YATAGAN

 
 

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  • Nom : Yatagan

  • Type : Contre torpilleur

  • Nationalité : Française

  • Construction : 20/03/1900 Chantiers navals  Ateliers de La Loire à Nantes

  • Propriétaire : Marine Nationale 

  • Dimensions : Longueur 56,66 m Largeur 6,30 Creux 2,67 m    

  • Tonnage : 347,82 Tonneaux

  • Motorisation : Propulsion deux machines indépendantes à pilon et triple expansion
                                Puissance  5700 CV maximum – 2850 CV normale
                                4 cheminées - 2 hélices-


  • Vitesse : vitesse maximum de 27 noeuds mesurée lors des essais
     
  • Armement : 1 canon de 65 mm sur le kiosque avant
                        6 canons de 47 mm, trois de chaque bord
                        2 tubes lance-torpilles aériens pour torpilles de 381 mm, situés sur le pont, l’un au milieu, l’autre à l’arrière du projecteur Mangin

  • Equipage : 3 officiers et 44 hommes, puis 4 officiers et 58 hommes
  • Autres : - Rayon d'action 194 milles à 26 nœuds et 2055/2300 milles à 10 nœuds.
                 - Autres équipements, une baleinière de 7 m et trois "youyous" Plan Normand - Coût 1.085.150 francs (de l'époque).
                 - Coque acier (tôles et cornières à haute résistance) - Division en 10 compartiments étanches par 9 cloisons.
                 - Machine - détails machine, appareil évaporatoire, quatre chaudières Normand aquatubulaires réparties en deux groupes, timbrées à 16 Kg/cm2 - Surface de grille totale de 14,8 à m2 et surface totale de chauffe de 672,86 m2.
                 - Combustible charbon 37 T6 (normal : 77 T8 en pleine charge).

Le Yatagan avec l'aimable autorisation des Editions Marius Bar de Toulon

Le Yatagan au mouillage
(Avec l'aimable autorisation des Editions Marius Bar de Toulon)

 
 

 

 

LE NAVIRE

 

Quelques mots à propos de la signification du mot "yatagan".

 

En Turquie, il s'agit d'un sabre dont la lame, très tranchante, est incurvée au niveau de la pointe. Si l'on porte un regard sur la forme du torpilleur on reconnait l'aspect très effilé et l'on peut imaginer aisément le rapport entre le couteau turque et la forme du Yatagan

UnYatagan

 

 
 
 
 
 

Ce bâtiment s’inscrivait dans la lignée des premiers contre-torpilleurs, appelés communément les « 300 tonnes ».

Le 14 avril 1896, le conseil des travaux avait demandé à Augustin Normand « d’examiner un projet de petit bâtiment de 300 tonnes (…) pouvant servir, suivant le cas, de torpilleur d’escadre ou d’aviso torpilleur. » Une première série de quatre de ces unités, avait été produite, incluant l’Espingole, dont on peut encore admirer l’épave au large de Hyères. Par la suite, une deuxième série incluant le Yatagan, comprenant quatre chaudières, avait été mise en chantier.

Ses trois sisterships étaient la Framée, la Pique et l’Epée. Ils étaient communément appelés, « les quatre cheminées ».

Le Yatagan, lancé en mars 1900, acheva sa carrière par une nuit calme de l’hiver 1916...

Les essais du Yatagan furent laborieux et aucune des unités de type Framée ne put, dans un premier temps, rivaliser avec les précédents modèles de type Durandal. Ce n’est qu’après plusieurs mois d’essais que la vitesse de 25 nœuds fut atteinte. Très marin, ses qualités nautiques ne furent jamais critiquées. Certains rapports avaient même qualifié le Yatagan et ses sisterships comme étant « d’excellents petits bâtiments » … « très marin ».

L’augmentation du nombre de chaudières par rapport aux modèles précédents de torpilleurs (de 2 à 4) permettait une navigation plus économique.

Par ailleurs, le fait de doubler le nombre de chaudières avait permis de réduire les surfaces de grille de chacune d’elle, demandant ainsi moins d’efforts aux marins chargés de répartir le charbon dans le brasier. Ce faisant, la Marine avait mesuré une plus grande efficacité des marins assurant la chauffe.

L’inconvénient était une plus grande complexité de l’appareil évaporatoire demandant un entretien plus délicat.

