société d'Etude des Moteurs Thermiques Pielstick de 458 cv. 1 moteur électrique principal de 1300 cv 1 moteur électrique de croisière de 48 cv. |
|
8 torpilles de 550 mm |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
EN
SAVOIR ENCORE PLUS AVEC NET MARINE
Cliquer
ici
.
|
|
REMERCIEMENTS
- BIBLIOGRAPHIE - A LIRE A VOIR
Jean-Max MESQUIDA et Denis
BENMANN
Jean-Marie BONOMELLI
Service Historique de la
Marine de Toulon
Jean-Louis MAURETTE
Jean-Pierre JONCHERAY et
Urs BRUMMER
BIBLIOGRAPHIE - A LIRE A VOIR
Portrait
d'Epaves (Jean-Pierre Joncheray)
Sommeil
des Epaves de Patrice STRAZZERA
Dictionnaire
des bâtiments de la Flotte de guerre française de Colbert
à nous jours (Tome 1)
du
Lieutenant de vaisseau Jean-Michel ROCHE
Les
Flottes de combat 1960
et NET MARINE