L'U.J. 1404 ou FRANKEN

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  • Nom : UJ 1404  (ex UJ 128) (ex FRANKEN)

  • Type : Chasseur de sous-marins (à l’origine, chalutier PC 303)

  • Nationalité : Allemande

  • Construction : Lancé le 6 nov. 1936 au chantier  Norderwerft Köser & Mayer de Hambourg

  • Propriétaire : Nordsee Deutsche Hochseefischerei

  • Port d’attache : Cuxhaven

  • Dimensions : longueur 54,1m - largeur 8,17m – prof. cale 4,68m  

  • Tonnage : Brut : 472 tx.

  • Motorisation : Machine Triple expansion Deutsche Schiff-und Maschinenbau A.G. à Seebeck (1 chaudière).

  • Vitesse : 12 nœuds

  • Armement : 1 canon 88 mm, canons de 2 0mm, 2 mortiers et rampes lance-grenades SM.

  • Naufrage :  19 aout 1942 (bataille / forces de débarquement de l’opération Jubilee).

  • Coordonnées géodésiques : latitude : 50° 02,259’ N - longitude : 001°06,517’ E

  • Réquisition :
    • juil. 1939 / 12e U-Bootsjagdflottille de Mer du Nord (UJ 128)
    • 2e affectation : juin 1941 / 14e U-Bootsjagdflottille de Lorient (UJ 1404)

UJ 1404 ou FRANKEN

L'U.J. 1404 ou FRANKEN A DIEPPE

 

L'Opération Jubilee de Dieppe fait une victime dans la Kriegsmarine... le Franken plus connu sous le nom d'UJ1404 ou "Tintin" Mise à jour 24-Avr-2013 20:46

 



ZONE SOMBRE AUTOUR DE L'UJ 1404

La fin de l’U.J. 1404 restera parmi les plus floues des pertes allemandes de cette deuxième guerre. Que faisait l’U.J. 1404 au large de Dieppe en ce 19 août 1942 ?

Difficile de le savoir au travers des archives de guerre ! Ces dernières sont muettes et l’on ne peut que se référer aux écrits de Heinrich Gröner pour savoir que le matin du 19 août, à 6 h 10 exactement, l’U.J. 1404 coulait à la position estimée à l’époque de 49°56’ N pour 01°04’ E.


En réalité, et après plusieurs plongées effectuées sur trois épaves différentes de ce secteur, une seule se rapprochait des dimensions de l’U.J. 1404. Cette dernière se situait à 50°02’ 312 N pour 001°06’ 596 E.

Nous avions là un navire armé d’un canon de 88 mm, mesurant près de 55 mètres pour environ 8 mètres de large. La proue restait l’élément déterminant, étant équipée d’un bras articulé comme sur les Sperrbrecher. Les deux autres épaves vérifiées ne présentaient pas cette spécificité. Leurs dimensions ne correspondaient pas du tout au navire recherché.

L’U.J. 1404 venait de trouver sa position définitive dans les fonds de la Manche.  

 

DE LA CONSTRUCTION A LA REQUISITION

 

Comme beaucoup de navire réquisitionnés et transformés par la marine de guerre allemande, le FRANKEN était un chalutier de pêche. Son numéro de matricule était PC 303. Le navire avait été construit par le chantier Norderwerft Köser & Meyer AG à Hambourg.

 

Le navire mesurait 54,10 m de long pour 8,17 m de large. Il avait un tirant-d'eau de 3,73 m. Equipé d'un moteur triple expansion, il filait 12/13 nœuds en vitesse de croisière. Sorti des chantiers le 21 septembre 1937, il sera baptisé FRANKEN le 6 novembre de la même année.

 

 

Extrait du Lloyds


Le 6 juillet 1939, il connaît sa première affectation comme U.J. 128 en Mer du Nord. C'est le 1er août 1941 qu'il rejoint la 14 ème Flotille de guerre allemande, sous le numéro 04 pour U.J. 1404.

Le Franken devient définitivement l'U.J. 1404.

 

 

 

6 JUILLET 1939 - PREMIERE AFFECTATION SOUS LE NOM D'UJ 128

L'épisode glorieux de l'UJ128 Comment ce navire contribua à l’unique capture d’un sous-marin britannique

Arado 196

 Le 5 mai 1940 au petit matin, avant le levé du jour, deux «ARADO 196» de l’escadron côtier «Kustenfliegergruppe 706» s´envolent.