Ce navire avait un aspect robuste, avec un avant droit et l’arrière largement assis des torpilleurs de haute mer type Normand.

Construit en tôle et cornières d’aciers à haute résistance, la coque du navire est divisée en 10 compartiments étanches, séparés par neuf cloisons. Les machines, au nombre de deux, trouvent place dans la partie centrale, au niveau des compartiments 5 et 6 et ne communiquent entre elles que par une cloison étanche.

L’équipage se trouvait logé à l’avant du bâtiment, alors que les officiers et le commandant se situaient à l’arrière, juste après les machines.

Une partie des soutes à munitions de 47 mm se trouvait logée sous ces cabines.

La puissance normale de ces contre-torpilleurs est de 2850 chevaux et passe à 5700 chevaux, pour une vitesse de 20 nœuds. Ils embarquent 37.6 tonnes de charbon, pour un rayon d’action de 2300 milles, à une vitesse de 10 nœuds. En vitesse maximale ce rayon d’action passe à 193 milles, soit 10 fois moins.

Tels sont, dans les grandes lignes, ces petits bâtiments qui semblent concilier heureusement l’armement des contre-torpilleurs avec les dimensions réduites des torpilleurs. Ce qui leur permettait certainement de remplir l’un ou l’autre des rôles, selon les circonstances dans lesquelles ils avaient à opérer.

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La Pique, sister-ship du Yatagan, à Alger

 

Les activités du Yatagan

 

Le Yatagan fut mis sur cale en 1897 aux Chantiers de la Loire, à Nantes. Il fut lancé le 20 juillet 1900 et ses essais, effectués à Lorient, durèrent jusqu’en octobre de la même année. Sa vitesse maxi mesurée fut alors de 27,07 nœuds.

En 1901, il est affecté à l’escadre du Nord, à Brest.

En 1902, il en est un temps détaché avec le Montcalm, le Guichen, le Cassini et le Fauconneau pour intégrer la Division Navale de la Baltique. Sa mission est en fait d’escorter la flottille présidentielle chargée de conduire le Président Loubet à Cronstadt en Russie. Ce voyage fait partie des échanges diplomatiques qui finiront par aboutir sur une alliance franco-russe.

 
 
 
 
 
Le Yatagan

Le Yatagan en 1902, lors du voyage présidentiel à Cronstadt

Le Yatagan, et le Iéna en arrière-plan, au cours du voyage à Cronstadt.
Photo extraite du journal The navy and army illustrated du 17 mai 1902

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En 1903, le Yatagan rallie Cherbourg et en 1904, il y intègre la Défense Mobile. Il y subit des avaries de coque au cours d’une mission de pilotage près du littoral.

 
 
 
 
 
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La poupe du Yatagan, en deuxième position, à Cherbourg

 
 
 

Le marin Gaston Lecointe (désigné par la croix), alors affecté sur le Yatagan à Cherbourg, pose avec quelques-uns de ses camarades devant le corps de garde de la base navale

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Le Yatagan sortant du Havre

 
 

En 1906, il intègre la 1ère flottille de torpilleurs à Cherbourg, jusqu’au 1er juillet 1909, où il est désarmé. Puis en 1910, il est détaché à la 2ème flottille de La Manche et de la mer du Nord.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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L'épisode du "Pluviôse"

 

Le 26 mai 1910, Les sous-marins Pluviôse et Ventôse appareillent de leur base de Calais afin d’effectuer des manœuvres au large.

En pleine nuit, le sous-marin Pluviôse est heurté par le steamer Pas de Calais qui fait route pour Douvres.

Éventré, le Pluviôse commence à sombrer. L’équipage décide de larguer les ballasts, ce qui permet à sa proue de flotter quelques minutes, mais la déchirure à sa poupe est trop grande et il finit par couler, entraînant l’ensemble de son équipage vers une mort atroce.

Une vaste opération de renflouement est alors déclenchée.

Les bâtiments de la Marine en patrouille non loin sont appelés à participer à la tentative de sauvetage du submersible naufragé. Le Yatagan fait partie de ces unités et il est d’ailleurs le seul torpilleur à quatre cheminées présent sur les lieux, ce qui permet de le distinguer sur l’une des photos faites à cette époque.

