EXPRESS

Le Navire
Préambule
Naufrage
Identification
Mobilier
Photos/Vidéo

  • Nom : Express

  • Type : caboteur

  • Nationalité : britannique

  • Construction :  1869 goélette lancée au chantier Readhead, Softley & Co. à South Shields
                            1875 conversion en caboteur à vapeur au même chantier

  • Dernier propriétaire : Samuel Reid & Sons Co. Ltd de Liverpool

  • Dimensions : long. 42,1 m - larg. 5,82 m - profondeur de cale 3,1 m   

  • Tonnage : jauge nette : 98 tx - jauge brute : 217 tx

  • Motorisation : moteur compound de 50 cv & chaudière à deux foyers du même constructeur
                          Cyl HP 46 cm - cyl BP 88cm - course pistons 56 cm

  • Naufrage : 04/04/1917

  • Coordonnées Géodésiques : latitude : 49° 56'020 N - longitude : 0° 22'628 E

Express 09

 

 

 

 

 

L'Express - 3 avril 1917 : un sillage inquiétant à l'origine de la perte d'un navire.
2003, les premières investigations du GRIEME pour le compte du DRASSM. Une forme, une dimension, un type de navire et deux noms à ce jour : Persévérance ou Express.

 

 AVANT TOUT UN TRAVAIL DE PREPARATION ET DE TERRAIN

 

Lorsqu’en 2003 nous préparons notre dossier « Carte Archéo » pour le DRASSM, nos recherches ciblées nous amènent sur plusieurs points. Certains sont référencés par le SHOM, avec une précision allant de 10 mètres à 1 mille nautique. Celui dont il est question ici fera partie de ceux dont la précision était à 10 mètres, mais à une distance de 10 milles de la côte .


Le but de ce travail est d’inventorier, avec le plus de précision possible, ce que représentent les points SHOM et les croches au fond de la Manche-Est.

Une trentaine de points constituent notre dossier 2003-2004 et, au final, une restitution au DRASSM d’après une fiche signalétique type permettra de constituer une «carte» des fonds marins plus précise que celle actuelle.


Mais que nous réservera cette première plongée ?

 

 

 DECOUVERTE

 

 

La première immersion sur ce point fut effectuée le 28 mars de la même année. Température de l’eau : huit degrés ! Météo calme et brouillard sont au rendez-vous à quelques 10 milles du port de Fécamp, dans le cap 003 degrés.

La première palanquée, malgré une bonne visibilité, passera à côté de l’épave. La seconde aura plus de chance !

A son retour sur le bateau, la première impression de François, au vu de cette découverte, lui faisait penser qu’il avait plongé sur « sous marin ». Une coque retournée au trois quart ne laissait pas apparaître les formes réelles de cette épave.

Puis au fil de la progression sur le gisement, après avoir laissé un avant très profilé, nous arrivons sur une partie vide de l’épave correspondant à ce qui devait être une cale. S’en suit une petite chaudière au sable, la tête en bas comme le reste du navire, et un moteur bi-cylindre qui est plutôt rare sur les épaves que nous connaissons.

Puis, nous arrivons sur l’arrière où une petite hélice de propulsion et un gouvernail terminent cette épave plutôt bien conservée.

Ce navire, aux dimensions modestes, devait être une goélette naviguant à la voile et ayant un moteur d’appoint pour compenser les coups de mauvais temps. Une plongée ne suffit pas à notre travail. Décision fut prise de revenir le lendemain pour compléter notre fiche signalétique DRASSM.

 

 

 

 

 

SUPPOSITION

 

 

 


Lorsque le lendemain le cordeau se déroule, pour les uns dans le sens de la longueur, pour les autres dans le sens de largeur, les suppositions sont déjà nombreuses.

La veille au soir, un premier débriefing devant l'ordinateur et notre banque de « données épaves » laissait apparaître peu de navires ressemblant à ce qui avait été vu durant la plongée. Deux noms sortaient du lot, l’Express, petit navire aux caractéristiques suivantes :

- Goélette vapeur - Date du Naufrage : 04/04/1917 - Jauge Nette : 98 tx - Jauge Brute : 217 tx - Propriétaire : A.F. Henry & Mc Gregor, Dock Place, Leith

Et le Persévérance, un peu du même type. Mais la part d’archives que nous possédons nous laisse penser qu’il ne s’agit pas de ce dernier.