Les pilotes Günther Mehrens et Karl Schmidt veulent inspecter le détroit du Kattegat entre le Danemark et la Suède.

A l’aube, ils auront de plus grandes chances de surprendre un sous-marin encore en surface, profitant de l’obscurité pour charger ses batteries avant de replonger en profondeur.

 

Intérieur de l'appareil

 

En effet, les forces navales allemandes ont pourchassées la veille un sous-marin qui posait des mines dans le secteur. Il s’agit du «Seal», une unité de la classe «Porpoise», il mesure 88 m de long et 8 m de large. Sa propulsion diesel-électrique lui permet de filer à 15 nœuds en surface et 9 nœuds en plongée. Il est équipé pour mouiller 50 mines (celles posées lors de sa mission couleront d'ailleurs quatre navires allemands, totalisant une perte de 7000 t.).

 

L’équipage du Seal a subi, pendant 22 heures, une chasse ininterrompue et sans merci. Au petit matin, le sous-marin ébranlé par les grenadages et l’explosion d’une mine à proximité fait enfin surface après un longue période sur le fond. Son équipage est intoxiqué par les gaz délétères et le submersible n'est plus en état de plonger. De plus son artillerie de surface est enrayée. C’est donc à petite vitesse qu’il remonte vers le nord pour tenter de gagner un port neutre suédois.

 

Arado 196 en reconnaissance

Les deux avions allemands survolent les flots à une altitude de 50 m, inspectant la mer avec attention. Les aviateurs aperçoivent soudain une forme émergeante sur leur droite. Après un survol rapide, les pilotes constatent qu’il s’agit bien du kiosque d´un sous-marin. Le submersible semble mal en point car le kiosque est incliné sur bâbord et sa partie arrière reste immergée.

Le Seal est immobilisé, incliné sur tribord

Le lieutenant Mehrens effectue un tir de sommation en direction du sous-marin, avec son canon de 20 mm, et prend ensuite la lampe de signalement pour envoyer un K qui veut dire : «stopper immédiatement ! ». Il demande par la suite au bateau de s’identifier.

Le capitaine Rupert Lonsdale ordonne au matelot chargé des transmissions, de répondre avec des signaux incompréhensibles pour gagner du temps. L’aviateur allemand s´aperçoit de la manœuvre de diversion, monte à une altitude de 1000 m pour plonger en piqué et larguer sa bombe de 50 kg. Le projectile manque le sous-marin de 30 m. Le second "Arado" loupe également sa cible. Le deuxième passage des avions pour larguer leurs dernières bombes se fait plus précis. Les geysers s’élèvent tout près de la coque du Seal qui commence à rouler dangereusement, l´obligeant à lancer un «SOS».

Entre-temps, l´eau, qui continuait à monter lentement dans le bateau, noie le dernier moteur en fonctionnement. Le Seal n’est maintenant plus manœuvrable. Les hydravions approchent à nouveau pour mitrailler le kiosque quand ils aperçoivent l’officier anglais agiter une nappe blanche en signe de reddition. Le capitaine Lonsdale ordonne aussitôt à son second, le lieutenant Beet, de brûler les documents secrets, de préparer le sabordage et d’organiser l’évacuation du navire par l’équipage. La seule charge de sabordage située à l’avant ne fonctionnera pas !

Rédition de l'équipage du Seal

Arado à proximité du Seal

Les deux pilotes n’en croient pas leurs yeux. Ce n´est jamais arrivé que deux avions capturent un gros sous-marin poseur de mines. De peur que le bateau puisse quand même s´échapper et que personne ne les croit, l’Arado du sous-lieutenant Schmidt amerrit et oblige le capitaine de venir à son bord. Par radio, les avions demandent une assistance navale pour capturer et remorquer leur prise.

 

Ce sera l’UJ 128 (ex Franken) le premier sur place qui remorquera fièrement le sous-marin jusqu’à Frederikshaven.

 

Triste journée pour les 53 matelots du Seal capturés, surtout pour le capitaine Lonsdale dont, en ce jour,c'est le 35 ème anniversaire. 

UJ 128 remorque le SEAL

Officiers allemands inspectant le HMS Seal sur lequel on voit les impacts d’obus de 20 mm des Arado.