Des scaphandriers passent des chaînes sous l’épave et la barge DP42 est chargée de hisser celle-ci. Hélas, celle-ci finit par couler à son tour en s’écrasant sur l’épave du sous-marin.

 
 
 
 
 
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Le Yatagan, au fond, reconnaissable à ses quatre cheminées. Au premier plan, la barge DP42. Les navires forment un cercle autour de l’endroit où a coulé le Ventôse

 

 
 

En 1911, le Yatagan est remis aux torpilleurs de Cherbourg, en réserve spéciale, puis armé pour essais le 15 septembre, avant d’intégrer la station de la mer du Nord en remplacement de l’Ibis.

En 1914, le 25 mars, faisant fonction de garde pêche sur la côte boulonnaise, il vint donner de son étrave dans le flanc tribord du bateau de pêche St François d’Assise. Il pénétra de plus d’un mètre dans la coque du voilier, mais grâce à la présence d’esprit du commandant du Yatagan, se gardant bien de faire marche arrière, une réparation de fortune put être faite.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

La guerre 1914-1918

 

Au début de la guerre, il fut nommé bâtiment de commandement de la station Manche et de la mer du Nord.

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Puis, en 1915, bâtiment de commandement de la 2ème escadrille de patrouille. Ses patrouilles de recherche et de surveillance le conduisaient à Dunkerque, Boulogne, Dieppe, Le Havre, Fécamp, Calais, Cherbourg, etc...

Il fut considéré en campagne de guerre du 2 août 1914 au 3 décembre 1916, date de sa perte.

 

 

 LA PERTE DU YATAGAN

 

En croisière de la Pointe d’Ailly au nord de la Pointe d’Antifer, le long des lignes de harenguiers, il fut abordé dans la nuit du 2 au 3 décembre 1916 à 02 h 40 du matin, à 5 mètres environ sur l’arrière tribord, par le transport anglais à vapeur Teviot (transport de chevaux) qui se rendait à Dieppe.

La vitesse du Yatagan, au moment de l’abordage, était de 8,5 nœuds. Le bâtiment coula en 15 minutes se couchant sur bâbord, à environ 10 milles de Saint-Valéry-en-Caux, à la position (selon le bâtiment anglais abordeur) de 50° 2’ ¼ de latitude Nord et 0° 40’ ¾ de longitude Est.

Au moment précis où le bâtiment coula, une explosion fut entendue. La navigation sans feux et la brume furent les causes de l’accident.

Le Lieutenant de vaisseau Bousses, broyé et noyé dans sa cabine, coula avec le bâtiment.

L’enseigne de vaisseau Duhamel fut blessé. Le Lieutenant de vaisseau Berry, second du bâtiment, évacua le navire, le dernier, 30 secondes avant sa disparition.

Tous les membres d’équipage furent sauvés par le torpilleur anglais H.M.S. P 12 du Lieutenant Commander Jauncey qui escortait le Teviot.

 
 
 
 
 
 
 
 
 

Le Yatagan

Le Yatagan - Collection H. Laurent

 

 
 
 
 
 

 

 

LA DECOUVERTE DU YATAGAN EN 1999

 

Le Yatagan
Le Yatagan - D.R.

Lorsqu’en 1999 Michel Delacroix dit "L' Nain", Franck Richez et Christian L. partent, comme ils leurs arrivent fréquemment, «décrocher un chalut» suite à un appel d’un armateur local, ils sont loin de penser qu’ils vont remonter de cette plongée une part d’histoire d’un bâtiment perdu depuis 83 ans. Pourtant c’est ce qu’il arrivera.

La plongée permettra à l’armateur de retrouver son bien et laissera aux trois amis de l’époque l’envie de revenir plonger sur cette découverte.

Ce qui ne tardera pas, et, ce jour là, Michel mettra la main sur un des objets qui nous laisse tous rêver en temps que plongeur, la cloche du navire.
 
HIVER 2007 - LE YATAGAN REFAIT SURFACE
Le Yatagan au mouillage
 
 
Mars 2002 : un des membres du GRIEME, René Tamarelle est contacté par l'un de ses ami qui lui confie avoir trouvé une épave, probablement ancienne. Il affirme qu'il s'agit du Yatagan.

