8 mai 1902 - 8 h
02 - 28.000 morts
L'éruption
de la Montagne Pelée anéantit la ville de Saint Pierre
Une multitude de
bateaux dont le RORAIMA
seront les victimes
de la fureur du volcan
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Nuée ardente du 8 mai 1902 Le Roraima coule après un indendie à bord qui dure 3 jours |
Coordonnées géodésiques en W.G.S. 84 |
Longitude : 61° 11.03440' W Latitude : 14° 44.33980' N |
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Moyenne 46 m |
NOM
- ORIGINES
RORAIMA
Etat du Brésil (Capitale Boa Vista) Superficie : 224 118 km² Population : 324 152 habitants. Situation géographique, dans le nord-ouest du Brésil, à la frontière du Vénézuela et du Guyana. Parmi les montagnes tabulaires qui parsèment le parc Cocaîma (Brésil), le Roraîma avec ses 2 800 m d'altitude en est le point culminant. Ces formations font parties des plus vieux terrains de la planète. Leurs sommets abritent une flore et une faune très primitives. Dans le langage des indiens YANOMAPI, RORAIMA signifie "La montagne dans les nuages".
Le navire portait donc le nom d'un province et d'une montagne du Brésil. Ce vapeur descendait de l'Atlantique Nord en passant par la côte est des U.S.A., la Floride, les grandes Antilles, les petites Antilles, le Venezuela pour s'arrêter à Bélem au Brésil.
HISTOIRE
DU BATEAU
La compagnie Québec Steamship
La "Québec & Gulf
Port Steamship Company" a été fondée en 1867 par
monsieur Abraham Joseph, un résident de Québec.
La compagnie a débuté un service entre les Bermudes
et New-York en 1874 avec le Canima. Elle a changé
de nom en 1880 pour
devenir la "Québec
Steamship Company". Elle a été cédée à
la "Canada Steamship Company" en 1913 et cette division a finalement
été vendue à la "Furness Line". La compagnie
a été dissoute en 1921.
Construit par les Chantiers
Aitken & Maud à Glasgow en Écosse.
Lancé le 13 juillet 1883 et acheté le 30 novembre 1899
par la Québec Steamship.
Il avait 340 pieds de long, 38.1 pieds de haut hors cheminée, avec
une profondeur de quille de 26.3 pieds. Il avait un "gross tonnage" de
2712 tx et un tonnage net de 1764 tx. Il avait un moteur de 350 forces
(Forces = Unité de mesure de la puissance des moteurs à vapeur,
vraisemblablement l'équivalent du Cheval Vapeur Force). Cette ancienne
unité de valeur kilogramme force valait 9,80665 N (N=Newton).
Son équipage venait principalement de Québec. Le journal "le Soleil" édité à Québec de mai 2002 raconte la fin du navire et surtout, parle des membres de l'équipage.
LA MONTAGNE PELEE
les épaves victimes du volcan meutrier
L'Eruption
en détail, cliquez ici !
(Navires au mouillage dans
la baie de St Pierre)
LE
NAUFRAGE - LA CATASTROPHE - RESCAPES - VICTIMES
Le RORAIMA est l'une des victimes de l'éruption de La Montagne Pelée. Nous n'allons pas retracer la disparition du RORAIMA que vous pourrez aisément lire dans les repères que nous vous proposons en fin de fiche. Nous nous attacherons davantage à illustrer notre document par des photographies tout en évoquant le drame humain qu'occasionna la perte de ce navire.
(le RORAIMA brûle... la mer est jonchée de débris de toutes sortes)
Crédit
Photo PARFAIT
Témoignage
de Ellery S. SCOTT
Second
du navire RORAIMA ancré en rade de St.Pierre, un des survivants
de ce bateau
(Traduction
libre de A. Lacroix, 1904)
«Brusquement, quelques instants après huit heures, se produisit une formidable explosion de la montagne... la nuée sortit avec un fracas épouvantable qui, à côté d’un coup de tonnerre, serait comme un coup de pistolet comparé à un coup de canon de douze pouces. Ce nuage descendit en roulant, en se tordant sur les pentes de la montagne, escaladant les mornes, immense nuage de scories fondues, de flammes et de fumées, lumineux, effroyable.
Lorsqu’il
arriva au terme de sa course, balayant tout, il semblait suivi par une
masse inépuisable, un tourbillon sans fin, de vapeurs, de cendres
et de gaz brûlants.
Au
moment où nous vîmes cette formidable explosion, le capitaine
me cria de lever l’ancre mais, au même instant, la destruction nous
atteignait.
Cela
ressemblait à un cyclone qui soulève devant lui la terre
et l’eau, arrache tout sur son passage, mais c’était un cyclone
de feu, incendiant tout ce qu’il touchait. Cela ne dura que quelques secondes,
mais pour qui le voyait franchir la distance qui le séparait de
la ville, la ville était perdue.
La lave, le feu, les cendres, la fumée, tout fût sur nous en un instant . Aucun train marchant à grande vitesse n’eût pu échapper. Une obscurité profonde se produisit alors et, dès que cet épouvantable fléau parvint à la mer, il roula sur ses eaux, mettant le feu aux rivages et aux navires.