 

 

Les allemands inspectent le HMS Seal

 

La capture de ce sous-marin et son étude à Kiel par les ingénieurs allemands n’apporta que peu d’informations, si ce n’est sur les torpilles et leur détonateur. Apres quelque essais, il fut désarmé en 1941 car, son équipement ne correspondant pas aux normes allemandes, il eut été trop couteux de le modifier. Il fut détruit en 1945. Ce succès fut surtout exploité par la propagande allemande.

Apres cinq ans de captivité en Pologne, le capitaine de corvette R.C. Lonsdale et son second, le lieutenant de vaisseau T.A. Beet, comparaitront en cour martiale du 9 au 11 avril 1946 à Portsmouth afin d’expliquer pourquoi ils n’ont pas détruit leur bâtiment, plutôt que de le livrer. Ils seront finalement acquittés pour conduite honorable, mais le capitaine Lonsdale très affecté démissionnera de la marine et finira sa vie comme missionnaire en Afrique.

 

 

 

 

 

1ER AOUT 1941
INCORPORATION A LA 14 EME FLOTTILLE DE CHASSEURS DE SOUS-MARINS L'UJ 128 DEVIENT UJ 1404

 

 

Emblème de la 14 ème flottille

Une nouvelle flottille est créée en 1941 pour assurer la sécurité et la lutte anti-sous-marine aux abords des nouvelles bases navales, sur la côte Atlantique françaises ainsi que la protection des convois de ravitaillement. Elle est basée à Lorient et y restera jusqu’à la capitulation en 1945. Notre UJ la rejoint 1er aout 1941et reçoit le nouveau code UJ 1404. La 14e U-bootsjagdflottille se compose de 33 unités :

 

 

- 6 baleiniers (UJ 1411 à UJ 1416)
- 6 cotres de guerre KFK (UJ 1440 à UJ 1445)
- 4 cotres de guerre KUJ (UJ 1430 à UJ 1433)
- 8 bateaux de pêches récents (UJ 1405 à UJ 1409, UJ 1434 & UJ 1435)
- 1 vapeur ex-polonais (UJ 1421)
- 8 chalutiers (UJ 1401 à UJ 1404, UJ 1420, UJ 1424 à UJ 1426)

En fait, ces chasseurs de sous-marins n’en avaient sans doute que le nom. Leurs moyens de détection par hydrophone étaient assez rudimentaires et leur vitesse trop faible pour traquer efficacement un sous-marin. Ces navires se contentaient de larguer quelques grenades au moindre sillage suspect de périscope. Les UJ jouaient surtout un rôle de navire d’escorte.

Les alliés, quant à eux, prirent plusieurs longueurs d’avance à partir de mi-42, avec le perfectionnement du sonar qui allait participer pour une bonne part au déclin de la menace sous-marine allemande.


Flotte en patrouille UJ1712 UJ en mer UJ 1201 avec rampes arrières pour grenades KUJ1203

 

 

 

GRENADES ANTI SOUS-MARINES SUR L'UJ 1404

 

 

Dès la Première Guerre Mondiale, l'un des moyens de lutte contre les sous-marins est sans conteste la grenade. Pour augmenter les chances d’atteindre un submersible en plongée, un mortier fut mis au point pour projeter une grenade à 75 m de part et d’autre du navire. En plus du largage par gravité à partir des rampes arrières, ce grenadage latéral multipliait les chances de toucher l’objectif.

 

Réglage de la grenade

Chargement des grenades à bordMise en place de la grenade à bord

 

 

La manipulation des grenades à placer sur leur lanceur reste un travail fastidieux pour l’équipage. La grenade est positionnée sur un berceau en forme de pelle, prolongée d’un tube. Cet ensemble est emmanché dans le mortier. L’explosion d’une charge de poudre est déclenchée dans une chambre annexe, communicant avec le fut principal. Telle une sarbacane, les gaz expulsent le berceau et sa grenade.Lanceur de grenades

 

 

Lanceur de grenades


 

Il est donc intéressant de détailler les moyens de lutte sous-marine qui équipaient l’UJ 1404.

