L'AFRIQUE
Mise à jour le 24-Jan-2009 12:25

Les renseignements pour la réalisation de cette fiche épave
nous ont été communiqué par Pascal HENAFF & Hervé MARSAUD
Le GRIEME les remercie vivement


Constructeur - Chantier naval
S.HUNTER et W. RICHARDSON - Newcastle
Propriétaire
Compagnie Française des Chargeurs Réunis
Classe
Paquebot mixte
Mise à l'eau
21 novembre 1907
Type coque
Acier riveté
Détails ponts
2 mâts
cheminée cerclées bandeau jaune avec
5 étoiles rouges (5 continents)
Tonneaux en jauge international
5416 tonneaux
Déplacement 
non renseigné
Longueur
119,17 m
Largeur
14,75 m
Tirant d'eau
6,46 m 
Vitesse
 17, 5 noeuds
Chaudières
6 chaudières
Motorisation - Machine
2 machines à vapeur triple expansion
7200 cv - 2 hélices
Nombre de passagers
 224
Date du naufrage
12 janvier 1920
Circonstances naufrage
Mauvais rendement des pompes du navire
Arrachement des rivets de tôles sous l'effet de la violence de la mer
Positionnement
Coordonnées géodésiques en Europe 50
Longitude : 02° 14’ 430 E
Latitude :    46° 16’ 475 N
Profondeur de l'épave
 44/48 m


HISTOIRE

Lorsqu'il quitte Bordeaux pour Dakar, 599 personnes sont à bord : 474 passagers et 125 hommes d'équipage. Parmi ces passagers, on trouve 192 tirailleurs sénégalais ayant survécu à l'enfer des tranchées et 17 missionnaires avec Monseigneur Jalabert à leur tête. Le reste des passagers est constitué de militaires, de fonctionnaires, de négociants et de leur famille.

Le 10 janvier 1920, la météo est mauvaise, mais le commandant Le Dû, homme d'expérience, met le cap vers le large, il est 9 heures lorsque, à marée haute, le paquebot passe le banc de La Mauvaise.
Vers 10 heures, une voie d'eau est signalée dans les chaufferies, on y accorde peu d'importance, suivi d'un engorgement des pompes dû à la poussière de charbon et aux escarbilles.


 
 

LE NAUFRAGE

Vers 14 heures, une mer démontée lève des vagues de 10 à 12 m qui déferlent sur la proue du navire et les pompes d'assèchement ne débitent plus ! L'Afrique se trouve à 80 milles de la côte et dans la soirée, le capitaine Le Dû, après diverses manœuvres décide de gagner La Pallice (port de commerce de La Rochelle).

 

Le 11 janvier, à 2 heures du matin, le navire n'est plus manœuvrant, l'eau monte et les chaudières tribords s'éteignent…
A 7 heures le capitaine demande du secours. Deux remorqueurs: le Zèbre et la Victoire, quittent Rochefort, mais l'état de la mer les oblige à se mettre à l'abri de l'Ile d'Aix.
Venant de Bordeaux, le Ceylan des Chargeurs Réunis, modifie sa route pour se porter au secours du navire. A 14 heures, il est en vue de l'Afrique qui gîte sur tribord, mais passer une remorque semble illusoire. Vers 20 heures, le CEYLAN assiste à l'extinction de tous les feux, il y a trop d'eau dans la chaufferie.

Le cargo plongé dans l'obscurité dérive dangereusement vers le plateau de Rochebonne où les roches élèvent des déferlantes de 15 m de haut. Vers minuit l'Afrique passe entre la Pierre-Levée et La Congrée mais le Ceylan reçoit ce message: "Je suis drossé sur le feu des Rochebonnes, je talonne…"

Peu après minuit, l'ordre d'évacuation est donné, la mer rend l'opération presque impossible et ce 12 janvier 1920, à 3 heures dans l'obscurité, l'Afrique s'enfonce dans l'eau froide entraînant avec lui, ses passagers et sa cargaison.



RESCAPES ET VICTIMES

Au petit matin, les matelots du Ceylan retrouvent une embarcation avec 9 hommes d'équipage. Dans l'après-midi nouvelle décourte d'un radeau avec 16 tirailleurs sénégalais dont deux morts.