(Baie
de St Pierre - Colonne de fumée venant du RORAIMA
qui se meurt)
Le RORAIMA talonna violemment sur bâbord, puis, d’une brusque secousse, il fut poussé à tribord, plongeant sa lisse très profondément dans l’eau. La cheminée de fer fut rasée et les deux mâts d’acier coupés net, sans une bavure.
Le navire prit feu en plusieurs points à la fois....
Des cendres brûlantes tombèrent d’abord, bientôt suivies par une pluie de lapilli chauds... Après les lapilli, ce fût une pluie de boue brûlante, ayant la consistance d’un ciment très fin... L’obscurité était complète, interrompue seulement par les flammes qui s’élevaient à l’arrière du navire, par l’incendie de la ville et les explosions de ses rhumeries...
A huit heures trente, l’obscurité diminua».
Le Roddam tente d'échapper
à la nuée de cendres
Avec l'aimable autorisation
de TROPICASUB
Lire d'autres témoignages de la catastrophe, cliquez ici
Parmi
les témoins de ce drame, il est intéressant de citer Gabriel
Hilarion Parfait qui était là pour fixer l'événement
sur le colodion (Procédé photographique).
C'est grâce à cet homme que nous pouvons disposer d'images du RORAIMA. La mémoire est ainsi préservée à tout jamais.
Gabriel Hilarion Parfait était en congé dans son pays au moment de l'éruption, il a réalisé de nombreux clichés de cette catastrophe. Il a légué ses négatifs à la Société de Géographie.
(Saint-Pierre en ruines
- Sources : TROPICASUB)
LE
RORAIMA N'AURAIT JAMAIS DU BRULER !
A la lecture des nombreux documents qui retracent cette catastrophe, il est évident de constater que les connaissances humaines de l'époque sur les volcans n'étaient pas ce qu'elles sont aujourd'hui. En effet, en dehors du côté politique de mai 1902 (élections), les représentants de la science, les militaires, les autorités locales ne disposaient pas de toutes les données nécessaires pour éviter ce drame. La position du volcan et les hypothèses émises par les vulcanologues du moment aboutissaient tout naturellement et logiquement vers des coulées de lave qui ne se dirigeraient pas vers St Pierre.
Pour s'en convaincre, nous sommes montés jusqu'au sommet de La Pelée (environ 4 heures de marche en partant de la mer/ 2 heures si vous débutez votre ascencion là où la route bitumée s'arrête). Au fur et à mesure de la progression, chaque regard qui va du sommet vers la mer prouve de façon logique que la lave se serait répandue vers la commune du Prêcheur.... mais pas vers St Pierre. Il n'y avait donc effectivement peu à craindre des grondements de La Pelée.
C'était sans compter sur un type d'éruption inconnu ! Certes, il y avait bien eu une première alerte en 1883 avec l'explosion du Krakatoa,mais cela ne fit que quelques lignes dans les journaux. La Peléeallait donner un triste spectacle.... une première meutrière, une nouvelle représentation que les scientifiques nommeront plus tard éruption peléenne. C'est comme une énorme "cocotte minute" qui ne retient plus sa pression et qui expulse brutalement tout ce qu'elle contient.... Le résultat, des nuées ardentes composées de cendres, de matières en suspension, de gaz, une température très élevée....
Ce nuage meutrier toucha les bateaux qui mouillaient en baie de St Pierre. La cargaison du RORAIMA était composée essentiellement de combustibles divers et variés, bois, charbon, pétrole. Ce chargement s'enflamma très facilement à l'arrivée de la nuée ardente sur le navire canadien.
(Le Roraima vu par Dominque
SERAFINI)
(Crédit Photos GRIEME
- Exposition Salon Teck Octobre 2008/Cavalaire sur mer)
Dessins de Dominique SERAFINI
.Si les connaissances
scientifiques avaient été tout autre, peut-on dire que le RORAIMA n'aurait
pas brûlé ? Conclusion hasardeuse mais la question peut
se poser. Les principes de précautions que nous appliquons de nos
jours auraient peut-être sauvés ce navire et son équipage.
PETIT
BRIEFING et PLONGÉES SUR L'ÉPAVE
(Crédits Images TROPICASUB
et OCEANS - Dessins de Dominique SERAFINI)
Après avoir effectué quelques minutes de bateau depuis la base de TROPICASUB au départ de l'Anse LATOUCHE, Lionel "coupe" le moteur d'HERMES et amarre le bateau. Le ciel est bleu et les conditions atmosphériques sont très agréables en ce mois de mars 2002. L'église de Saint Pierre est quasiment en face de nous.
Hélène, Anthony et moi écoutons patiemment le briefing de maître Lionel. L'envie d'y aller est de plus en plus forte. Hélène et moi avons fait des milliers de kilomètres pour plonger ces épaves mythiques qui sont maintenant à portée de palmes, à quelques dizaines de mètres sous nos pieds.
Nous nous équipons tranquillement en pensant à bien vérifier l'ensemble du matériel car nous savons le RORAIMA profond. Si tout se passe bien, nous parcourerons l'épave dans toute sa longueur.