Peu de choses complémentaires à cette première investigation : présence de bois sur les restes de pont, coque en acier rivetée, hélice quadripale de 1 m de diamètre et pas grand chose de plus !

 

 

 

 

Contexte de 1917


Les sous-mariniers allemands mènent maintenant une guerre totale. Pour les certains capitaines des vapeurs alliés, circuler en Manche représente une véritable crainte, voire une paranoïa.
Il est 21 heures ce 3 avril, l’obscurité s’apprête à envelopper Fécamp et le petit vapeur britannique Express appareille pour regagner Southampton sur ballast. A la sortie du port, il se porte à la hauteur du patrouilleur Alsace afin de lui demander s’il peut directement mettre le cap sur l’Angleterre, ce dernier n’ayant pas reçu d’ordre s’y opposant, le laisse entamer sa traversée à 10 nœuds. A minuit, le vapeur est déjà à 20 milles au large des côtes françaises. Une brise fraîche chargée de grains de neige cingle les visages aux yeux rougis et larmoyants des hommes sur la passerelle quand…


Soudain, une ombre inquiétante se profile sur l’eau


Le capitaine Anderson distingue à moins de 100 mètres sur l’avant une masse sombre qui affleure sur la mer et qui semble laisser un sillage. Il hurle alors à son homme de barre : « Un sous-marin ! Tapons dedans ! ». La proximité de la « chose » ne permet pas d’effectuer de manœuvre supplémentaire et l’Express passe par-dessus l’obstacle dans un grincement de tôles. La masse émerge un instant sur bâbord et disparaît derrière le navire. Mais que vient donc d'éperonner le vapeur ? Personne n’a reconnu la forme d’un sous-marin ou d’un quelconque petit navire de surface. Il reste l’hypothèse d’une épave flottant entre deux eaux…
Quelques instants après l’abordage, le chef mécanicien monte prévenir le capitaine d’une voie d’eau importante. Elle semble provenir de sous la chaudière et commence à envahir la chaufferie. Le capitaine Anderson surmonte aussitôt son trouble face à sa méprise et reprend la situation en main. Il fait virer de bord et mettre le cap vers la terre. Il s’agit d’effectuer le maximum de route tant que la chaudière fournit encore de la pression. Afin d’aveugler l’entrée d’eau, le capitaine fait descendre sur l’extérieur de la coque la bâche goudronnée qui sert habituellement à recouvrir le panneau de cale. La pompe seule n'arrivant pas à juguler la montée de l’eau, l’équipage organise une chaîne avec des seaux.


Une interminable journée à espérer un secours


A 4 heures, l’Express s’est rapproché à 6 milles de la côte entre Antifer et Fécamp. L’allure du navire a sérieusement diminué du fait de la baisse de pression. Au lever du jour, la brise se calme et le capitaine fait mettre une embarcation à l’eau. Le maître d’équipage John Randal y embarque avec trois matelots pour aller chercher du secours à Fécamp. En route, les quatre marins britanniques sont recueillis par un cargo norvégien. John Randal convainc presque le capitaine de remorquer l’Express jusqu’à Fécamp quand apparaît un convoi escorté par le chalutier armé La Champagne. L’officier norvégien fait alors des signaux au chalutier français, expliquant à Randal que ce navire sera plus à même pour ce genre de tâche. Le chalutier les rallie, prend les quatre hommes à bord et le cargo norvégien reprend rapidement sa route. Le malheur veut que personne ne parle anglais à bord de La Champagne et, sans avoir réussi à se faire comprendre, les quatre naufragés dépités se font débarquer au Havre, destination du convoi. Cet exemple soulignera auprès de l’Amirauté le besoin évident de disposer d’un interprète à bord de chaque patrouilleur.
Pendant ce temps, l’eau a éteint les feux et l’Express dérive maintenant au gré des marées. Le signal de détresse pourtant hissé, pas un des nombreux bateaux aperçus, notamment le cargo norvégien et La Champagne, ne se déroute. Vers 15 heures, alors que l’Express se trouve à 9 milles au large de Fécamp, le capitaine fait mouiller l’ancre. Les quatre hommes restés à bord constatent la lente et inexorable montée du niveau d’eau dans la cale…A 19h45, ils se résignent à abandonner le navire et embarquent dans le second canot. L’Express s’enfonce dans les flots à 20h30 sous le regard désespéré du capitaine Anderson, il aurait suffi d’un secours dans la journée pour sauver son bateau…
Ce n’est qu’en fin d’après-midi que le Commandant du Front de Mer du Havre a connaissance du navire en détresse. Par T.S.F., il prévient le Trombe en patrouille entre La Hève et Antifer de filer sur zone. Il recueille les quatre derniers naufragés alors que l’Express vient de couler.


