Eh oui, le Nitrox (contraction anglo-saxonne de Nitrogen et d’Oxygen) n’est ni plus ni moins un gaz composé d’azote et d’oxygène, comme l’air mais dans des proportions différentes. Plonger au Nitrox c'est simplement plonger à l’air enrichi à l’oxygène.
D’ailleurs, bien avant l’apparition
en 1945 du premier modèle commercialisé de scaphandre autonome
à l’air, des fabricants avaient mis au point des systèmes
respiratoires utilisant des mélanges de type Nitrox. Pour certain,
la première plongée au Nitrox serait celle qu’aurait effectuée
Henri FLEUSS en 1879. C’est au cours des années 80 que le
Nitrox commença à être utilisé par la plongée
loisir.
L’intérêt du Nitrox, pour nous plongeurs de la Manche Est, est que ce mélange d’air enrichi est entre autre un facteur de sécurité supplémentaire.
Limité à 43 mètres
(fonction du type de mélange), l’utilisation du Nitrox permet d’augmenter
la marge de sécurité en ce qui concerne la désaturation
en azote. Ceci étant dû à ce que la saturation réelle
en azote est inférieure à ce qui est calculé par la
table ou l’ordinateur, que la décompression est calculée
pour de l’air alors que l’on a en réalité respiré
moins d’azote, et que les paliers, calculés pour l’air mais effectués
au Nitrox, permettent une élimination plus rapide de l’azote dissous
dans l’organisme.
Quant au recycleur ceci est une autre histoire ……
UN PEU DE THEORIE
Lorsque l’on respire de l’air (21% d’O2), on retrouve encore 16 % d’O2 dans le mélange expiré par les poumons ; avec un appareil à circuit semi-fermé, le mélange expiré est recyclé afin d’éliminer le gaz carbonique, fournir un mélange correct au plongeur et "accessoirement" réduire la quantité de bulles qui s’échappent à l’expiration.
Lors de l’expiration, le CO2 généré par l’organisme est enlevé par un absorbant (chaux sodée) et à l’inspiration du Nitrox est injecté pour compenser la baisse de volume du gaz. La circulation du mélange assure un confort non négligeable par la respiration d’un air "chaud" et humide. Les recycleurs ont l’avantage de permettre une immersion sans bruit (ventilation silencieuse) et très longue pour une réserve de gaz réduite (de 45 mn à 120 mn avec une bouteille de 4 l à 200 bars).
Lors de l’utilisation de cet
appareil à circuit semi-ouvert, on veillera particulièrement
aux risques :
- d’Inondation
-> en ferment l’embout, et testant l’étanchéité avant
la plongée
-
d‘Hyperoxie (trop d’O2) -> en analysant le mélange que
l’on respire et en respectant la profondeur maximale de la
plongée.
- d‘Hypoxie
(pas assez d’O2) -> en ouvrant sa bouteille et regardant son
manomètre
- d‘Hypercapnie
(trop de CO2) -> en respectant la durée de vie de la chaux
sodée
Le recycleur se compose :
- D’un poumon
inspiratoire et d’un poumon expiratoire
- D’une
cartouche de chaux sodée
- D’un 2ème
étage
- D’une
bouteille de Nitrox
- D’un embout
- Manomètre
et d’un indicateur d’oxygène
- D’une
bouteille de secours avec détenteur classique + manomètre
Ainsi avant de plonger, il "suffit" de faire la check-list de préparation du matériel (vérification de la pression des bouteilles et de l’ensemble du matériel, l’analyse du mélange résiduel de Nitrox dans la bouteille et la vérification des soupapes d’inspiration (pression -) et d’expiration (pression +)).
Mais voyons plus loin comment s’est déroulé la partie pratique de ce premier stage recycleur-Nitrox en Normandie.
Vendredi 23 mars après-midi
Equipé de nos combinaisons
mer chaude ou d’un simple maillot de bain, nous attaquons le premier essai
du recycleur dans la fosse de plongée de la piscine du Boulingrin
de Rouen.
A peine plus léger qu’un
bloc 12 litres, on appréciera le confort du matériel bien
équilibré dans le dos contrairement au bloc qui roule dans
le dos (sauf peut-être pour les possesseurs d’un bi).
