L'AU REVOIR
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Mise à jour 11-Oct-2009 16:45
27 février
1916,
l’AU REVOIR est
torpillé par le sous marin allemand U.B.18
Paquebot
avec roues à aubes du nom de CALAIS,
il finira
sa carrière pour le compte de la marine comme dragueur de mines
baptisé AU REVOIR
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Coordonnées géodésiques en Europe 50 |
Latitude : 49°32' 602 N |
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HISTOIRE
LE SERVICE POSTAL
En
1896 les députés français votent une loi approuvant
la convention signée entre l'état français et la Compagnie
du Chemin de fer du Nord.
Le document
a pour objet le transport par voie maritime des dépêches et
colis entre la France et l'Angleterre. Le service sera quotidien
et assuré par un paquebot à vapeur. Le passage se fera entre
Calais et Douvres qui représente la plus courte liaison
maritime.
La ligne par Boulogne et Folkestone plus courte
entre Paris et Londres ne sera pas retenue, les infrastructures
étant jugés insuffisantes par les autorités.
Les paquebots
de cette ligne devront porter le pavillon français ainsi qu'un pavillon
postal. Ces navires seront obligatoirement construit en France ou
bien francisé. De même l'entretien et la réparation
de ces bateaux devra être effectué en France.
La liaison
sera assurée pendant une durée de 10 ans. Les chaudières
des navires devront être conçues de manière à
pouvoir brûler du charbon français ! En outre, ils devront
être capable d'effectuer la traversée à une vitesse
de 15 noeuds.
Le ministre de la marine fait alors savoir qu'il n'y aura pas lieu de prévoir un rôle en cas de mobilisation, ces navires ne pouvant, à son sens, recevoir de l'artillerie, leur vitesse étant jugée insuffisante !
MISE EN CHANTIER
Le 20
Janvier 1896 le "Calais" est lancé à Dumbarton
par la société London Chatam and Dover Railways Company.
CARACTÉRISTIQUES DU NAVIRE
(Voir fiche ci-dessus)
Le paquebot
disposera d'une innovation intéressante pour l'époque : un
appareillage placé à la base de la cheminée destiné
à empêcher les cendres et les escarbilles de s'échapper...
pour le plus grand plaisir des passagers.
Le navire assure le service postal et transporte de prés de 1000 passagers jusqu'en 1911.
En 1912, il est racheté en sous-main par un prête-nom de la Compagnie Hambourg América. Il reçoit son nouveau nom d’Au Revoir et se trouve affecté au port de Boulogne où il assure le service de transbordement pour les voyageurs transatlantiques de cette compagnie.
LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE
Lorsque
éclate le premier conflit mondial, le bâtiment est d’abord
désarmé au fond du port de Boulogne en compagnie du
Nord et du Pas de Calais. Ces deux derniers devant être
transformés en dragueur de mines.
Le 9 Septembre 1914, l'AU REVOIR est inscrit sur la liste des bâtiments de guerre français. Il est réquisitionné pour servir de bâtiments central aux sous-marins de la deuxième escadrille de La Manche.
Le commandant
Lemercier, responsable de cette escadrille, découvre à
bord des documents qui démontrent de façon certaine
que le propriétaire du navire est la Hambourg América
Line. Le navire est dès lors confisqué.
Une enquête
est ouverte, celle-ci met rapidement en évidence les manoeuvres
frauduleuses de Monsieur Hattemer qui est condamné tandis
que l’acte de francisation est annulé car le navire allemand “a
arboré un pavillon français obtenu par fraude".
Le 3 Décembre 1915, l'état major demande à la direction des services travaux d'étudier le projet de transformation du navire en transport d'avions. Ce projet n'aboutira pas et sera rapidement abandonné.
Le 27 décembre 1915 ce même état6major ordonne l'installation de 2 canons de 47 munis de fourches spéciales pour le tir contre les aéroplanes. En même temps, l'Au Revoir reçoit ses installations pour effectuer des dragages.
DRAGUEUR DE MINES
Une nouvelle
carrière commence alors pour lui, militaire cette fois...
LE NAUFRAGE
Le 26 février 1916, l'AU REVOIR opère à 9 milles dans le nord-ouest du Cap de la Hève lorsque le veilleur repère le périscope d’un sous-marin à environ 4 ou 5 quart sur bâbord et à une distance de 600 à 700 mètres. La machine marchant à 9 noeuds est poussée au maximum, la barre est mise à gauche toute et le dragueur fonce sur le sous-marin ennemi qui émerge suffisamment pour que son kiosque apparaisse.
A
ce moment le premier maître pilote Rugani aperçoit
avec effroi le sillage d'une torpille qui passera à 60 mètres
de l'arrière du dragueur.
L’Au
Revoir réplique aussitôt au canon de 47 ! Le premier
coup frappe nettement le kiosque du sous-marin qui, devant le danger, disparaît
alors que le dragueur tire un second coup de canon. Les recherches du submersible
resteront vaines.
Le lendemain, 27 février 1916 l’Au Revoir revient draguer à 4,5 milles dans le nord-ouest du Cap de la Hève. Il fait route au sud 20°, machine à 8 noeuds. A bord, l’attention est grande, la rencontre de la veille pouvait laisser supposer que la mission du sous-marin était de mouiller des mines. La mer est assez grosse, une forte brise de suroît souffle. Soudain, le lieutenant de vaisseau Rivet reconnaît nettement le bruit d'une chasse d'air et aperçoit simultanément le sillage d'une torpille presque réglée en surface qui se dirige droit vers l'arrière du dragueur. Sur la passerelle c'est la surprise ! Le commandant, les yeux rivés sur cette partie de l'horizon, n'avait rien remarqué de suspect. Il ordonne dans une manoeuvre désespérée "en route toute, barre à droite"
Il est trop tard... Toute la charge de la torpille explose à dix mètres de la poupe tuant sur le coup le quartier maître mécanicien Mazenc au repos à l'arrière. l'explosion projette à la mer le quartier maître de manoeuvre Delahaye et le chauffeur auxiliaire Le Prêtre. Il est exactement 14 h 13, le dragueur accuse aussitôt une gîte de 7 à 8° sur l'arrière. Le gouvernail avant est hors d'eau, celui ne l'arrière ne fonctionne plus. Dans ces conditions, il est impossible de tenter le sauvetage des hommes à la mer.