1 - Vanne d'entrée d'eau et chambre d'expansion
2 - Détonateur
3 - Amorce
4 - Trou de remplissage en TNT
5 - Anneaux de manutention
6 - Charge explosive
7 - Enveloppe extérieure


Ces charges explosives, inventées par les britanniques lors de la Première Guerre mondiale, sont extrêmement simples. Il s’agit d’un cylindre en acier rempli de 150 kg de TNT et doté d’un détonateur sensible à la pression hydrostatique, que l’on règle suivant la profondeur ou l’on veut déclencher l’explosion. La vitesse de chute dans l’eau est d’environ 2 à 4m/s.

Une grenade de ce type est meurtrière pour un submersible si elle explose à moins de 8 m. Elle causera des dommages dans un rayon de 15 m. Au delà de cette distance, même si ces explosions étaient inoffensives pour l’objectif, elles peuvent avoir des effets de commotion cérébrale sur l'équipage.

Grenadage anti sous-marinExplosion de grenade anti sous-marine



Au début de la Seconde Guerre mondiale, les grenades sous-marines des belligérants sont sensiblement les mêmes qu’à la fin du premier conflit mondial. Les sous-marins améliorant leur vitesse en plongée et descendant plus profondément, les grenades vont devoir évoluer. Ainsi, la profondeur d’utilisation des grenades, qui était de 9 à 100 m, va passer jusqu’à 183 m à partir de 1942. La vitesse de descente va elle aussi passer de 3 à 4 m/s. Les Américains la feront évoluer en forme de goutte d’eau lestée et dotée d’un empennage pour augmenter sa vitesse de descente à 7 m/s.

Concernant l'UJ 1404, nos constatations sont assez formelles. Tout en se gardant une possibilité fort minime d'erreur, nous pouvons affirmer que certaines mines anti sous-marines de l'UJ 1404 reposent au fond de la Manche, comme en témoigne notre image ci-dessous.

uj 1201 Gros plan sur le lanceur de grenade
  UJ 1201 vu de l'arrière Grenades anti sous-marines de l'UJ1404 Gros plan sur le "lanceur" de grenades de l'UJ 1201

 

 

 

LA PERTE DE L'UJ 1404

Silhouette de l'UJ1404

Dessin de Michel TORCHE


En cet été 1942, les alliés mobilisent 237 navires divers pour préparer un raid sur Dieppe. Le but est de tester les futures techniques d’invasion, ce sera l’opération Jubilee. Elle consiste en une action éclair pour détruire les installations portuaires, le terrain d’aviation de St Aubin, les installations radar et les défenses côtières en amont et en aval de Dieppe.

Une menace pour la flotte de débarquement  sera la batterie «Goebbels» sur les falaises de Berneval, au nord de Dieppe. Elle est constituée de trois canons de 170 mm, quatre de 105 et deux batteries anti-aériennes de 20 mm. La garnison allemande comprend au moins 200 hommes. La neutralisation de ce point fortifié sera confiée à 400 commandos qui débarqueront dans les valleuses, de chaque côté de Berneval, pour attaquer la batterie à revers. Ce sera l’opération Flodden

Quatre LCP "Eureka" près d'une vedette de type MG/Motor Gun - (Source : © IWM A11230)

LCP et Motor GunDurant la nuit du 18 au 19 août, le groupe naval n°5 fait route par une nuit sans lune. Il est constitué :

- du SGB n°5 «Grew Owl» (petite canonnière à vapeur équipée d’un 77 mm) - de 23 LCP light «Eurekas» (petites péniches en bois sans blindage, transportant 18 à 20 commandos) - du ML 346 (vedette rapide avec un 40 mm et une mitrailleuse) - du LCF n°4 (barge de défense armée de 2 canons de 100 mm et d’artilleries anti-aériennes)

La canonnière SGB n°5 ouvre la route, suivie des 23 LCP "Eureka" répartis en cinq colonnes. Leur protection latérale est assurée par la vedette ML 346 et le LCF n°4

Dès 0 h 40, les radars britanniques ont bien détectés la présence d’un convoi allemand qui longe la côte en descendant vers Dieppe, mais, chose obscure, cette information n’est suivie d’aucune réaction ! Problèmes de transmissions, mauvaise interprétation des destroyers (qui n’assureront donc pas une protection du flanc), crainte d’éveiller l’attention des Allemands par une interception ? La consigne de silence radio n’arrange rien, le choc sera donc inévitable. 