Tout amateur de "vieille carcasse" ne peut rester insensible à cette annonce et aussitôt une série de questions du style "quoi", "qui", "où" et "comment vous pouvrez être certain que c'est bien le Yatagan ?" Et son ami de lui répondre : "C'est simple... nous avons trouvé la cloche !"

KO par cette annonce, René n'en croit pas ses oreilles. Ce sera le début d'une nouvelle aventure.
 
Quelques semaines plus tard, alors que René Tamarelle s'affaire sur son bateau, un homme, Michel Delacroix, l'interpelle et lui demande s'il est bien un ami de Franck Richez. René de lui répondre par l'affirmative. S'engage alors un échange entre les deux hommes, qui se termine par l'ouverture d'une sorte de malle pleine de trésors... un simple coffre de voiture.

Et là, surprise ! Une cloche, de couleur vert de gris, abîmée en sa partie supérieure, laisse apparaître la première lettre d’un nom : un Y, le bas des lettres 2, 3 et 4 et la terminaison G A N.

Le Yatagan venait de refaire surface !
"Tu la prends, je suis sûr que tu en feras quelque chose de bien ! " Sorte de testament ; comme l'envie de transmettre une valeur, un symbole.

Quelques mois plus tard ce généreux donateur disparaissait en léguant ce précieux objet aux yeux de tous.


Cloches du Yatagan et du BerkeleyCrédit Photo R. Tamarelle
 
A gauche la cloche du Yatagan et à droite celle du Berkeley, cloches offertes par René Tamarelle au Chateau-musée de Dieppe, avec l'accord des membres de l'ensemble de la famille de Michel Delacroix.

Alors que dire après un événement pareil ! Que si tous les indices permettant une identification pouvait un jour refaire surface de la sorte, c’est notre patrimoine qui s’en trouverait enrichit.
 

Après les premiers contacts, il faudra encore patienter deux années pour qu’un petit nombre d’entre nous puisse découvrir cette épave pour mieux vous en parler.

Alors laissons nous aller à une plongée sur ce navire oublié de tous ou presque ! Cap au 300...
 
Avant d'un contre-torpilleur - D.R.
9h00 du matin, nous franchissons les jetées du port de Dieppe à bord du Manatee. Il gèle blanc mais la journée s'annonce radieuse et très ensoleillée en cette fin de mois de novembre 2004.

René est à la barre et nous nous (Stéphane Novick et moi ) réfugions près de lui, au chaud dans la cabine de pilotage.

La mer est belle. Nous filons à bonne allure vers l'objectif que René s'est fixé aujourd'hui pour nous faire plaisir. Il nous emmène plonger sur une épave mythique, qui fait beaucoup parler d'elle dans la région. Une épave que tout le monde dit avoir "plongé", mais que peu de personnes connaissent vraiment, pas même nos amis anglais, c'est vous dire !

Nous nous réchauffons en avalant un petit café brûlant, accompagné d'un bon vieux calva comme on en trouve plus guère. 

René nous narre les dernières infos recueillies sur ce contre-torpilleur de la Première Guerre mondiale, le Yatagan, qui escorta M. Loubet, Président de la République française, lors de son voyage en Russie en mai 1902.
Le Yatagan escortant le Pdt Loubet
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
A mon tour, je leur présente une première approche, à l'aide d'un croquis, de ce que devrait être l'épave au fond d'après les renseignements techniques et les plans de construction de ce navire, ainsi que de l'expérience acquise au fil de nos plongées et observations dans ce domaine.

Il ne devrait rester que les quatre chaudières, les deux moteurs triple expansion à vapeur en vis à vis mais pas dans le même alignement, les deux arbres d'hélices et, en prime, l'armement, les munitions et le charbon de chaque côté de l'épave.

Là, René m'arrête dans mes élucubrations et me dit : « Oui, c'est presque ça, mais tu verras par toi-même. Elle ne repose pas debout comme sur ton croquis, mais couché sur le côté »

Nous arrivons sur site. René nous place en main de maître, fort de sa longue expérience, "pile-poil" sur l'épave ; là où il a voulu que nous soyons pour notre confort et pour aussi préserver l'épave du ratissage de l'ancre. Nous nous préparons tranquillement, sur la plage arrière du Manatee.