Plus que bien lesté,
les "Draeger Diver" se mettent à l’eau pour ouvrir la bouteille
de Nitrox, ouvrir et mettre l’embout en bouche.
L’immersion commence (pas trop vite, il s’agit de ne pas coller les faux poumons), arrivée en se "scotchant" au carrelage de la piscine (normal avec tous ces plombs) et tentative de poumon-ballast pour équilibrage au fond…. qui ne marche pas ! ! ! ! Eh oui, quand on inspire, c'est un des faux poumons qui se vident et inversement, va falloir s’habituer.
Sans doute conditionné dans ce qu’on peut le lire dans certains magazines qui relatent les Nitrox expériences, on s’attend à une respiration légère, sans brusquerie …. et là surprise ! ! ! l’air (oh ! pardon le Nitrox) ne vient pas, la respiration et même presque laborieuse. Eh oui, le "gaz" n’est pas propulsé comme avec un détendeur classique, il suffit juste de respirer normalement, appeler l’air quand on en a besoin puis l’expirer.
Autre surprise, l’effet hamster : vous faites une pirouette ou lever simplement la tête vers la surface et vous avez les joues qui se gonflent comme celles d’un hamster. Assez rigolo je dois dire.
Petits exercices de lâcher
et de reprise d’embout : d’abord on ferme le clapet, on retire l’embout
de la bouche, on lâche l’embout qui remonte, on se penche en arrière,
on rattrape l’embout que l’on porte à la bouche, on souffle pour
expulser l’eau, puis ou ouvre le clapet et on respire. Facile non ? Non,
pas au début mais on s’habitue très vite.
Promenade au fond de la piscine
avec aisance (une fois que Cédric vous enlève le surplus
de plombs) où l’on est surpris de ne pas entendre sa respiration
ou tout au plus comme ce qu’on entend quand on respire dans un tuba. Seul
la respiration de Cédric qui plonge avec un 15 l est perceptible.
Petites séances de poses
subaquatiques pour Norbert venu nous filmer.
Remontée tranquille
à la surface (pour éviter les petites bulles), stabilisation
parfaite avant d’atteindre la surface.
Samedi 24 mars
Mer calme mais pas de soleil,
nous embarquons sur Narcose, avec Nobert aux commandes. Destination
plongée, Dieppe pour l’exploration du célèbre
du HMS DAFFODILS.
Grâce à un accrochage périlleux, notre ami Cédric a pu découvrir la qualité de sable exceptionnel dont nous disposons dans nos contrées ; quant à nos amis @rné et Kévin, ceux-ci ont pu constater que l’essoufflement attendu en raison d’un palmage énergique n’est pas arrivé, bien qu’à un moment l’utilisation du détendeur classique de la bouteille de secours ait effleurée l’esprit de certain.
Seconde mise à l’eau de Cédric, cette fois accompagné d’Yvon, de Nobert (cameraman pour l’occasion mais que nous avons perdu peu de temps après avoir atteint le mouillage) et de votre serviteur.
Contents de constater que la respiration avec le recycleur est carrément plus confortable en mer qu’une piscine (on ne se souvient que du reclycleur grâce à l’effet hamster quand on lève la tête), nous nous sommes promenés sur l’épave et fait quelques exercices de lâcher d’embout. A noter qu’il est vrai que "l’air" respiré est moins froid qu’en scaphandre classique.
Ce qu’il faut savoir, c'est qu’un des grands intérêts du recycleur est l’autonomie qui permet de prolonger de manière notable la durée de plongée …… surtout dans l’eau à 8°C avec une combinaison humide. Car quand on ne s’appelle par "@rnélajamaisfroid" ou "Kévinessaielescombiétanchedumagasin", on se les caillent un peu et on ressort schtroumpf-recycleur. Enfin, après un délicieux thé chaud et une bonne parka sur le bateau, on s’en remet (vaux mieux car on plonge cet aprèm ! )
Deuxième plongée de la journée sur le BERKELEY, sauf que cette fois il n’y a que René, Kevin et Cédric qui ont plongé car la mer s’est un peu agitée par la suite.