Le convoi allemand est constitué de trois chalutiers armés (l’UJ 1404, UJ 1411 et un chasseur de mines) qui escortent cinq caboteurs dont un navire citerne. Ils sont partis d’Allemagne pour rejoindre Lorient et progressent la nuit en longeant le littoral pour éventuellement bénéficier des défenses côtières. La veille au soir, ils quittent Boulogne pour rallier Dieppe.

Soudain, à 3 h 47, une fusée éclairante illumine le groupe de débarquement. Découvrant la flottille arrivant sur son avant tribord, l’UJ 1411 ouvre le feu de toutes ses pièces. Eclairés comme en plein jour et sous les balles traçantes qui fusent, les commandos dans leurs frêles péniches se sentent bien vulnérables. Le SGB 5 augmente l’allure pour guider les "Eurekas" vers leurs plages respectives. Il devient alors la cible principale des tirs allemands. Rapidement, armement et radio sont hors d’usage, la chaudière est touchée et la moitié de l’équipage est blessé (il n’y aura cependant qu’une victime). Il rompt alors le combat à 4 h 07 et fait demi-tour. Au matin, des péniches le remorqueront jusqu’à Newhaven.

LCP à l'entrainement


C’est maintenant la pagaille, les petits LCP se dispersent en cherchant à fuir le combat. Certains, touchés, rebroussent chemin, d’autres coulent ! Tous les survivants précipités à l’eau dans la nuit noire n’auront pas la chance d’être récupérés par les bateaux alliés. Du haut des falaises, la garnison allemande pense assister à l’une des nombreuses escarmouches nocturnes que se livrent régulièrement les vedettes et elle n’intervient pas.

Les destroyers HMS Brocklesby (anglais) et ORP Slazak (polonais) remarquent aussi les éclairs du combat mais ils en sont à 8 km, trop loin pour intervenir. Sous les fusées et les obus éclairants, le LCF 1 et le ML 346 s’interposent aux chalutiers armés et ripostent avec vigueur en incendiant l’UJ 1404, dont le commandant sera tué. Les matelots allemands sont contraints d’abandonner le navire.

A 4 h 50, sur le LCF endommagé, la majeure partie de l’équipage, dont tous les officiers, sont tués ou blessés. Le navire met alors le cap sur Dieppe pour rejoindre le gros de la flotte. Seuls, sept "Eurekas" débarquent à l’heure et aux lieux prévus. La défense côtière en alerte les attend de pied ferme et ne leur permettra pas d’atteindre les batteries. Les commandos, durant leurs combats, observeront un peu plus loin la poursuite du ML 346 contre le «Franz» (le petit tanker) qui s’échouera en flammes à la côte. L’équipage de la vedette récupèrera même son pavillon en trophée. Apres une défense héroïque des commandos aux abords de la plage, certains réussiront à rembarquer, les autres survivants se rendront sous les honneurs des troupes allemandes.

 

LCP - IWM LCP (Source : © IWM A11231)

Un LCF - IWM Trophee de la Navy

   LCF (Source : © IWM FL5979)                                                                                                          (Source : © IWM)

Un groupe de 17 hommes ayant débarqué au pied d’une autre petite valleuse, en amont de Berneval, réussira à monter vers l’objectif. Ils harcèleront les servants de batteries durant 1 h 30 avec leurs armes légères et perturberont ainsi fortement le tir sur la flotte de débarquement à Dieppe. Bien que la batterie ne soit pas détruite, l’opération Flodden sera tout de même un semi-succès.

A 5 h 15, les destroyers arrivent sur les lieux. Le HMS Brocklesby (classe Hunt) bombardera l’UJ 1404 toujours en flammes et le coulera. Il repêchera 25 survivants allemands.


HMS Brocklesby

 

L’UJ 1411 en réchappera et son commandant sera félicité pour avoir coulé plusieurs embarcations. Nous n’avons guère trouvé d’informations sur le devenir du restant du convoi.

 

Prisonniers allemands (Source : © IWM)

 

 

 

UN RAPPORT BRITANNIQUE POUR MIEUX COMPRENDRE L'HISTOIRE DE L'UJ 1404 ET SON NAUFRAGE

 

 

Le Royaume-Uni a exploité un centre d'interrogatoire connue sous le nom "CSDIC" (Combined Services Détaillés centre d'interrogation) à Cock Fosters Camp, pour l'utilisation conjointe de la Royal Navy, la RAF et de l'Armée. Cet organisme examina de nombreuses opérations, actions, attaques qui se déroulèrent durant la Seconde Guerre mondiale. Parmi les rapports que le CSDIC a publiés, figure un document relativement détaillé à propos de la perte de l'UJ 1404 lors de l'opération Jubilee.