Stéphane et moi partons les premiers, René plongera après nous. La descente s'effectue avec une certaine fébrilité, dans une eau très claire car déjà descendue à une température de 10°. On est "vernis"… A -22 m, j'aperçois déjà les contours de l'épave devant moi.


Il y a au moins 15 m de "visi".

Un rapide coup d'œil pour vérifier le mouillage de l'ancre. Bien placé, le René ! Rien à redire, on est en bout d'épave avec un léger courant qui nous ramènera au mouillage.

Mon objectif : parcourir l'épave pour bien la "saisir" et la coucher sur le papier comme je l'ai observé et ressenti.

C'est parti ! Un simple regard à Stéphane suffit pour lui faire comprendre qu'on y va. Je m'élève légèrement de façon à voir les différents éléments de l'épave, au fur et à mesure de notre progression, et je recherche la première chaudière. Facile avec cette vue imprenable, la voici couchée sur tribord, éventrée, les faisceaux des tubes d'eau arrachés, certainement par l'explosion lors du naufrage.
Hublot du YataganUne pensée quand même pour les non initiés qui ne manqueraient pas de passer devant sans la reconnaître, au regard de son état. Par contre, la suivante parle mieux. Elle repose dans la même position, dans le même axe, intacte, en forme de triangle, ce qui est la caractéristique des chaudières à tubes d'eau de l'époque, servant dans la marine de guerre, en regard de leur taille et de leur performance par rapport à une chaudière classique à tubes de fumée.

J'entrevois aussitôt derrière le vilebrequin du premier moteur, avec ses bielles et ses cylindres ensablés, caractéristiques des machines à vapeur triple expansion.

L'arbre d'hélice se retrouve donc à environ deux mètres au-dessus du niveau du sol, rapidement rejoint par le deuxième arbre qui s'échappe du moteur suivant, situé plus bas que le précédent. De part et d'autre des moteurs gisent les blocs de charbon reconstitués, comme sur l'Espingole, en Méditerranée, mais la carcasse de l’épave en moins.

Pas d'ossature, donc peu de facilité à détecter depuis la surface ! Ne reste plus que la "tripaille" au sable, par -37 mètres de fond.

Je file le long des deux arbres d'hélices qui se touchent presque, semblant remonter vers la surface mais replongeant aussitôt en une courbe gracieuse, par-dessus des tas de munitions jonchant le sable blanc. Stéphane est plus bas, longeant l'épave et comptant les rares hublots.

Un chalut de belle taille l'a masqué à ma vue un moment, mais je le retrouve avant d'atteindre ce qui reste des hélices, des moignons en forme de cône, comportant les vestiges de pales en bronze.

Le chalutage a vrillé les arbres du fait de l'absence de coque, et rompu les pales fragilisées par leur long séjour dans l'eau salée. Nous sommes bien sur la poupe du bâtiment.
Demi-tour et déplacement en "zigzag" sur les restes du Yatagan. Nous continuons à observer tous les éléments, tout en faisant route vers le mouillage situé donc à l'avant. Il ne nous faut pas trop tarder, car René a le droit lui aussi de profiter de ces conditions idéales de plongée.

Je recherche à l'avant la trace des chaînes des ancres du Yatagan… pas moyen de mettre la main dessus ! Aucune trace d'écubier… La cassure semble s'être produite au niveau du canon avant, introuvable lui aussi, malgré la présence d'obus et de caisses d'obus de gros calibre. Il y a bien les restes d'un gros projecteur, quelques éléments et pièces que l'on trouve sur une passerelle, mais pas de trace de l'étrave, ou de la partie avant.

Je fais signe à Stéphane que la plongée est terminée et qu'il est temps d'entamer la remontée, celui-ci acquiesce. C'est au tour de René de s'immerger et c'est avec impatience, au regard de nos "trognes ravies", qu'il s'élance à son tour…

Journée inoubliable, un chaud soleil presque printanier, une mer à chaque fois plus belle et toujours renouvelée… de moments que l'on voudrait éternels.

Un chalutier faisant route vers Dieppe passe à quelques encablures, accompagné par les vols majestueux de Fous de Bassan dans son sillage. Il est temps de rentrer à Dieppe, savourer un délicieux pot au feu pour clôturer en beauté cette magnifique journée passée en mer.