Plusieurs bateaux prospectent dans la zone du naufrage, ils ne ramèneront que des cadavres. Un canot touchera terre à 15 km des Sables d'Olonne avec 12 hommes à bord. Sur 599 personnes, il n'y a que 35 survivants. Trois mois durant, après le drame, les pêcheurs du littoral ne cesseront de recueillir des corps.
 


 

LA CAUSE DU NAUFRAGE

Pour mieux comprendre les causes du naufrage, on cite le mauvais rendement des pompes et l'arrachement des rivets de tôles sous l'effet de la violence de la mer.

Trois ans plus tard, le Lutetia, quittant Bordeaux, fut victime d'une voie d'eau en passant La Mauvaise: une poutrelle métallique d'une épave ensablée en était la cause.


PETIT BRIEFING et BALADE SUR L'EPAVE


Croquis de l'Afrique signé Hervé MarsaudA 23,30 milles des Sables d'Olonne, par 44 à 48m de fond selon la marée et orienté Est-Ouest, gît l'Afrique sur un lit de sable. Brassiage: 5 à 6 m.

Cette épave nécessite plusieurs plongées pour la voir correctement en entier. Cette plongée s'adresse surtout au plongeur expérimenté minimum niveau III.

La visibilité avoisine souvent 30 m. L'étrave très bien conservée (avec l'ancre sur le sable) donne l'impression d'être dominée par les étages d'un petit immeuble. Légèrement incliné sur tribord. En réalité, seul l'avant n'est pas écrasé.
Vers le milieu du navire, les flancs bâbords sont encore debout. On y découvre les six chaudières entourées d'un amas de poutrelles, de tôles, de ferrailles et de tuyaux en tout sens.

Si, l'autonomie et les paliers le permettent, suivez les deux arbres venant des deux machines. A l'arrière, impossible de manquer les hélices, la tribord légèrement ensablée sous le safran et l'autre figée depuis les années à quelques mètres au-dessus du sable.
Quand on explore cette magnifique épave, on peut se faire une idée précise de sa forme et de sa taille en se déplaçant 7 ou 8 m au-dessus du fond (profil de plongée moins pénalisant).

Dernière chose, comme chaque épave a son mystère, la rumeur colporte qu'une partie des bijoux de Monseigneur Jalabert s'y trouve encore !

Alors, bonne chance et prudence, car si cette épave n'est pas dangereuse en soi, la profondeur est là pour rappeler qu'il faut oublier poissons et trésors jusqu'à la prochaine fois.

Hélice de l'Afrique
(Dessin ci-dessus réalisé par Hervé MARSAUD)
 


FAUNE & FLORE

Très riche : Lieus, tacauds, vieilles, congres, baudroies, homards, bars, voire: poissons lune, juliennes, poulpes, St Pierre… et cliones, gorgones, oursins… !

Une faune très riche sur l'Afrique
 


CONTACTS - CLUBS - INFOS PRATIQUES


Avec le Scaphandre Club Yonnaisau 02.51.62.72.01 (répondeur avec programme des sorties et heures de départ), l'Afrique étant "fait" au moins 5 à 6 fois dans l'année (sur dérogation spéciale, vu la distance).
20 places à bord du Domi-Sophie, deux plongées avec 3 heures d'intervalle.
22 € la sortie, après adhésion au club pour 30 € (carte mer).


 


REPERES BIBLIOGRAPHIQUES - DOCUMENTS - MAGAZINES

· Le Chasse-Marée n° 46
· Océans n° 299, fiche épave n°19
· N° Spécial Collector Océans : "40 épaves des côtes françaises" fiche n°19
· Apnéa n°87
· Livre: "Epaves des côtes de France" Editions Ouest France
 
 

REMERCIEMENTS


(Carte postale & Crédit photo © Pascal HENAFF - Croquis & Cartes Postales Hervé MARSAUD)


Pascal HENAFF

Le GRIEME a rencontré Pascal HENAFF lors du stage épaves de St Malo (Novembre 2002) organisé par le C.D.60.

La volonté commune de promouvoir la plongée sur les épaves et la conservation du patrimoine sous-marin permet à notre association de vous présenter aujourd'hui cette nouvelle fiche qui ouvre les portes des fonds sous-marin de l'Atlantique.

Nous remercions Pascal et Hervé pour leur contribution.

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