L’état d’esprit des officiers de navires commerciaux à la fin du conflit


Les débuts de la Première Guerre mondiale sur mer sont loin, période où le respect entre gens de mer primait et les prises se faisaient dans un esprit chevaleresque. Place maintenant à la guerre totale et au torpillage sans sommations. Nombre de capitaines de navires commerciaux appréhendent dorénavant de prendre la mer, à la merci des armes aveugles qui les attendent entre deux eaux. Comment expliquer la décision suicidaire du capitaine Anderson pour son navire ? L’anxiété et la nervosité sont-elles à l’origine du réflexe belliqueux de l’officier guettant la moindre onde suspecte à la surface des flots ? Faut-il y voir une quête de prestige ou plus simplement l'appât de la prime promise aux « éperonneurs » de sous-marins ?...

 

 

EXTRAIT DU YACHT DE 1917

 

 

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(Une peinture réalisée par Lucienne Billa, mise à disposition du GRIEME)

 

 

 

Quelques jours avant son naufrage, l'Express faisait une victime en rade du Havre.


Au Havre… « Le steamer anglais l’Express en arrivant hier soir sur rade, a eu le malheur d’aborder dans le nord-ouest de La Hève le bateau pilote Maria. Ce dernier, pris par le travers, a été coupé en deux et a coulé immédiatement ; il était monté de trois hommes : le patron et deux lamaneurs. Le premier, à la vue du danger, s’accrochant à la chaîne d’ancre du steamer, a pu remonter de suite à bord… ».

Quant aux deux autres matelots, ils sont recueillis fort heureusement peu après.

 

 

 

 

TOUJOURS LE DOUTE, MAIS...

 

 

ExpressArphoto

 

 

Aujourd’hui, après une dizaine de bascules effectuées sur cette épave, nos recherches restent vaines. Aucun indice précis, pouvant nous permettre de commencer une recherche, n’a été trouvé à ce jour. Pas plus pour nous permettre de donner une nationalité à ce navire que pour interroger nos correspondants français et étrangers.

Pourtant, le navire ne semble pas avoir souffert d’une explosion causée par une mine ou une torpille et la thèse de l’accrochage d’une épave semble corroborée. La coque retournée du navire ne laisse apparaître qu’un manque de tôles sur l’arrière bâbord, qui pourrait être la cause du naufrage. De plus, avec la connaissance des plans d’autres navires du même type que l’Express, nous retrouvons dans l’épave des pompes reliées à des tuyauteries, comme le mécanicien en fait état dans le rapport de naufrage.

Alors, si la position vous rappelle un vieux souvenir de plongée, que vous avez chez vous ou chez l’un de vos amis plongeurs un indice qui nous permettrait d’identifier précisément ce navire, nous vous serions reconnaissants de vous rapprocher de nous.

Le but premier du GRIEME est de redonner un nom à toutes ces « tôles et carcasses » non encore répertoriées ou identifiées avec précision.

 

 

 

 

 LE MOBILIER

 

 

 

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  Express2019d

 

 

 

Nous vous présentons ci-dessous quelques éléments ayant fait l'objet d'un prélèvement dans le cadre de l'étude que nous menons sur les épaves de Manche-Est afin de les identifier.


Il est important de noter que la totalité des objets que notre association découvre sur les épaves fait l'objet d'une déclaration auprès des autorités compétentes et, en cas de nécessité de prélèvement, d'une autorisation du DRASSM.

Les vestiges que le GRIEME a prélevé au fil des ans seront prochainement exposés dans leur totalité au Chateau-musée de Dieppe, avec lequel nous menons actuellement des démarches pour la mise en place d'une exposition permanente. Pour cela, nous sommes aidés par  la réprésentante du DRASSM pour le littoral de la Manche-Est.

 

 

 

 

SEQUENCE PHOTOS - VIDEOS

 

 

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L'étrave
Un moteur bien difficile à distinguer
L'hélice, beaucoup plus simple à reconnaitre
Le condenseur



(Reproduction interdite sans autorisation du GRIEME)