Vous trouverez ci-dessous une traduction de ce document qui aidera à la compréhension des évènements du contexte du naufrage de l'UJ 1404. Certains éléments de traduction restent parfois approximatifs ou imprécis.

Rapport du CSDIC perte de l'UJ1404

A lire pour mieux comprendre l'histoire de l'UJ1404

 



AMERS ET INFOS PLONGEE

Accès plongée : Le port de Dieppe paraît être le plus approprié à partir du moment où l'on possède une embarcation type "Zodiac".
Mise à l'eau à la "Carpente" à côté du Pollet (en respectant les habitants du quartier).

De nombreux clubs dieppois et rouennais "plongent" fréquemment cette épave, vous pouvez peut-être les contacter pour qu'ils vous emmènent sur ce site.

 

RECITS DE PLONGEE - IMPRESSIONS GENERALES


UJ1404c


Esquisse

Bien que cassée en morceaux, cette épave est facile à visiter par bonne visibilité. La partie arrière, plus importante, reste à privilégier car c’est sur cette zone que le plongeur aura le plus d'éléments à découvrir.

La chaudière et le moteur sont bien visibles. Ces deux éléments donneront au visiteur le sens de l’épave. Le secteur de barre remontant de la poupe laisse deviner, par la forme arrondie de l’arrière, que l’hélice n’est pas très loin.

Au sable, proches de l’épave, quelques grenades anti sous-marines éventrées gisent ici et là. Sur la partie bâbord on découvre une multitude d’objets usuels : morceaux d’assiettes, de verres, éléments de cuisine et carrelages se mélangent au sable dans une mosaïque aux couleurs chatoyantes.

La suite de l'exploration permet de découvrir ce qui subsiste d'un compartiment fermé sur lequel un treuil de charge, retourné, repose en équilibre instable.

Une large bande de sable "coquillier" sur 5 à 6 mètres laisse place à quelques débris de membrures. Ensuite, l'on trouve une partie de coque sur laquelle repose un canon de 88 mm tombé de son affût.

La proue se détache à son tour de cette partie de coque pour gîter sur bâbord et laisser entrevoir l’ancre tribord encore à poste.

Le tour complet se fait en une plongée. Plusieurs explorations sont nécessaires à qui veut découvrir en détails cette épave fort "sympathique" et non loin de Dieppe.

  

RECIT DE PLONGEE - DETAILS D'UNE EXPLORATION Par Jean-Luc Lemaire (2009)

Dessin de l'UJ1404 par Jean-Luc LEMAIRE UJ 1404 par Jean-Luc Lemaire

 

Couvercle de la La chaudière, inclinée sur bâbord, avec son vase d’expansion en forme de «cocotte-minute» (ci-contre, à gauche) est le point le plus haut de cette épave. Au pied de cette dernière se trouvent encore quelques «pelles», berceaux  porte-grenades, confirmant  que l’UJ 1404 était bien doté de mortiers latéraux.

Des grenades sous-marines, certaines en bon état, d’autres, dont on ne reconnait que le couvercle, gisent ça et là.

Derrière la chaudière, on peut voir le moteur triple expansion plus ou moins recouvert de poutrelles. Tout en longeant sur bâbord vers l’arrière, il est possible d’apercevoir la base de deux cumulus d’eau adossés à la coque, puis le fourneau et le grand évier rectangulaire de la cuisine. Secteur de barreSuit enfin des restants de carrelage d’une douche et son cabinet de toilette au lavabo à demi ensablé. Hélas, en 2011, rien de tout cela n’est plus aussi flagrant car l’endroit a été "chamboulé" par un engin de pêche.

Arrivant sur la poupe que le papillon du secteur de barre (ci-contre, à droite) survole toujours, le plongeur observera quelques grenades marquant l’emplacement des rampes de largages.

Contournons maintenant l’arrière pour passer côté tribord. Au sol,  il est possible de voir émerger, selon l’ensablement, le haut d’une pale de l’hélice émergeant. La partie tribord, qui était la plus haute, s’est couchée sur le sable. En dépassant la chaudière, nous trouvons les restes du château, effondré comme un jeu de cartes, que surmonte un treuil qui devait servir au tractage des paravanes.