Le navire maintient son cap vers la terre et tire des coups de canons pour attirer l'attention. La T.S.F. est momentanément hors d'usage. Une réparation aussi sommaire que rapide permet de lancer un appel : “Venons d’être torpillé”. Les bâtiments présents sur zone se portent au secours de l'AU REVOIR.
L’Abeille
11 arrivée sur place "passe des remorques" et tracte le navire
touché vers la terre tandis qu'un torpilleur qui croisait alentours
recherche d'éventuels survivants, en vain !
RESCAPES, VICTIMES
et ÉPILOGUE
Malgré les moyens de pompage mis en oeuvre, l'eau monte rapidement.... A 16 h 55 l'ordre est donné à l'Abeille 11 de larguer les remorques et de recueillir l'équipage.
A 17 h
10, l’équipage quitte le navire sans précipitation, son capitaine
restant le dernier à bord.
A 17
h 25, l’Au Revoir s’enfonce brusquement dans les flots, coulé
par treize mètres de fond à 2500 mètres de la côte
dans le nord du phare de La Hève. Seuls ses mats émergent
encore. Une bouée est mouillée sur le site.
Dans les jours qui suivent, un scaphandrier plonge sur le malheureux navire afin de procéder à un examen de l'épave. Objectif : renflouer le matériel militaire. C'est ainsi que les deux canons de 47, la T.S.F. et les antennes sont récupérés sur le bâtiment qui repose désormais couché dans sa souille.
Le scaphandrier descendu sur le site juge qu'un renflouement est possible.
Le 24 mars 1916, le vice-amiral Biard commandant la place du Havre se voit alors confier la direction des travaux de renflouement. Les travaux sont commandités à l'entreprise qui a procédé avec succès au renflouement du Dinorah et de l'Amiral Ganteaume. Ce renflouement ne concrétisera pas ! Aucune société n'est disponible pour cette opération. De plus, le navire a coulé trop près de la cote, l'épave sera désormais exposée au mauvais temps et se dégradera très vite.
Ironie du sort, les formalités du Conseil des Prises qui devait entériner la confiscation du navire n’étaient pas terminées que l’Au Revoir était déjà une épave !
Le lieutenant de vaisseau Rivet commandant l'Au Revoir sera cité à l'ordre de l'armée pour "avoir fait preuve des plus belles qualités de sang froid et d'énergie et pour avoir fait tout ce qui était humainement possible pour sauver son bâtiment".
PETIT BRIEFING et
PLONGÉE SUR L'ÉPAVE
Juin 1995, je m'apprête à m'immerger sur la zone connue sous le nom d''O.T.A.N. , à une endroit décrit dans le fichier du S.H.O.M. signalant un chalutier d'environ 60 m et d'une hauteur d'environ 6 m.
Très vite je constate que quelque chose ne colle pas. Je suis intrigué.... c'est trop gros pour être un chalutier !
La plongée commence. Pour une fois, la visibilité n'est pas mauvaise dans ce secteur, environ 4 mètres. Je suis maintenant arrivé sur l'épave. Je suis en palmage de sustentation, en arrêt sur un pont et sur des restes de superstructures quand soudain quelque chose se dresse devant moi. C'est très haut et ça ressemble à une roue à aubes. Je traverse le navire dans sa largeur, une seconde roue est elle aussi en place. Elles mesurent prés de 5 m de diamètre.
L'épave est recouverte d'une grosse pellicule
de vase molle très volatile que le moindre coup de palmes met en
suspension rendant la visibilité nulle. Cette première plongée
sur l'AU REVOIR me comble de satisfaction car c'est la première
fois que je vois un bateau avec roues à aubes au fond de la mer.
Depuis,
je me suis pris de passion pour ce bateau. Plus de plongées sur
ce site mais jamais je n'y ai retrouvé la même visibilité.
Parfois même, mon immersion consistait en un simple aller retour
dans une eau noire très chargée en particules avec une visibilité
zéro.
Même si cette épave ne se dévoile jamais dans sa totalité, j’ai néanmoins une vision assez nette de ce qui reste de l'AU REVOIR. Un ensemble très envasé à cause de la proximité du dépôt de dragage. Cassée en deux morceaux, la proue est détachée du reste de l'épave et repose dressée vers le ciel, légèrement incliné sur tribord. Il est souvent difficile de la trouver sans se perdre.
La seconde
partie de l’épave correspond à la machine : roues à
aubes et superstructures qui ont pratiquement disparus.
Ils ne
reste plus rien de la poupe.
Plonger sur l'AU REVOIR n'est pas des plus agréable, même si la profondeur est peu importante. L'épave est trop proche de la côte et surtout à proximité d'une zone de rejets de dragage. Qui plus est, il n’est pas rare de voir des filets de type trémail mouillés non loin de l’épave. L'épaisseur de vase et très importante et la visibilité souvent très mauvaise. Il vaut mieux réserver cette exploration à des amateurs sachant parfaitement se stabiliser et plonger par palanquée 2 ou 3 personnes maximum.
Franck
Pineranda
REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES
- DOCUMENTS - MAGAZINES
Livre : "La Saga des Épaves de la Côte d'Albâtre"