Dieppe le 25 novembre 2004 - Michel Torché

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LOCALISER LE YATAGAN
Position du Yatagan
Position en WGS84 : 50° 0' 653 N 0° 36' 668 E
9 miles de la côte
Mise à l’eau la plus proche : Saint-Valery-en-Caux (9 miles)
 

L'un des clubs plongeant régulièrement le Yatagan est probablement le PVCA.

Compte tenu de l'éloignemen, les autres structures de Fécamp ou Dieppe ne se rendent que très rarement sur ce site. Il est également possible que, de temps à autres, des clubs havrais ou britanniques visitent le Yatagan.

Concernant la sécurité, et comme indiqué dans certaines de nos fiches épaves, le caisson hyperbare le plus proche était bien celui du Havre. Malheureusement ce dernier est désormais et définitivement hors d’usage (à priori, pas de budget pour le rénover). Il ne sera probablement jamais remis en service. De ce fait, en cas de nécessité, l'organisation des secours (CROSS) oriente les victimes vers Cherbourg ou Lille (à méditer, compte tenu de la distance, même en hélicoptère).
 

 
 
Torpilleurs du type Yatagan dans le port du Havre
Torpilleurs de type du Yatagan dans le port du Havre - D.R.
 
 

SON INVENTEUR NOUS QUITTE SA MEMOIRE RESTE...

 

Il était difficile de garder sous silence les derniers écrits de l’inventeur de cette épave.

Son meilleur ami Franck Richez écrivait ces quelques lignes, l’an passé, lorsque "L'Nain" nous quittait :
"Nous avons effectué des centaines de plongées ensemble, mais celle du Yatagan restera dans ma mémoire. Je revois ta joie lorsque tu as découvert cette cloche, je nettoyais celle ci avec mon couteau pour déchiffrer le nom de l’épave encore vierge.

A peine, j’ai eu le temps de dire « YATA » que tu as hurlé Yatagan. Une épave dont tu parlais souvent, et tu l’as trouvée".

Salut Michel, tu seras toujours présent lors de mes plongées"
Franck RICHEZ Une belle histoire d’amitié qui en appela bien d’autres et que l’on prend plaisir à vous raconter.
 
 
 
 


SEQUENCES PHOTOS ET VIDEOS

 

Diaporama GRIEME
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Diaporama couleur sur le Yatagan


Retrouvez ci-dessous plusieurs vidéos, dont certaines réalisées par le GRIEME.

A souligner le reportage de France 3 Haute-Normandie (appellation de l'époque), piloté et organisé par le GRIEME qui a souhaité promouvoir la plongée subaquatique en Manche-Est. Cette opération a été réalisée avec le soutien logistique du PVCA qui a mis à disposition son navire, son unité "alu", le Narcose.

Le GRIEME remercie le PVCA pour sa contribution active à la découverte des épaves du littoral seino-marin. Lors du tournage de l'équipe de France 3 Haute-Normandie, plusieurs adhérents du PVCA ont été interwievés. A noter que, pour l'occasion, François Mathieu, Président Adjoint du PVCA, avait sollicité la présence de Marc Van Espen, un spécialiste belge des épaves sous-marines.

Le PVCA reçoit régulièrement de nombreux plongeurs désireux de découvrir les richesses sous-marines de la côte d'Albâtre.
 
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Visionner les vidéos du Yatagan par le GRIEME et FRANCE 3 HAUTE-NORMANDIE (séquence vidéo : haut débit hautement recommandé) 
 
(Munitions du Yatagan et chadburn du HMS Derwent) © Photos GRIEME - Reproduction interdite
Images en vrac du Yatagan Images en vrac du Yatagan Images en vrac du Yatagan Photos GRIEME - François Mathieu (objectifs, filtres, visibilités différent selon les plongées et selon le photographe)
 
 

LECTURE A PROPOS DU YATAGAN
Le Yatagan dans la Saga des Epaves de la Côte d'Albâtre Tome 2
 
CREDITS PHOTOS ET REMERCIEMENTS
Le Yatagan
Collection Marius BAR
Collection H. Laurent - Port Louis (D.R.)
Collection A. Bougault - (D.R.)
Collection I. Lassague - (D.R.) PVCA
Reproduction des documents interdite sans autorisation
 
REMERCIEMENTS SPECIAUX
Famille de M. Delacroix
Frank Richez

René Tamarelle (Corsaire d'Ango)