Le signal de mise à l'eau est donné, dernière "vérif" de surface, la descente va commencer à partir du bidon blanc auquel est fixé le bout qui nous mènera sur l'étrave vers les -37 mètres.
On y est ! Première impression... cela ressemble vraiment à un bateau dont la forme se dessine sans problème. L'eau est assez claire et la visibilité permet de discerner correctement l'épave (presque dans sa totalité). Sur la partie bâbord, posée sur un fond de sable gris, une des ancres dort. La descente à l'étrave est toujours un moment intéressant car il permet d'avoir une idée de la hauteur du navire..... et celui-ci n'est pas petit !
En remontant, nous prenons la direction de la poupe. On distingue très nettement le "trou" où venait se loger la cheminée. Plus loin, on aperçoit une très une belle cassure, la coque semble avoir roulé sur elle même. Les entreponts et les escaliers sont bien visibles. L'épave nous offre des tas de choses intéressantes à découvrir : cales, bossoirs, coursives, machinerie, escaliers, guindeau, restes de mâts, les ancres, les cassures.... un vrai festival pour le regard.
L'entrée dans certaines cales allume des faisceaux de lumière époustouflants. L'arrière du navire est bien ensablé et une des deux cassures se distingue très nettement. La poupe, arrondie, ressemble beaucoup à celle du DONATOR.
Sur le RORAIMA, le temps passe extrêmement vite. La visite aux ancres (-60 mètres), une incursion dans les cales nous pénalisent très vite au niveau palier (Plongées à l'air comp.). Les paramètres s'affichent pour des arrêts à -9, -6 et -3 mètres. Cela va être long ! Qu'importe, la magie des lieux fait oublier cet inconvénient.
Nous avons effectué 3 plongées sur le RORAIMA. Ce fût trois plongées différentes, trois plongées riches en émotion. A chaque fois des choses passionnantes à voir. Les 3 ancres de bâbord vers les -60 mètres, ponts, treuils, cales, l'entrée dans les coursives, bestioles, les "cheveux blancs" de l'épave..... il y a à regarder partout !
N'oubliez pas non plus que le RORAIMA a été colonisé par une faune et flore composées d'éponges, de poissons trompettes, thazards, barracudas, lutjans, carangues, platax, vers de feu, comatules, virgulaires, spirographes.... La liste est longue, alors pourquoi ne pas allez voir vous même ?
Enfin le plus étonnant se découvre vers l'avant.... à -40 m, le RORAIMA vous renvoie soudainement votre propre image. C'est vous même que vous pouvez toucher du doigt.... Est-ce l'âme du navire qui salue votre visite ? Instant magique où l'on se retrouve pendant quelques secondes dans une poche d'air (relativement vicié). Tout juste si l'on ose ôter le détendeur... pour prononcer une phrase qui sonne avec un terrible effet "Donald Duck" impressionnant. A vous laisser sans voix !
Si vous avez l'occasion de passer
par Saint Pierre, n'hésitez pas à plonger sur le RORAIMA
mais aussi sur les nombreux sites (dont
La Perle) et épaves (DALHIA, TERESA LO VIGO, DIAMANT, GABRIELLE,
RESINIER, etc...) du Nord Martinique.
Hélène
BOYENVAL - Anthony LALOUELLE - Pascal CANNESSANT (GRIEME)
(Crédit
photo : TROPICASUB)
Une structure idéale pour vous emmener sur le RORAIMA
Lionel, François,
Guy de TROPICASUB
Plongée
B.P. n° 17
97250
SAINT PIERRE - MARTINIQUE (F.W.I)
Téléphone
: 05.96.78.38.03/06.96.24.24.30
E.mail : l.lafont@outremeronline.com
Site internet : www.tropicasub.com
AUTRES
EPAVES DE SAINT-PIERRE SUR LE SITE DU GRIEME
Le
Dahlia et le Diamant
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REPÈRES
BIBLIOGRAPHIQUES - DOCUMENTS - MAGAZINES - DIVERS
Livre Catastrophe à
La Martinique (Edition Socopresse/Fort de France)
Edition
originale de la Société de Géographie de 1981
Charles DANEY
Éditions HERSCHER
Livre Les Epaves du Volcan
de Claude RIVES & Frédéric DENHEZ (1ère et 2
ème Edition)
OCEANS
(Numéro N° 257 de Sept/Oct 2000) Plongées en Martinique
OCEANS (Numéro N° 238 de Juillet/Aout 1997) (L'Or du Volcan)
La Baille - Bulletin
trimestriel n° 273 Octobre 2001 (Association des anciens élèves
de l'Ecole Navale)
Lacroix A., La Montagne
Pelée et ses éruptions, 2 vol., Masson et Cie,
Paris,
1904
Revue Maritime/Statistique
des naufrages - Avril 1904
C.D. Rom de TROPICASUB
Le
Madi-Créole (Un
hébergement adapté - Recommandé par le GRIEME)
Fiche voyage du GRIEME
à
lire (Martinique Nord)
Crédits photos et dessins
: Tropicasub/Lionel Lafont/Dominique SERAFINI/PARFAIT/GRIEME