 

 

Le treuil de pêche, de par sa fonction d’origine, se trouve juste devant le château. La chaine d’ancre (ci-dessous) est enroulée sur un  tambour, car le guindeau de proue a été supprimé pour laisser la place au canon de 88 mm.


Chaine d'ancre derrière les tacauds


L’épave, cassée devant le treuil et la proue, se trouve à quelques mètres en avant sur bâbord (si vous plongez l’UJ par faible visibilité, il vous Canon de 88 mmsuffira de continuer au sable dans le prolongement de la partie bâbord pour aboutir à celle-ci).

Des surbaux d’écoutille affleurent le sable entre les deux parties de l’épave. Puis, sur la gauche, apparait un refuge ou aiment se rassembler les tacauds. C’est une sorte d’abri de pont, datant sans doute de l’origine du navire, fait pour protéger les pêcheurs du gros temps. 

 

En l’ayant traversé,Munitions entassées sur votre droite on aperçoit un curieux tas de galets qui servait de lestage à l’avant (peut-être aussi pour mieux amortir le recul des coups du canon de  88 mm, voir ci-dessous) .Vous trouverez les obus de 88 mm alignés sur cette "butte", et encore rangés individuellement dans leur étui.

Enfin voici le flanc droit de la proue. Il est très incliné sur bâbord et son pont ainsi que son canon se sont effondrés avec l’usure du temps. 

Le canon est couché au sable, enchevêtré dans quelques restants de filets. L’écubier tribord est resté miraculeusement à sa place, quand à celui de bâbord, il traine au sable avec une bite d’amarrage. Il est temps de revenir vers le château. Tout de suite après le treuil de pêche s’ouvre devant nous un grand hublot qui donne sur une cavité sans intérêt, dans laquelle quelques beaux bars sédentaires se cachent. Au sable, à cet endroit, côté bâbord subsistent les éléments de timonerie et le pied de barre à peine reconnaissables.

 

 

 

GALERIE PHOTOS

 

L'UJ 1404 en quelques images

 

DEVOIR DE MEMOIRE ET PATRIMOINE

Tasse découverte par François MATHIEU Tasse découverte par François MATHIEU

Extrait de Paris Normandie



Toujours dans le cadre de l'opération Jubilee, le GRIEME, en accord avec le DRASSM, a souhaité remettre à l'association du 19 août 1942 de Dieppe, un objet trouvé sur le navire UJ 1404 (dénommé également Franken). Il s'agit d'une tasse estampillée de l'aigle à croix gammée.

C'est au cours d'une cérémonie, en présence de plusieurs personnalités officielles canadiennes et françaises, qu'Yvon CHARTIER et Dominique RESSE, au nom du DRASSM ont remis, l'objet en question qui a été "inventé" par François MATHIEU, également l'un des Présidents du GRIEME.

Le GRIEME remet un objet le GRIEME remet un objet Le GRIEME remet un l'objet

Tasse UJ1404 tASSE uj1404

Tasse offerte par le GRIEME à l'association Jubilee

Tasse offerte par le GRIEME à l'association Jubilee

Pn19082010

Extrait du site internet de la ville de Dieppe

 

IMAGES A PROPOS DU FRANKEN PRISES EN JANVIER 2021

A noter que la visibilité en Manche-Est est souvent très bonne l'hiver

 

 

 

 

QUELQUES REPERES BIBLIOGRAPHIQUES

Retrouvez  "l'U.J. 1404" dans "La Saga des Epaves de la Côte d'Albâtre tome 2"
éditée par le GRIEME, en vente par correspondance sur notre site internet.


Opération Jubilee - Dieppe 19 août 1942 de Claude-Paul COUTURE édité en 1969 chez France-Empire
Dieppe Opération Jubilee. Le sacrifice des canadiens de P.CHERON, T.CHION et O.RICHARD édité en 2002 chez Petit à Petit
Die Deutschen kreigsschiffe 1815 - 1945 de Erich GRONER édité en 1993 par Bernard & Graefe Verlag


Dieppe revisited

 

 



REMERCIEMENTS


René Tamarelle des Corsaires d’Ango
Amis de la section Histoires Maritimes du GCOB
Peter Pawlowski (pour ses traductions) et Alan Waite du GCOB
Impérial War Museum