Info importante : localisation d’un câble aux abords du BERKELEY …. mais pas d’épave. Heureusement, Cédric, à qui nous faisons découvrir que nos aussi nous avons des spots de plongées, est redescendu décrocher le mouillage et tracté par le courant est passé à côté d’un amas de filet de chalut (partie arrière du BERKELEY ?)
Dimanche 25 mars
matin
Pas de plongée car mauvaises
conditions météo. Par contre, démonstration et exercices
dans la piscine de BIHOREL dans des conditions fantastiques -> visi
de 25 mètres et une eau à 27°C.
Programme de la matinée
:
Décaplage-recaplage
en surface et au fond, facile. Situation d’urgence panne "d’air" et échange
d’embout, pas facile. En fait pour donner de "l’air" à votre binôme,
il faut vous mettre en position de tortues pendant la période des
amours. Là, l’un en dessous de l’autre (c'est celui qui a du carburant
qui va en dessous) vous fermez votre clapet et tendez l’embout vers le
haut, que votre binôme attrape et remet en bouche après avoir
soufflé et ouvert le clapet. Après une ou deux inspirations,
celui-ci referme le clapet, vous tend vers le bas l’embout que remettez
à votre tour en bouche après les opérations de routine
nécessaires.
On recommence les manoeuvres
et là il se passe quelque chose. A force de réfléchir
pour perdre les réflexes associés au scaphandre classique
et acquérir ceux du recycleur, vous ôter l’embout de la bouche
sans le fermer et c'est ….l’inondation.
Je vous rassure, il n’y a eu
beaucoup d’eau dans le circuit car quand c'est le cas on a un goût
d’eau de javel dans la bouche (dixit les spécialistes)
Dimanche 25 mars
après-midi
Pas d’amélioration météo
-> pas de plongée, par contre planification de la plongée
du lundi et préparation des mélanges.
Une des choses à retenir,
c'est qu’il vaut mieux éviter de manger des frites lorsque l’on
s’apprête à manipuler un gaz qui ne souffre pas d’être
en contact avec de la graisse.
Il est également important
d’éviter soit d’effectuer les calculs de préparation de mélange
après un repas arrosé modérément de vin soit
de confier ceux-ci à votre serviteur qui risque de vous préparer
un mélange avec 17 % d’oxygène en trop. Deux cas de
figure se présentait à nous : renoncer au GAUSS au
profit d’une épave moins profonde (donc avec moins de visi) ou dégonfler
les blocs et recommencer calculs et mélange.
La deuxième solution
a été retenue afin d’offrir à notre formateur le plaisir
de découvrir cette épave .. qu’il a pu voir cette fois-ci
.
Lundi 26 mars matin
Destination Le GAUSS,
mer calme mais pas de soleil, nous embarquons sur NARCOSE, avec
François aux commandes de NARCOSE.
Plongée agréable, malgré le manque de visi qui ne permettait de se poser au sable pour admirer la proue du navire. Sensations toujours agréables de plonger avec le recycleur : respiration chaude, pas de bruit. Nous n’aurons des images que du premier tour, car François se les ait aussi caillées dans l’eau toujours à 8°C.
Déjeuner dans un troquet
puis retour sur ROUEN pour le re-conditionnement des recycleurs
et fin de la théorie concernant l’entretien et les types de pannes
de l’appareil.
Bien que nous ayons des conditions météo moyennes, ce premier stage recycleur-Nitrox en NORMANDIE fût une TOTALE réussite tant au niveau de l’organisation (programme réglé comme une horloge, logistique parfaitement assurée, collaboration efficace des différents intervenants) qu’au niveau de la formation elle-même.
En effet nous avons fait la connaissance d’un personnage charmant en la présence de Cédric VERDIER qui, outre ses compétences, est remarquable par sa gentillesse, sa simplicité et son accessibilité.
Il ne nous reste qu’a poursuivre la mise en pratique de ce que nous avons vu pendant ces 4 jours de stages, pendant lequel nous avons pu constater pour certain et confirmer pour d’autre, que le Nitrox et/ou le recycleur correspond à notre manière de plongée, nos conditions de plongées, que ces techniques vont dans le sens de la sécurité et quelles se sont pas exclusivement destinées à "l’élite" de la plongée.